La dernière oeuvre de Phidias, Les noms d’Isis (extraits)

 

 

LA DERNIERE OEUVRE DE PHIDIAS (extrait)

 

 

 

Phi-dias

 

Dans l'îlot clair découpé par la lampe

au creux de la ténèbre où ma pensée te cherche

Je trace       la caresse

de ton nom

 

Ombre face à la mer

chaque fois que je t'aperçois

dans le ciel palpitant

tu es le cœur d'une rose immense

qui s'abreuve dans l'eau

puis s'engloutit

 

Les ombres s'allongent et la sourde rumeur

des vagues

ronflant comme à l'oreille émerveillée

contre la bouche de porcelaine

marine

est résonnante tempête au creux

de ma tête

 

Puis un vacarme de sonnailles

les aigus cris des pâtres

      oiseaux ébouriffés

s'envolant en rires d'hirondelles

par-dessus le sec martèlement

des cailloux       du chemin

 

A l'heure où rentrent les troupeaux

Phidias

Tu es cette ombre immense

qui submerge le ciel

puis la mer

et mon âme

 

 

 

#

 

 

Phi-dias! Phi-dias!

 

Chantante et pure et claire

la voix d'un enfant s'élève dans le soir

 

et les deux syllabes de ton nom s'élancent  -

glissement de plumes semblable aux ondes

en surface des eaux

que cingle la mouette en son vol prédateur.

 

Phi-dias! Phi-dias!

 

Au fil de la voix qui chantonne

enfin tu t'es pris

et lent        lentement        tu remontes

de l'ombre       de la mer

vers la maison

 

 

 

#

 

 

 

Phidias

 

Te prendras-tu au piège

des signes que je trace

mailles d'encre tissées à l'heure où je

disparais

hantée de choses indistinctes

qui s'entremêlent      se confondent

- diaphanes et poreuses

avant d'absorber les marges

de la nuit

qui peu à peu             les alourdit

et ferme       sa paupière

 

 

 

#

 

 

 

LES NOMS D'ISIS (extrait)

 

Dans les limbes du temps

suivant

le vain et fluvial ondoiement

du Nil

elle cherchait

sparsiles graines étoilées dans le chaos des mondes

ses membres

dispersés

 

*

 

Au limon où vacantes

les formes s'anihilent

elle inventa alors

ce qui manquait au nom

 

O

siris

 

la ronde outre d'où croît

filial et coalescent

le grêle iris

 

ou

 

Rien

 

signe à l'état pur

 

Abîme

sans principe ni fin

miroir au fond duquel

 

oiseau-pélerin

 

tu comprends que ce nom

était déjà

 

le Tien

 

 

 

*