La Hussarde

 

 

J’ai gagné la hauteur des toits pour entendre votre rumeur, comme on respire une fleur. Dans la rue je sens bruire les étoffes de votre élégant manteau et la fumée de votre cigarette dessine des rubans blancs. Immobile, l’esprit frivole, je croise mes souliers de satin devant le ciel de craie bleu sombre.

Les façades accueillent votre ombre qui glisse et s’interrompt à chacune des fenêtres. J’écorche mes bras aux tuiles rouges. Les poussières dans le soleil constellent et encadrent votre pas. Des petits points de lumière clignotent.

Par une grande et lourde porte de bois, vous entrez, troublant le récit de mon histoire. De ma hauteur, vous avez disparu.

Une raie d’or soudain redécoupe votre visage. Un chandelier à trois branches déroule le nouveau décor. Les parfums des tapisseries s’agrafent à mes narines .

Au-delà de la longue toiture, vous embrassez tout l’espace. A votre table, dans le tremblement des trois flammes, vous écrivez. La musique m’arrive cassée, en valses saisies par le froid.

J’emploie mon ivresse à vous lire. Cachée sous le grand capuchon, vous m’emportez dans la bourrasque de la bruine glacée. De la hauteur des toits, j’ai reconnu votre parole.