Ici
Voici ma déposition :
la cinquantaine, père d’un enfant de six ans (vous ne le voyez pas),
mettant les mots en poèmes, aimé, haï (ne pas voir ça), de fait
une sorte de créature sauvage, ainsi :
coupures à l’âme, rébellion, lèvres
trop sensibles, tous mes yeux
(comme vous voyez), et effectivement
ce qu’un miroir trahit n’est pas plus profond que ce qu’il ne trahit pas,
ce qu’un miroir reflète – est une carte de l’Être à deux dimensions,
encadrant l’apparence du Recherché. Un seul portrait
jetant un coup d’œil sur l’instant depuis la foule de l’âme ;
et l’âme ?
Que puis-je vous en montrer
que vous ne sachiez déjà ? Voici
la tige de blé qui a grandi du néant,
voici
le couteau qui l’a séparée de l’Un.
Here
Here is my testimony:
about fifty, father to a six-year-old (you don’t see that),
making words into poetry, loved, hated (don’t see that), actually
a kind of wild creature, here:
soul cuts, rebellion, lips
too sensitive, all eyes
(as you see) and actually
what a mirror betrays is no deeper than what it doesn’t,
what a mirror mirrors – is a two-dimensional Being-card,
framing the appearance of the Wanted. One portrait
glancing into a moment from the crowd of the soul;
and the soul?
What can I show you about it
which you don’t already know? Here’s
the wheat-stalk which grew out of nothingness,
here
the knife that cut it from the One.