Jean-Marc Sourdillon, Ciel de mars
On est devant ce ciel de mars
comme au pied d’un escalier gigantesque,
d’une terrasse,
et si d’une main nerveuse l’on arrache
la mauvaise herbe, si l’on arrange les fleurs
c’est qu’obscurément on cherche un prétexte
ou un masque
comme si, devant lui, on ne pouvait pas
ne pas s’agenouiller, comme si l’on ne
pouvait pas ne pas accomplir le geste
qu’autrefois dans les rituels on faisait
pour prier,
comme s’il fallait, c’est presque une obligation,
s’abaisser
pour le sentir au-dessus de soi
exister.
Et puis ces fleurs dans le jardin, ces voix,
c’est comme si subitement, surgie d’on ne sait où,
tu me prenais la main et me disais : allez, lève-toi,
viens.
Dix secondes tigre, L’Arrière-pays (2011)