Jean-Marc Sourdillon, Au commencement
Au commencement
est l’écoulement de l’eau,
l’origine des bruits.
Puis, c’est le pépiement des oiseaux,
le passage du train, le roulement
des voitures.
Tard, bien tard, vient la voix humaine
avec en elle quelque chose
d’enfant encore qui traîne.
Longtemps après, quand le soleil est vers midi,
les mots durs, dans leur découpe sombre
deviennent audibles, avec une voix grave
pour les dire ou le long silence
pour les écrire.
Mais c’est tard. Impossible d’oublier
d’où ils viennent :
ce tremblement clair, dans la gorge, de l’eau,
ces hésitations
ces bégaiements.
Balbuciendo, alors,
tous, même les plus fiers,
balbuciendo, oui balbuciendo
et peut-être même pour quelques-uns,
les meilleurs,
sanglot. Absolument.
Les Miens de personne, La Dame d’onze heures (2010)