sept poèmes pour Jean-Luc Wauthier
présence d’une rose imbrûlée
d’une herbe immédiate
au pied d’un mur.*
Nul témoin
pour répondre du trop de pureté
et de la souveraineté du vide.
Seule restera la trace du silence
sous un monticule de cendre
*(herbe immédiate au pied du mur
Fernand Verhesen)
*
rien n’a jamais existé
même pas le sentiment
d’avoir vécu
même pas les choses
que nous appelons l’ombre
des roses dont l’ombre
est parfaite obscurité
*
au pied du mur, l’être
proche du basculement
dans le vide
et une rose dormante
se prêtent au jeu
d’avoir vécu avant de naître
*
le bruit des ustensiles de cuisine
n’abolit en rien
le vide sonore des roses
laissées pour mortes
au pied du mur peint par Tàpies.
Elles resteront notre substance souveraine
*
construction d’une cabane
fermée aux secousses
silencieuses
doublement fermées
elles restent ouvertes
au devenir poussière*
des roses et de Lysanxia**
(* Pour un René Char, d’André Gallet
** Eloge d’une soupçonnée, de René Char)
*
vivre dans le temps
sans trahir le feu des hérétiques
répètent les vides rosés
et les roses vidées
à l’approche de la mort légère.
Voilà le seul projet
Privé d’itinéraire
(le chant des errants)
*
déployer le sens de l’inaccessible
ouvert
des choses fermées
et
ne plus voir
que l’œil ouvert
sur l’instant ultime
***
Note de l’auteur
Je cherche la rose du temps est un projet poétique pour aujourd’hui et pour les temps à venir. Après la publication de Roses incréées, de Roses improbables, les présents poèmes inédits sont extraits du manuscrit Roses imbrûlées.
Les roses incréées, improbables et imbrûlées sont des roses imaginaires, plus vraies, plus étranges, plus présentes que les réelles.