Dès le premier poème de ce recueil, l’univers intime du poète s’offre aux lecteurs ; la communion avec les éléments de la nature : l’arbre, l’oiseau, mais aussi la nuit qui est une porte ouverte sur le monde des songes et un temps plus propice aux prières. Ce poème en ouverture du recueil, est une réflexion sur la vie et la mort. La figure d’un « Lazare ébloui » qui apparaît dans le deuxième poème est emblématique de cette espérance voire de cette expérience quand la vie transcende toute mort.
Pour Jacques Robinet, la nuit n’est jamais obscure et le silence toujours habité par cette présence invisible qui habite sa vie et sa poésie.
En ce recueil aussi, une réflexion sur la parole et la création poétique qui est verbe de vie. Le poète se confie à la feuille blanche et alors : « le silence / se prépare à chanter », il sait se mettre à l’écoute du moindre souffle, du moindre signe, il sait aussi relever « les signes éparpillés » et recoller « les tessons de la cruche brisée. »
Jacques Robinet se met à l’écoute de ce qu’il est de ce qu’il fut car « rien ne s’égare » quand on a « la certitude d’avoir aimé », quand on sait avoir été « l’enfant/ qui confondait anges et lumière ( qui avait ) consenti aux caprices du ciel/ sans craindre ses outrances/ (avait) écouté sans (se) lasser/ les échanges du vent des arbres… ».
Alors…on peut le temps venu, le temps vécu, accepter « sans trop de crainte d’entrer dans ton silence. », d’entrer ébloui dans le grand SILENCE.
Jacques Robinet, ce qui insiste, Cahiers du Loup Bleu, Les Lieux-dits, 2022, 52 p., 7€.
La nuit est encore là
Nul oiseau ne chante
J’ouvre la fenêtre
laisse entrer l’air frais
son parfum d’arbres
secoués par le vent
C’est l’heure où les morts
plient bagage sans laisser
de traces sur la rosée
Le silence répand
ses prières et ses songes
Sur cette frange indécise
où tout s’inscrit
où tout s’efface
la joie timidement s’invite
( p.5 )
Présentation de l’auteur
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