Christophe Pineau-Thierry, Nos matins intérieurs
Il y a quelque chose d'infiniment doux dans ces beaux poèmes d'enfance et de réflexion. La voix, toute simple, énumère les beautés des relations, les amours,ces matins victorieux des « croisements de lumière ».
Rien de faux dans ces textes où chaque mot porte la pierre d'une résolution car le poète sait où il va, sait ce qu'il pose comme petits murets éthiques.
vers la source de ton visage
dans ce ciel au loin réinventé...
prendre les chemins de l'écart
quand l'aube vient au monde...
sur cette terre invisible
le pardon des siècles
la mort des pierres grises
Christophe Pineau-Thierry, Nos matins intérieurs, éd. du Cygne, 2022, 58p., 10 euros.
Les textes – sensibles, calibrés, justes – parlent d'eux-mêmes : une fraternité nous hèle et les mots tissent « l'infini de nos paysages » pour « franchir l'instant ». Le poète, en des poèmes brefs, entre quatre et dix vers, jamais ne délaie sa matière ; il est visuel, attaché à décrire ; il est tactile, lié à nous faire partager une sensualité discrète (pas d'épanchement).
L'enfance est là, toute chaude et s'il parle parfois de naufrage, il sait aussi nommer les termes de l'amitié, de l'amour. Un « nous » rameute la beauté. J'aime beaucoup.
Le poète qui sait « éblouir les anges » a une voix intime, qui porte loin, intérieurement. Pas de mot claironné. Pas de lyrisme exacerbé. Le poète lâche ses « traces au regard de nacre ». On le remercie d'une telle justesse.