Ce pourrait être la nuit
Ce pourrait être la nuit
Comme devant la mer
L’espace à l’infini
Et le profond du vent
Un murmure qui fait
Se briser dans l’écume
La blanche insignifiance
Échelle de l’instant
Je veux te dire
Et déjà sur le sable
Un désert de soleil
Dénude la lumière
Le vent serpente
Entre les herbes
Et je contemple le silence
Du ciel et de la mer.
C’est ainsi qu’on regarde
Et c’est ainsi qu’on goûte
Car on ne sait jamais
Si l’on avance ou si
Le ciel descend sur le sommeil
Sur le versant d’ici.
Et ce regard
Qui élague le temps
Éclaire-t-il ce qu’il voit
Ou voit-il ce qu’il tue ?
On ne sait de quel œil
Il retient l’élégance ?
De quelle étoile il se souvient ?
On ne sait s’il sonde l’invisible
Ou s’il reste accroché aux faïences du jour
Aux failles dans ce maintenant.
C’est l’aujourd’hui
Qui se repose
Et te fait don
De sa beauté.
Dans l’attendre l’on peut
Passer le clair du temps
Pour autant que le temps
Ne presse pas nos yeux
De son âme à tous vents.
Dans l’attendre s’éclipsent
les saisons du sommeil
Comme entre deux feuillets
Où l’on a pour penser
Placer le marque-page
D’un silence léger
Et refermé le livre
Avant que ne s’épuise le printemps.
C’est dans l’attendre que j’ai vu
le ciel comme tombé
de la charrette de la nuit.