Joep Polderman, Passages , extraits
1.
je recule
devant l’immense
image d’espace
parfois il manque
à mon regard
moi-même
de même que la forme
et la couleur du hasard
de ce qui m’environne
et je sais que je ne pourrais jamais accueillir en moi
qu’un quart ou moins
mais un quart
d’espace
c’est déjà la silhouette
déracinée des pieds
jusqu’à la tête
une fleur cueillie dans le temps
qui s’efface
c’est déjà un filament
l’étincelle allumée
par mon désir – du bûcher présent
les amours
soufflées. perdues.
un à un passé
sous mes pieds
la terre tremble
rugit sans traces
la mémoire les efface
jusqu’à la pâleur des pierres
je pleure je souris
c’est comme ça.
tout le monde part
dehors
même la vie
dedans
fuit
le temps passe
sans traces
que nous
devant l’immense
bouche béante
autour du nœud
« moi »
tout se détache
même la peau se relâche
et les nerfs se délient
« je » fuis
mon corps
un poids parmi tant d’autres
dans cet espace-là
présentement
mon corps presse contre les herbes vertes à Montsouris
sur une colline
le bleu du ciel est partout je dirais
les herbes vertes pressent contre mon corps à Montsouris
dans une vallée
partout brille le bleu du ciel je dirais
une impression condensée
nous submerge
elle à mes côtés
ou moi en corps
à côté d’elle
on meut en réalité
tout ce qui est présent
rythmé
aux accents
d'une surfaces et de secondes
accidentels – on respire
quel soulagement de le ressentir – on vit
encore en corps
la pelouse pulse fort
le souffle silencieux
centrifuge l’univers dans ses yeux
/ j’attends en mouvement
que l’étincelle du silex
révèle la motion des cieux