Gadoues
Parlons de la pureté des gadoues, des rêves en flaques, ces ocres irisés aspirés des semelles.
Chaque fois un bruit de succion emporte un peu de terre qui dit qu’on avance. Les pas jouent à imiter un dernier
souffle.
Oui, un pied peut pleurer quand il porte un corps dont il ne veut pas.
Hors
A toujours prendre l’autre chemin
Marcher en boitant tout droit
Pleurer à pauvres larmes
Je sais que j’ai raison de me tromper
Je te méconnais par cœur
Jardin de plomb
Dans le jardin obscurci
La presque nuit du jour
Reçoit l’entaille
La diagonale apurée
Un éclair boutant l’ombre
Qui donne à espérer la paix.
L’île-vent
C’est une île drapée de vent. Encombrée de vols calligraphes, d’azur plombé.
Vienne une tempête et c’est le phare qui semble écrire. S’écrasent alors des mots intranquilles claquant comme
des injures. Leurs lambeaux crochent la rocaille, qui ne bouge pas. Le sel brille comme une armée, il faut rire de
sa blancheur noire.
Elle ronge, mais la plaie a du goût.
Au milieu, la mémoire enfoncée des pierres ne compte pas de rêves.
Nous sommes faits d’un sable dont les grains ne savent pas pleurer.
Silence contre
L’éternité aboie depuis le seuil
Je n’ai que du silence à lui opposer
Ce serait cela, l’humain
Une brièveté craintive
Le sourire sourd, envers et contre
Le chien lâché
Pisseux d’attente
La porte trop légère
Qui me protège des crocs
Mais le sang bourdonne
De la terre-abeille
Les rêves à mes narines
Se rêvent encore plus loin car il se tient au cœur du monstre
Un semblant de pitié
L’éternité aboie depuis le seuil
Se tient droit
Mon silence contre.