Jean-Albert Guénégan, Je ne peux pas dire qu’ici
Je ne peux pas dire qu’ici
la vie batte son plein.
Le long des chemins boueux et trempés
par la bohème des nuages
un arc-en-ciel s’est tellement rêvé
qu’il s’en est costumé.
Cragou crépusculaire encore
enterré sous ses initiales,
échoué sur le hameau du Bouillard.
Dans mes yeux jardinent les saisons
l’automne twiste son ciel d’octobre
mais au lever du jour, les songes
ont-ils la fièvre d’un matin neuf ?
Plage de landes où caracolent et chancellent
les vents, les chênes couinent comme
le cri d’un nouveau-né.
Ce pays a l’air miséreux.
Les portes et fenêtres
d’une maison abandonnée
cicatrisent mal du froid
du vent et du temps passé.
Pas de vie ni décorum
la jeunesse et la vieillesse en deuil
ne se recherchent pas
l’esprit de famille ne souffle plus.
Un chien et un chat noir s’épient
comme s’il y avait encore un plaisir
sur lequel s’émouvoir.