Il y eut
Depuis que tout a lieu
Un Voir prodigieux
Un Voir par où la Terre, n’ayant destin
Qu’en nous — myriade aveugle et sourde au nom d’humanité —
Ici et là enfin
En d’immenses éclaircies
Et par-dessus les lois comme est l’œil héliophile
Se découvre elle-même : vertigineuse
Et bleue
Fulgurance rapide
Parenthèse advenue au milieu du néant.
* * *
Poète celui-là
Qui devinait au fond du voyage de l’être
Ce désir de visions et d’illuminations
Moments fous de clarté au-dessus des cohues
Et qui sont les moments réveillés
De la Terre.
Moments combien ténus
Combien perdus d’avance
Mais dont nations et peuples ne furent que le détour.
Poète celui-là
Palette en main ou pas
Qui vécut des soleils hors de portée du verbe.
* * *
Poème :
Terre et ciel un moment découchés
Des civilisations.
* * *
Dans l’été
Saison libre
La page en embuscade
Je passais mes journées à guetter la marée infinie
Du soleil
Miracle toujours jeune
Mais dont le fil des jours nous détourne sans cesse.
Ma vie, trouée partout
Devenait extatique.
Voyance à perdre haleine
L’hier et l’aujourd’hui : tout en moi culminait.
Les mots mêmes qu’on crut d’un pays familier
J’en touchais par instants la folie.
* * *
Donner des yeux à la planète.
Même brièvement.