C’est un livre rigoureuse­ment con­stru­it que celui de Jean-Bap­tiste Cabaud. Fleurs alterne poèmes ver­ti­caux et pros­es avant de ter­min­er par des poèmes, tou­jours en vers libres, ver­ti­caux sauf le sec­ond. À not­er qu’un sec­ond ensem­ble com­plète l’ou­vrage, inti­t­ulé Baby Fleur il exploite tou­jours la même veine, celle des fleurs qui, tra­di­tion­nelle ‑pour ne pas dire éculée- en poésie est pro­fondé­ment renou­velée tant dans l’ap­proche que dans le matéri­au lin­guis­tique brassé. Cabaud a une vision atyp­ique du recueil…

    Mais je suis “gêné” par ces poèmes ver­ti­caux où le vers se réduit par­fois à un mot, quand ce n’est pas le poème… J’ai beau avoir lu des cen­taines de pages sur les nou­velles formes poé­tiques, j’ai beau avoir lu l’en­tre­tien que l’au­teur a accordé à Thier­ry Renard et qui est pub­lié en fin de vol­ume. Je ne suis pas con­va­in­cu. Certes Jean-Bap­tiste Cabaud déclare qu’il aime essay­er de ne pas refaire ce qu’il a déjà vu ou lu ailleurs. “Écrire pour écrire ne suf­fit pas et n’est cer­taine­ment pas une fin en soi. Il me sem­ble que l’écri­t­ure poé­tique doit com­bin­er une forme forte et un fond fort qui doivent fonc­tion­ner en adéqua­tion” ajoute-t-il…  Certes ! Mais c’est oubli­er le lecteur. Je ne dis pas qu’il faille à tout prix servir la soupe que le lecteur demande ; mais, qui est-il, ce lecteur ? Mais encore faut-il avoir une idée pré­cise, quand on écrit, de celui à qui l’on s’adresse. Vis­i­ble­ment, je ne suis pas dans la cible visée par Cabaud. C’est dom­mage, car sa façon de revis­iter par le biais du poème l’his­toire d’amour qui donne nais­sance, par ailleurs, à tant de vers con­venus, m’intéressait.

    Je sais bien que le poème imprimé n’est, par­fois, que la par­ti­tion qui attend la mise en voix… Je me sou­viens d’avoir lu Octo­gone de Jacques Roubaud qui m’avait plu par sa recherche formelle. Et puis, je ne peux que me sen­tir proche de quelqu’un qui avoue appréci­er Léo Fer­ré, Philippe Léo­tard, Les Chroniques mar­ti­ennes, Dune, Charles Juli­et, Jean Genet (je cite en vrac)… Mais ici, je reste sur le bas-côté…

 

 

 

 

 

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Lucien Wasselin

Il a pub­lié une ving­taine de livres (de poésie surtout) dont la moitié en livres d’artistes ou à tirage lim­ité. Présent dans plusieurs antholo­gies, il a été traduit en alle­mand et col­la­bore régulière­ment à plusieurs péri­odiques. Il est mem­bre du comité de rédac­tion de la revue de la Société des Amis de Louis Aragon et Elsa Tri­o­let, Faîtes Entr­er L’In­fi­ni, dans laque­lle il a pub­lié plusieurs arti­cles et études con­sacrés à Aragon. A sig­naler son livre écrit en col­lab­o­ra­tion avec Marie Léger, Aragon au Pays des Mines (suivi de 18 arti­cles retrou­vés d’Aragon), au Temps des Ceris­es en 2007. Il est aus­si l’au­teur d’un Ate­lier du Poème : Aragon/La fin et la forme, Recours au Poème éditeurs.