Il faut se laisser faire, se laisser ployer par le vent, être souple comme la liane, dressé haut tels ces arbres millénaires.
Il suffit de cela : un trait de lumière captée par l’océan, l’embrasement des arbres dans le feu du vent.
Beauté du presque rien, une clarté entre deux battements de cil, une oasis de joie transparente.
Entends-tu ce cri, c’est la beauté d’un oiseau devenu lumière.
Je tremble d’être venue là, dans l’été de ma vie, toute jeune et âgée, lumineuse d’être lumière dans l’ascension du jour.
Tu es là, paumes ouvertes, mon regard sourit de te voir à la même source.
L’oiseau appelle, de feu et de joie comme dans un jour unique.
Le regard lavé par les saisons, la douleur descendue au profond, je me lève maintenant pour entendre ce simple chant.
Nous avons le langage de ceux qui sont descendus dans la nuit. Nommer le jour, le saluer, le prier.
Voici qu’une pluie fine parsème le feuillage. Que nous est-il demandé, sinon de nous rassembler, d’acquiescer, de faire accueil à l’immense ?
Tu me tends un coquillage, ta main vient jusqu’à moi à travers la lumière.
Aimer : effleurer la peau, la paupière, poser un regard qui fait naître la lumière.
Je le sais, je serai toujours pétrie d’abîme. Mais que vienne une voix, qu’une branche d’univers ouvre sa corolle à mes yeux, et je saurai me redresser.
Regarde, certains hommes chantent, dirait-on, élancés dans la lumière, leur chant tel l’oiseau ivre dans l’aube.
A ceux qui savent chanter la mort est-elle douce, peut-être, comme une craie qui s’efface.
Odeur d’huile et de sel dans la palmeraie, la beauté distillée en notes savantes, accordées à l’attente.
Il s’agit – nous l’oublions – d’une fête, les arbres tout le jour la célèbrent dans le balancement de leur tige.
Cependant ce monde : guerres, viols, pillages. A tout jamais l’insulte à la lumière.
Le poème serait-il un refuge ? — Il est l’autre face du visage, la prière de l’homme pour poser une stèle d’absolu.