L’his­toire du génie humain, quelle que soit la forme par laque­lle celui-ci s’ex­prime, est l’his­toire de ses ful­gu­rances. On n’y entre pas, comme lecteur ou con­tem­pla­teur, comme on le ferait pour la banale créa­tion d’un « faiseur ». Cela demande du souf­fle, l’en­durance de l’ef­fort et le risque de s’y per­dre – pour en sor­tir méta­mor­phosé. Quiconque a réelle­ment affron­té Dante, Lautréa­mont, Proust ou Artaud com­prend ce que sig­ni­fie plonger dans une œuvre aux pro­fondeurs abyssales. Il faut dès lors faire nôtre cette injonc­tion que le pro­fesseur Liden­brock lance à son neveu, dans le Voy­age au cen­tre de la Terre 1 : « Regarde, me dit-il, et regarde bien ! Il faut pren­dre des leçons d’abîme ! ».

Nul d’en­tre nous, se sou­venant de sa pre­mière entrée dans La Divine Comédie ou La Recherche du temps per­du, n’ou­bliera sa « pre­mière leçon de ver­tige… 2 »

Si la valeur d’un indi­vidu se mesure non à ce qu’il méprise, mais à sa capac­ité à admir­er les mer­veilles de l’en­ten­de­ment humain, il nous sera don­né d’être engloutis par la puis­sance de ces grands intem­porels – engloutisse­ment qui n’a rien que de lumineux tant nous en sor­tons trans­fig­urés. La puis­sance de ces génies est de don­ner à l’âme l’élar­gisse­ment illim­ité d’une illumination.

Mais que le lecteur ne se méprenne pas : en aucune façon les lignes qui suiv­ront n’au­ront la moin­dre lueur de mélan­col­ie. L’am­bi­tion de cet écrit n’est nulle­ment lar­moy­ante – mais com­bat­tante. Pour en rester à la seule poésie, un dan­ger la guette si le min­i­mal­isme et le sen­ti­men­tal­isme l’en­vahissent durable­ment. Le sen­ti­ment n’est que le vecteur, non la fin d’une œuvre. Pour que celle-ci demeure et qu’une alchimie s’opère tant chez le poète que chez le lecteur, il est néces­saire, pour repren­dre un extrait de l’au­teur du Théâtre et la cul­ture, qu’une sym­biose se fasse entre l’acte, le corps et l’être : 

The Divine Com­e­dy, by Dante Alighieri (1265–1321), 1465, by Domeni­co di Miche­li­no (1417–1491), fres­co, Basil­i­ca of Saint Mary of the Flower, Flo­rence. Italy, 15th cen­tu­ry. • Crédits :  DeAgos­ti­ni — Getty

 

 

« Il faut insis­ter sur cette idée de la cul­ture en action et qui devient en nous comme un nou­v­el organe, une sorte de souf­fle sec­ond : et la civil­i­sa­tion c’est de la cul­ture qu’on applique et qui régit jusqu’à nos actions les plus sub­tiles, l’e­sprit présent dans les choses3 »

La pen­sée, la révolte, l’in­com­pa­ra­ble énergie d’Ar­taud nous demeurent éclairantes en ce XXIe siè­cle. Sa puis­sance appa­raît, entre autres4, dans l’af­fir­ma­tion, déjà inaudi­ble en son temps, selon laque­lle poésie et méta­physique sont insé­para­bles pour don­ner à toute œuvre une puis­sance d’ar­rache­ment à la pesan­teur sociale et d’an­crage dans le réel. Dans Le Théâtre et la peste, il donne corps à cette fusion dans une injonc­tion que l’on peut appli­quer tout autant à la pein­ture, à la poésie qu’au théâtre  : « leur grandeur poé­tique, leur effi­cac­ité con­crète sur nous, vient de ce qu’elles sont méta­physiques, et que leur pro­fondeur spir­ituelle est insé­para­ble de l’har­monie formelle5 ».

Seule­ment, il con­vient urgem­ment de ne pas faire de con­tre­sens sur l’ac­cep­tion qu’An­tonin Artaud don­nait au terme « méta­physique ». La méfi­ance envers ce mot extrême­ment con­noté était déjà bien vivace à l’époque du poète et dra­maturge. Mais la portée qu’il lui donne est telle, sa puis­sance à ce point sis­mique, que c’est elle qui va nous inspir­er ici.

Artaud ne nomme pas « méta­physique » ce qui nous détache de la réal­ité, mais tout au con­traire ce qui nous y enracine tou­jours plus. C’est à la fois une pen­sée et un style qui empoignent, agrip­pent à pleines griffes le con­cret, le corps et le per­cent jusqu’aux vis­cères. Quiconque en doute peut relire les pages du Théâtre et la peste où nous sont mon­trés les car­nages de l’épidémie dans toute leur réal­ité crue. Il peut faire de même dans nom­bre de poèmes de L’Om­bil­ic des Limbes dont celui com­mençant ain­si : « Une grande fer­veur pen­sante et surpe­u­plée por­tait mon moi comme un abîme plein. Un vent char­nel et réson­nant souf­flait, et le soufre même en était dense. Et des radi­celles infimes peu­plaient ce vent comme un réseau de veines, et leur entre­croise­ment ful­gu­rait.6 » Ce rap­port au corps, para­doxale­ment si l’on se réfère à toute la tra­di­tion philosophique et mys­tique, ren­force le lien et le rend indis­so­cia­ble de la méta­physique. Dans Héli­o­ga­bale ou l’a­n­ar­chiste couron­né7, il rap­pelle les hal­lu­ci­nants rit­uels au cours desquels se pro­dui­saient des tor­rents d’ex­cès dignes des pro­ces­sions dionysi­aques évo­quées par Niet­zsche. Seule­ment, « au milieu de cette bar­barie méta­physique, de ce débor­de­ment sex­uel qui, dans le sang même, s’acharne à retrou­ver le nom de Dieu8 », Artaud y sent se raviv­er ce que pour­rait être l’é­tat d’e­sprit du poète authen­tique se rep­longeant dans la vie à sa racine. De même, Abdul­rah­man Alma­je­di, dans le poème Le cheval du désir que l’on peut lire sur le site Recours au poème, exprime superbe­ment cette l’im­age de la méta­physique au sens d’Ar­taud, où l’on sent le corps faire bien plus que dire le réel, il le prend, le forme à son image : « lais­sant des vagues furieuses de sang / dans les artères et ruis­seaux / dévaler, remon­ter / Tes bat­te­ments aug­mentent / et tu trem­bles ». Tou­jours chez Recours au poème, on trou­ve écrit par Brice Bon­fan­ti, dans Homme foy­er, un poème incan­ta­toire où se fait jour le lien méta­physique de l’âme, du corps, et de l’u­nité mys­tique oubliée avec le Feu orig­inel : « Je suis l’Homme au Foy­er. / J’entretiens le Foy­er et son Feu, le Foy­er de son Feu, Feu du Feu. / Je suis l’Homme Foy­er, Foy­er fait chair, fait Homme, Âme en Feu qui fait foi par sa chair. /En Moi, tout con­verge, tout con­verge vers Moi, tout con­verge au Foy­er, tout finit par y ten­dre, trou­ver son Toit, si ten­dre – après l’errance, les acci­dents, les diver­gences. / En Moi, tout revient, tout revient sous mon Toit, où tout com­mence et tout finit, Je suis l’Homme Foy­er infi­ni, suis l’Humain quand il ren­tre au Foy­er, le Foy­er de tout homme, de toute femme, de l’infini de chaque femme et de chaque homme, /Je suis l’Humain pre­mier, où cha­cun naît tout ce qu’il est, où naît tout ce qui est, puis hors de Moi devient ce qu’il n’est pas, et puis revient : rede­venir tout ce qu’il est, tout ce qui est. (…) Je suis Fidèle à l’infini du monde, au milieu infi­ni de ce monde, ce monde qui peut être Fidèle mais mal, malaisé­ment, exceptionnellement. »

 

Gwen Gar­nier-Duguy, Alphabé­tique d’aujourd’hui, 
Collection(s) : Glyphes, n° 38.

Ain­si, il y a bien dépasse­ment dans la per­cep­tion d’Ar­taud et ces autres poètes, mais ce dépasse­ment se fait vers le lien incon­di­tion­nel entre le sym­bole, la nature et l’homme. Dans le Théâtre et la peste, il rap­pelle que les signes présents dans toute œuvre unique « con­stituent de véri­ta­bles hiéro­glyphes, où l’homme, dans la mesure où il con­tribue à les for­mer, n’est qu’une forme comme une autre, à laque­lle, du fait de sa nature dou­ble, il ajoute pour­tant un pres­tige sin­guli­er 9. » Ce dernier est la capac­ité poé­tique de l’homme à pro­jeter, à extraire de lui cette énergie créa­trice pour en faire une réal­ité con­crète qui élu­cide ce que nous sommes.

Chez Artaud – mais il en est égale­ment ain­si dans les sub­limes Chants de Mal­doror, ou dans l’Enfer et je pour­rais con­tin­uer la liste – l’an­crage dans l’être de l’homme se fait par un style qui nous met – de force – face à face avec le réel dans toute sa nou­veauté. Seuls les génies savent le percevoir avec clarté, comme l’ex­prime superbe­ment le poète Georges Rose : « Louveciennes/Pissarro plonge une main dans l’univers/personne d’autre ne savait l’endroit 10 » L’homme est tout entier de ce monde et en ce monde. Mais cette sim­ple affir­ma­tion qui pour­rait – à juste titre – sem­bler bien banale, change de nature quand on la perçoit non comme le résul­tat, mais comme un mail­lon dans la longue chaîne menant à la lucidité.

Dans Le Théâtre et la méta­physique, Antonin Artaud nous le rap­pelle : il est indis­pens­able de se con­fron­ter à ce qui est « inquié­tant par nature, capa­ble de réin­tro­duire sur la scène un petit souf­fle de cette grande peur méta­physique qui est à la base de tout le théâtre ancien 11. » Nous ter­minerons par ces deux cita­tions explicites, à savoir que « la vraie poésie, qu’on le veuille ou non, est méta­physique et c’est même, dirai-je, sa portée méta­physique, son degré d’ef­fi­cac­ité méta­physique qui en fait tout le véri­ta­ble prix 12 », et ain­si, pour le théâtre comme pour toute autre forme, « tir­er les con­séquences poé­tiques extrêmes des moyens de réal­i­sa­tion c’est en faire la méta­physique 13. » Cette dernière n’est pas une fuite, une déser­tion de notre monde – ces poètes nous y ramè­nent avec l’acharne­ment trag­ique d’un halluciné !

La néces­sité pour la poésie d’être tra­ver­sée par cette pen­sée méta­physique ne fait qu’une avec celle du chem­ine­ment vers l’u­nité. Des siè­cles de ratio­nal­isme borné – je n’y insère pas Descartes, bien plus sub­til et divers que ne le pense une longue tra­di­tion – et de matéri­al­isme fade ont asséché notre rap­port au monde – et ont rem­placé une super­sti­tion par une autre. Cer­tains sci­en­tifiques ou « savants » peu­vent égaler les « croy­ances de grands-mères » dans la paresse intel­lectuelle, au point de nous avoir fait croire que l’homme et le monde sont deux réal­ités séparées. Gwen Gar­nier-Duguy 14 donne à penser, par une superbe image, cette triste réal­ité : « Car l’hiv­er a pris ses quartiers / dans toutes les saisons. »

Or une résis­tance poé­tique est depuis bien des décen­nies à l’œu­vre, et elle a d’il­lus­tres et lumineuses origines.

Les Frag­ments d’Hér­a­clite, six siè­cles avant Jésus-Christ, sont l’ex­pres­sion écla­tante des signes évo­qués par Artaud ci-dessus. Ces frag­ments sont la pure présence phénomé­nale de la pen­sée qui fait signe vers le logos, qui se rend réel dans le même temps où il se cache, à l’im­age de l’an­tique αλήθεια. On y trou­ve ain­si cette unité puis­sante, autant physique que spir­ituelle, tra­ver­sant la total­ité dans les quelques extraits suiv­ants, tirés de ce qui a été mirac­uleuse­ment sauvé dans le marasme que l’on sait où tant de man­u­scrits ont dis­paru : « Unis sont tout et non tout, con­ver­gent et diver­gent, con­so­nant et dis­so­nant ; de toutes choses procède l’un et de l’un toutes choses » ; « Ce cos­mos, le même pour tous, aucun des dieux, aucun des hommes ne l’a fait, mais tou­jours il a été, est et sera, feu tou­jours vivant, allumé selon la mesure, éteint selon la mesure » ; « Les con­ver­sions du feu; d’abord la mer, et de la mer, la moitié terre, la moitié oura­gan. La mer s’é­coule et est mesurée dans le même logos qu’a­vant l’ap­pari­tion de la terre » ; et enfin :« Le un, cet unique sage ». Cette unité se retrou­ve de même, de nos jours, chez un George rose 15 faisant signe vers ce qui, en nous, est par­tie prenante des orig­ines : « Le froid inter­stel­laire / côtoie les arbres noirs / Un grand ciel som­bre / se con­fond avec la ville » ou encore : « La bril­lance d’un lieu som­bre / éclaire loin dans l’indicible », et enfin, met­tant en relief l’aveu­gle­ment humain : « Le vis­i­ble n’a pas encore ouvert l’invisible / ce fouil­lis d’instants n’est pas le temps / Que faudrait-il d’autre que l’univers / ceux qui sont nés ne se recon­nais­sent plus ». Du penseur antique au poète con­tem­po­rain, une par­en­té s’in­stalle dans le désir de saisir le lien uni­versel, égale­ment présente chez Gwen Gar­nier-Duguy s’ex­p­ri­mant ain­si : « C’est hier que tu es entré dans ce roy­aume d’ar­bres / et quand tu par­les à haute voix / l’é­cho te ren­voie une présence anci­enne. » Com­ment définir cette présence anci­enne, sinon celle nous ramenant à la source orig­inelle d’où tout émane ? Si chaque créa­teur est indis­cutable­ment unique dans ce qui fuse de son enten­de­ment, la source qui nour­rit ce dernier, cet amont mys­tique se pro­longe dans ce que ce monde est depuis tou­jours. L’homme demeure aus­si ce que fut l’u­nivers depuis l’origine.

Cela se retrou­ve dans les écrits des poètes con­tem­po­rains, chez qui le dire méta­physique, tra­ver­sant le verbe, nous met face à face avec la réal­ité de l’enchâsse­ment uni­versel des êtres. Ain­si, dans L’U­nivers ressem­ble 16, Georges Rose donne-t-il à voir la réal­ité du lien : « La lumière jusqu’à l’é­toile / com­mence à nos yeux ». Le pre­mier vers du recueil nous met de même dans l’at­mo­sphère mys­tique : « L’u­nivers se cache-t-il dans l’u­nivers ». On retrou­ve cette évo­ca­tion méta­physique chez Gwen Gar­nier-Duguy de la parole intem­porelle venant à la ren­con­tre de qui sait écouter : « Ils auraient gardé / en leur mémoire fos­sile / la pronon­ci­a­tion / pour l’heure où la parole, / les ver­ti­cal­isant, / leur don­na l’U­nivers / en ses fra­ter­nités / pour tout sésame de lumière. » Cette insoumis­sion des poètes à tout esprit de pesan­teur frappe de nul­lité les Cas­san­dre de la fin de toute mysticité.

Il est cer­tain, en effet, qu’il y a dans l’âme humaine un fond uni­versel, et c’est ce que l’ex­péri­ence poé­tique, artis­tique ou mys­tique nous enseigne depuis des siè­cles. Mon­taigne le dev­inait déjà, qui décrivait ain­si son pro­jet, en insis­tant non sur sa par­tic­u­lar­ité, mais sur ce qui, en lui, rejoint « l’hu­maine con­di­tion » : « On attache aus­si bien toute la philoso­phie morale, à une vie pop­u­laire et privée, qu’à une vie de plus riche étoffe : Chaque homme porte la forme entière, de l’hu­maine con­di­tion. Les auteurs se com­mu­niquent au peu­ple par quelque mar­que spé­ciale et étrangère : moi le pre­mier, par mon être uni­versel 17 ». Plus poli­tique­ment engagé, le poète Achille Chavée, dans La brigade inter­na­tionale18, évoque avec hargne cette force qui tra­verse chaque indi­vidu, le porte et lui per­met de dia­loguer, de com­pren­dre par-delà toute langue. Un mot y sem­ble la clé : celui de signe. Il en est de même de celui inti­t­ulé Ver­dict qui scan­de la néces­sité d’une sorte d’im­pératif caté­gorique, avec l’anaphore de « nous », tran­si­tive­ment assené comme ce qui nous rap­pelle sans cesse à l’or­dre. L’âme de tout un cha­cun ne fait qu’un, en pro­fondeur, avec l’âme uni­verselle. Derniers vers en forme d’in­ter­pel­la­tion éthique : « Demain tan­tôt qu’allons-nous faire / de cet ins­tant pré­cis qui déjà nous observe ? » annonce le poème d’Ab­dul­rah­man Alma­je­di, Ain­si par­lait le ciel, qui proclame trag­ique­ment : « Et mon ciel hurlait en regar­dant la pluie s’a­bat­tre sur la terre ». C’est ici plus qu’une sim­ple fig­ure de style, c’est la pure per­son­ni­fi­ca­tion de l’u­nité s’ef­forçant de résis­ter au néant. Pour rester dans cette éthique méta­physique, Brice Bon­fan­ti, dans le poème Mais s’il sur­git ? Comme un voleur dans notre nuit ?, mar­que de son rythme une pure jouis­sance des sonorités et des mots, tout en nous met­tant face à face avec le drame de l’in­con­science crim­inelle de l’homme : « l’univers fait par­fait qui sera : l’Un divers, / lui qui ne voulait pas nous forcer, / lui qui voulait coopér­er / – opér­er avec nous : son immi­nent avène­ment en nous. / Il par­ti­ra. / Mais nous, nous le croirons demeuré là : nous aurons mainte­nu sa gri­mace à sa place, nous croirons qu’elle est lui, et à sa place nous aurons sa gri­mace. / Pour fuir le pire, faire advenir l’ère à venir ». Ces dif­férents poètes ont en com­mun la con­science de l’u­nité de ce que, à l’époque de la Renais­sance, on nom­mait « micro­cosme » et « macro­cosme ». L’ou­bli­er, c’est appa­raître un « esprit aveugle ».

Pour scan­der le dire méta­physique de la des­tinée humaine et pro­jeter l’u­nité mys­tique dans sa réal­ité, le poème est une arme qui s’écrit et se vit avec l’é­tat d’e­sprit de ne pas con­cevoir « d’œu­vre comme détachée de la vie 19 ». L’acte poé­tique demeure un investisse­ment exis­ten­tiel qui engage l’être et ne sup­porte pas le dilet­tan­tisme. Un dernier poème de Gwen Gar­nier-Duguy nous le dira mag­nifique­ment : « Qui aura le dernier mot / entre le mal et le poème / par­lant à tra­vers ta voix / pour artic­uler la parole / per­due dans la pro­fondeur de / l’i­nou­bli­able ? / L’homme de coeur te recueillera-t-il, te cachera-t-il dans sa bouche / avant que l’en­ne­mi te masque ? / Bougera-t-il alors les lèvres / lais­sant s’é­ploy­er l’év­i­dence / du monde en prononçant / l’im­muable 20 ? »

 

Image de une : Antonin Artaud, Le Théâtre et son dou­ble, Gal­li­mard, col­lec­tion Idées, 1964.

Notes

 

Voy­age au cen­tre de la Terre © 2003, RBA Fab­bri France pour cette édi­tion, p. 55. En italiques dans le texte. Le pro­fesseur Otto Liden­brock s’adresse ici à son neveu, Axel, nar­ra­teur-per­son­nage du roman.

2 Idem. P. 56.

3 ANTONIN ARTAUD, Le Théâtre et son dou­ble, Folio/essais 14, © Édi­tions Gal­li­mard, 1964, pages 12–13.

4 Est-il néces­saire de pré­cis­er que, à aucun moment, nous n’am­bi­tion­nons de réduire le fleuve sub­lime du génie d’Ar­taud aux lignes qui vont suiv­re ? Les pos­si­bil­ités de s’en­richir en s’y plongeant sont comme l’u­nivers dans lequel nous sommes : infinies ! Le soleil éclaire les humains depuis des siè­cles ; où voit-on  que sa puis­sance ait dimin­ué de ce que nous en faisons ?

5 Op. cit. Le Théâtre et la peste, pages 53–54.

6 Antonin  Artaud, L’Om­bil­ic des Limbes, © Édi­tions Gal­li­mard, 1956, p. 53.

7 Antonin Artaud, HÉLIOGABALE OU L’ANARCHISTE COURONNÉ, © Édi­tions Gal­li­mard, 1979.

8 Id., p. 15.

Op. cit., p. 59

10 Georges Rose, Dans l’in­tim­ité de l’im­men­sité, éd. Lit­térales, 2016

11 Le Théâtre et la méta­physique, p. 65.

12 Id., p. 66.

13 Id., p. 68.

14 Gwen Gar­nier-Duguy, Enterre la parole suivi de La Nuit Phœnix, Revue NUNC, Édi­tions de Cor­levour, 2019, p. 36.

15 Op. cit.

16 Georges Rose, L’U­nivers ressem­ble, Édi­tions La Licorne, 2019.

17 Mon­taigne, Essais, III, 2.

18 Ce poème, ain­si que les suiv­ant d’Ab­dul­rah­man Alma­je­di et de Brice Bon­fan­ti, peu­vent être égale­ment lus sur le site Recours au poème.

19 Antonin Artaud, L’Om­bil­ic des Limbes, op. cit. p. 51.

20 Op. cit., p. 73.

 

 

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Jean-Yves Guigot

Enseignant le français et la philoso­phie, âgé de 52 ans, l’ac­tiv­ité à laque­lle je m’adonne sur le plan exis­ten­tiel est la quête de l’u­nité. L’écri­t­ure poé­tique est le lieu expéri­men­tal où se mêlent la vie et l’œuvre à naître, et les recueils, ain­si que ce vers quoi je tends, sont tournés vers cette quête. Le site lenchassement.com par­ticipe de cette expéri­ence à tra­vers tous les arts et les modes d’écriture.