Jean-Pierre Boulic, Enraciné

Le titre sonne comme un défi dans une société dite fluide.  Avec ce nouveau livre, Jean-Pierre Boulic partage la lumière qui l’habite.

Quand « Ton pas s’est arrêté / Au bord de ce banc » c’est à cet instant que « La vie balbutie », que le signe devient sens. Enracinement plus dans le temps que dans le lieu, de l’ordre de la veille, titre éponyme de la première partie. La veille permet d’entendre quand tout se tait, de voir dans la nuit. La veille permet d’atteindre le cœur du vivant, soit « les profondes entrailles du cœur intime », c’est-à-dire de s’ouvrir à la compassion, ainsi
ces lignes aux accents baudelairiens : « Tu le crois volontiers / Égaré / L’oiseau chu // La blessure saigne / A son côté // Transpercé. »

Enracinement dans le temps donc puisqu’à la « Veille » succède le « Matin » puis la « Fête à venir ». Le matin est ce temps neuf qui laisse « voir les événements / sous le voile de leur mystère », épiphanie par excellence. La tendresse en ses multiples occurrences révèle l’auteur en amoureux ébloui de la Création dans ses multiples manifestations - nuages, pommiers, mésanges, ruisseaux, graminées - : « Le cœur se glisse tout bas / Entre deux lignes bleues »,
« Merveille d’être créé / Et sans cesse de le dire. »

Comme « L’oiseau entend le soir / Lesté de couleurs », Jean-Pierre Boulic nous donne à entendre une symphonie de couleurs, à voir une palette de sons et de soies en un festival kinesthésique : « Les couleurs s’harmonisent / mettant l’âme en musique ». Avec « Hymne », l’auteur invite à prendre la mesure de l’homme face à « la démesure de l’océan » quand « Le ciel tendresse et miséricorde / Est au for intérieur ».

Jean-Pierre Boulic, Enraciné, La Part commune, 14 euros.

Et si « Vivre c’est partager la lumière » abordons une « Nouvelle genèse » car « c’est bel et bon ». Oui, le partage est bel et bon, celui de la beauté, celui de la parole, celui du cœur.

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