traduction Marilyne Bertoncini
JE VOIS MA MERE EN POISSON
I — Je vois ma mère en Poisson
Je traîne vers ma mère un lourd seau de sable,
du sable humide et granuleux comme du sucre dans un sucrier,
pour enterrer son vieux corps aigre. Je lui offre un autre seau
qui contient l’eau saumâtre d’un vert brun :
une cascade d’écailles de poissons, un linceul de jade chinois,
pour qu’elle ait l’enterrement d’une sirène.
II – Je vois ma mère perdre ses Jambes de Mer
Une persistante pensée de mort attire ses yeux
vers le niveau à bulle de l’horizon marin.
Elle crie de peur de tomber à la renverse
en dehors des limites du monde.
III – Je vois l’Esprit de Ma Mère en huître de papier
qui, une fois mis dans un verre d’eau,
ne se dissout pas mais fait surgir
un varech de fleurs en papier.
*
SEE MY MOTHER AS A FISH
I. See My Mother as a Fish
I lug to my mother a heavy pail of sand,
gritty and sticky sand like sugar in a sugar bowl,
to bury her old sour body. I offer her another bucket
that holds the green-brown salt water:
a cascade of fish scales, a Chinese jade grave suit,
so that she will have a mermaid’s burial.
II. I See My Mother Lose Her Sea Legs
A persistent thought of death draws her eyes
to the spirit level of the sea’s horizon.
She cries out in the terror of falling backwards
off the edge of the world.
III. I See My Mother’s Mind as a Paper Oyster
which, when you put it into a glass of water,
does not dissolve but sends up
a sea wrack of paper flowers.
*