Poèmes extraits de La Creta Indocile (L’argile indocile),
choix et traduction par Marilyne Bertoncini
La speranza di settembre
Ora che sono finiti gli spunti antichi
e le idee adeguate annotate con cura
hanno ridisceso scale di ferro
senza ringhiera, ora che l’afa
lascia spazio alla sera, sarebbe tempo
di scrivere solo del tempo,
come un naufrago che si innamora
dell’acqua che lo strangola e si abbandona
a un abbraccio infinito.
Sarebbe tempo di percorrere le strade
dei perché lasciando a casa le borse
dei come, cercare una voce, una chiave
nelle ossa spezzate dei cani, nella carne
di ghignanti puttane. Sarebbe tempo,
se il tempo non fosse fragile, imperfetto,
regolato da cronografi tarati male, ancora
soggetti a salti e arresti, orgogli e terrori,
costretti a fare algebra dell’artimetica,
sbagliando i teoremi più elementari,
contenti, in fondo, di fallire gli schemi,
le basi, le proporzioni, felici
di sprecare un’altra estate fingendo di studiare
o lavorare, per poi tornare
al primo giorno di scuola, assetati,
immutabilmente, finché sussiste
la speranza
di settembre
Espérance de septembre
Désormais finis les antiques goûters
et les bonnes idées notées soigneusement
ils ont redescendu des échelles de fer
privées de rampe, maintenant que la canicule
laisse sa place au soir, il serait temps
de n’écrire qu’à propos du temps,
comme un naufragé qui s’éprend
de l’eau qui l’étrangle et s’abandonne
à une étreinte infinie.
Il serait temps de parcourir les rues
des pourquoi laissant à la maison les sacs
des comments, chercher une voix, une clé
dans les os brisés des chiens, dans les chairs
de putains ricanantes. Il serait temps,
si le temps n’était fragile, imparfait,
réglé par des chronographes mal calibrés, encore
sujets à des sauts, des arrêts, orgueils et terreurs,
contraints à faire de l’algèbre avec l’arithmétique,
mélangeant les théorèmes les plus élémentaires,
satisfaits, au fond, de rater les projets,
les bases, les proportions, heureux
de gâcher un autre été à feindre d’étudier
ou de travailler, pour retourner ensuite
au premier jour de classe, bien mis,
immuablement, tant que demeure
l’espérance
de septembre.
Il non amore
Forse proprio quando comprendi meno
scorgi una fessura, ed è consolazione
sapere che niente si apre, nessuno
squarcio di luce; di nuovo tace il corpo
e solo il tempo si muove assieme al sangue
intravisto in fotogrammi ingurgitati
assieme a un piatto di cibo che scordi
prima di averlo metabolizzato.
Tra foga e vomito, fame e apatia,
diventi silenzio che ti strozza senza rabbia,
passato che non sai scacciare.
E perdi il senso dello sguardo, la mano,
il sudore, la voce che si insinua nella gabbia
e la frantuma, bocca spalancata, schiuma
di folle che sa bene quanto sia amaro
il non amore.
Le désamour
Peut-être justement quand tu comprends le moins
surgit une fissure, c’est une consolation alors
de savoir que rien ne s’ouvre, aucun
rai de lumière: le corps de nouveau se taît
et seul le temps se meut avec le sang
entrevu dans des photogrammes avalés
avec un plat de nourriture que tu oublies
avant de l’avoir métabolisé.
Entre fougue et nausée, faim et apathie,
devenu silence qui t’étrangle sans colère,
passé que tu ne sais chasser.
Et tu perds le sens de la vue, la main,
la sueur, la voix qui s’insinue dans la cage
et la fracasse, bouche béante, écume
de folie qui sait combien amer
est le désamour.
Il grado zero
Arriva un momento in cui tutto ciò
che rimane è attesa, sospensione,
grado zero della vita. Diventa colpa,
allora, perfino muovere le dita goffe
della speranza, dirigere il cuore verso
l’idea di un cielo arioso, un morso
di pane, una briciola, un sorso residuo
di vino.
Ma più colpevole e più tenace è
l’udito, fisso sul legno della porta,
inchiodato, crocifisso, appeso
a un battito, un tocco ansioso,
incerto, furtivo: forse il tonfo,
l’incedere cieco del destino;
forse il calore, sincero, di una mano.
Le degré zéro
Il arrive un moment dans lequel tout ce qui
reste est attente, suspens,
degré zéro de la vie. Et devient une faute,
alors, même bouger les doigts maladroits
de l’espérance, diriger le coeur vers
l’idée d’un ciel dégagé, une bouchée
de pain, une miette, le reste d’une gorgée
de vin.
Mais plus coupable et plus tenace
l’ouïe, fixée au bois de la porte,
clouée, crucifiée, suspendue
à un battement, un coup anxieux,
incertain, furtif : peut-être le bruit sourd,
l’aveugle démarche du destin :
peut-être la chaleur, sincère, d’une main.
Un raggio più tenace
Perfino l’aria, elemento vitale,
si fa scommessa, rischio,
peccato mortale. È il giorno
dell’attesa, sospende il battito
tra attrazione e paura. Andare
alla finestra, alla luce del sole, dovrebbe
essere impulso, palpito delle vene.
È diventato dubbio, riflessione:
il bilancio del dare e dell’avere,
la distanza tra il divano e il davanzale.
Si siede la pena al mio fianco, ed è
gentile, quasi gioviale. Mi copre
con un abbozzo di abbraccio la vista
del vetro assolato. Resto seduto,
comodo, stordito. Il gelo nella carne
è carezza, la stanchezza è dolce:
sapere di non volersi muovere,
restare alla portata delle sue dita.
Ma c’è un raggio più tenace, diretto
da trame arcane di mura e rami.
Arriva a toccare la gamba, l’avvolge,
la scalda, la sfiora. Riesco ad alzarmi,
a camminare, verso i voli del cuore.
Un rayon plus tenace
Même l’air, élément vital,
devient pari, risque,
péché mortel. C’est le jour
de l’attente, suspendu le battement
entre attraction et crainte. Aller
à la fenêtre, à la lumière du soleil devrait
être impulsion, palpitation des veines.
C’est devenu doute, réflexion :
le bilan du donner et avoir,
la distance entre divan et fenêtre.
La douleur s’assied à mon côté, elle est
gentille, presque joviale. Elle me couvre
d’une ébauche d’étreinte la vue
du verre ensoleillé. Je reste assis,
à l’aise, étourdi. Le gel dans ma chair
est caresse, la fatigue est douce :
savoir qu’on ne veut pas bouger,
rester à la portée de ses doigts.
Mais il y a un rayon plus tenace, venu
de trames archaïques de murs et de rameaux.
Il parvient à toucher la jambe, l’entoure,
la chauffe, l’effleure. Je parviens à me lever,
à marcher, vers les envols du coeur.
Folli e strani castori
Facendo due rapidi conti, se diamo
al cupo albergatore tutto il denaro
messo da parte per l’affitto mensile
della casa oggi lontana, e gli consegniamo
con gesto ilare e breve le nostre carte
di credito legate a conti correnti
già quasi sfiatati, potremmo restare
qui, sulle sponde di questo lago
incantevole e sperduto, per un totale
di giorni ventidue, stanza con balcone,
colazione e vista compresi nel prezzo.
Staremmo qui, abbracciati nel letto,
guardando il sole e il cielo, il mistero
che si insegue sfiorando il verde del bosco
e l’azzurro dell’acqua. Saremmo nuvole,
e coglieremmo forse in un istante
il codice del vento, la corrente che ferisce
e sostiene, l’aria muta che osserva e passa,
come un alito, un brivido, la vita.
L’ultimo giorno scivoleremmo silenziosi,
ancora abbracciati, dal fresco della camera
al profondo del lago. Solo un rapace ci vedrebbe,
e capirebbe il senso, il cammino, o forse
ci scambierebbe per folli e strani castori,
prima di virare, indifferente, verso
il suo tratto libero di cielo.
Castors étranges et fous
Faisons deux comptes rapides, si on donne
à l’aubergiste sombre tout l’argent
mis de côté pour le loyer mensuel
de la maison lointaine aujourd’hui, si on lui donne
d’un geste hilare et bref nos cartes
de crédit liées à des comptes courants
déjà presque épuisés, on pourrait rester
ici, sur les rives de ce lac
enchanteur et perdu, pour un total
de vingt-deux jours, chambre avec balcon,
collation et repas compris dans le forfait.
On resterait ici, embrassés dans le lit,
à regarder le soleil et le ciel, le mystère
qu’on poursuit effleurant le vert du bois
et l’azur de l’eau. On serait nuage,
et on saisirait peut-être en un instant
le code du vent, le courant qui blesse
et soutien, l’air muet qui observe et passe,
comme un souffle, un frisson, la vie.
Le dernier jour on glisserait silencieux,
toujours embrassés, de la fraîche chambre
au profond du lac. Seul un rapace nous verrait,
et comprendrait le sens, le cheminement, ou bien
nous prendrait pour des castors étranges et fous,
avant de virer, indifférent, vers
le bout de ciel où il est libre et seul.
Un altro giorno
Ti amo quando sei semplice,
quando ti sai stupire per il sorriso
di un gatto, il riflesso di un raggio
di sole, un colore, le luci di Natale,
tutto ciò che io non so e non voglio
vedere. Perso nella mia ragione, resto
a bocca aperta ogni volta che il tuo sguardo
arriva là dove mai sarei potuto entrare,
senza di te, senza gli occhi e le mani
di una donna che ha la mia stessa età
e sa ancora essere bambina, sognando
i Re Magi e la Befana, la neve e il sole,
la stella e una fiaba di mille notti
indiane strette in un abbraccio senza fine.
Una bambina che al momento giusto
sa darmi lezioni di saggezza e di filosofia,
quando mi getto ad occhi chiusi tra i sassi
di un pensiero senza linfa. E non c’è
stella cometa che mi possa salvare
o indicare la strada. Solo il tuo corpo,
le tue dita, il tuo sguardo d’amore
che chiede al giorno solo un altro giorno,
e alla vita la nostra stessa vita.
Un autre jour
Je t’aime quand tu es simple
quand tu sais t’émerveiller du sourire
d’un chat, du reflet d’un rayon
de soleil, d’un couleur, des lumières de Noël,
de tout ce que je ne sais ni ne veux
voir. Perdu dans mes pensées raisonnables, je reste
bouche-bée chaque fois que ton regard
arrive là où jamais je n’aurais pu entrer,
sans toi, sans les yeux et les mains
d’une femme qui a mon âge
et sait encore être une enfant, rêvant
des Rois-Mages et de la Befana, la neige et le soleil,
l’étoile et une fable des mille et une nuits
indiennes serrées dans une étreinte infinie.
Une enfant qui au bon moment
sait me donner des leçons de sagesse et de philosophie,
quand je me jette aveuglément entre les cailloux
d’une pensée dépourvue de sève. Et il n’est
étoile comète qui me puisse sauver
ou indiquer la route. Seul ton corps,
tes doigts, ton regard amoureux
qui demande au jour seulement un autre jour,
et à la vie seulement notre vie.
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