Judith Rodriguez, Extases /Ecstasies (extrait)

traduction de Marilyne Bertoncini

reflection

 

A glass so clean it shines.

The base hives light.

Glassily, there I am

half out of water, half in,

sodden short-tails bellying

and ribs rimmed with wet.

 

©Judith Rodriguez, The-cup-at-David's-1977

 

réflexion

 

Un verre si pur qu'il brille.

Le pied diffuse la lumière.

Vitreusement je suis là

moitié hors de l'eau, moitié dedans,

les basques trempées toute renflées

un ourlé  humide sur les côtes.

 

 bird life

 

In another life

I shall return as a bird

in a part of the wood so deep

I shall see no human

except when a girl

wanders there forlorn

and lost till I sing her home

to her little sister.

 

Vie d'oiseau

 

Dans une autre vie

je reviendrai en oiseau

dans un bois si profond

que je ne verrai pas d'humains

sauf quand une jeune fille

s'y enfoncera  délaissée

et perdue et mon chant l’accompagnera

vers sa demeure et sa petite soeur

 

 

 I am held up

 

I am held up in the arms

of all my friends, held up

by the Indian taxi-drivers’

tales of family and home,

by the smiling sellers of food,

by bright eyes suddenly remet

at encounters. Held up, I am held.

©Judith Rodriguez, Hand Circle, 1978

 

Je suis soutenue

 

Je suis retenue par les bras

de tous mes amis, retenue

par les histoires de famille

et de maison des taxis indiens,

par les souriants vendeurs de nourriture

par des yeux brillants soudain revus

à des rencontres. Retenue, je suis tenue.

 

dog alive

 

And I marvel at the dog Ashur,

his coursing the lawns and his rolling

crashing through ferns, his flattening,

his hasty way past mounds,

his paws on my shoulders.

 

chien vivant

 

Et je m'émerveille du chien Ashur,

ses courses sur les pelouses ses rouler-

bouler à travers les fougères, sa façon de

s'aplatir, d'accélérer devant un tertre,

ses pattes sur mes épaules

 

wind-change

 

Under the young sky

poplars glitter

the pond’s jets waver

shaken in morning airs

and fling out silver.

An oak pours wind.

 

Till round the walk

eddying from their game

up a beach of lawn

come three with racquets

headed for deck-chairs

and the still end of day.

©Judith Rodriguez, Old-playground,-El-Bosque,-Armenia-1975

 

le vent change

 

Sous le jeune ciel

les peupliers scintillent

les jets de la mare tremblotent

secoués dans l'air matinal

et font jaillir l'argent.

Un chêne verse du vent.

 

Jusqu'à ce qu'au détour de l'allée

sorties en trombe de leur jeu

sur un coin de pelouse

arrivent ces trois avec leurs raquettes

qui se dirigent vers les transats

et la douce fin du jour.