La revue Florilèges n°187
Y a-t—il des fleurs dans ce Florilège-là ? Le mot Florilège provient tout simplement de flos « fleur » et legere « cueillir, choisir ». Quelles fleurs vais-je donc y trouver ? Me demandé-je naïvement.
De fait, c’est une invitation pour moi. L’opuscule propose en ouverture une citation de Kundera à la recherche de la « mémoire de ce qui nous a émus » et qui donne à la vie « sa beauté ». Je plonge donc dans la lecture protégée par ce propos apaisant et en quête de ces fleurs secrètes tant attendues mais encore imaginaires…...
A l’aube, je découvre d’abord « la captivante « rose du matin » de Christian Amstatt, dont la couleur émerge après une « nuit de torpeur » Une autre rose, apparait ailleurs, puissante, inspirée cette fois par « de la mignonne » de Ronsard : cette« fleur de soleil »de Stéphane Mennessier est d’une éclatante beauté1. Elle révèle le magnifique baiser d’amour érotique d’un amoureux « médusé » par sa belle qui entre en une extase pourtant « pudibonde ».
Jean-Marie Leclerq évoque, quant à lui, « une fleur fanée » aux « pétales éplorés » sur un sol de pierre. L’ombre de cette fleur magnifique lui est néanmoins « comme un vêtement ».
Ce bouquet fleuri se disperse dans les pages à travers la pensée de Saint Pol Roux pour qui la poésie est l’art d’apprivoiser la « libellule de l’insaisissable ».
Revue Florilège n°187, Juin 2022.
Marie-Christine Guidone rappelle que la poétesse Marceline Desbordes- Valmore, « maudite » selon Verlaine,a soutenu les pauvres, les prisonniers, les déserteurs et les Canuts révoltés en 1831 et 1834. Précurseur – précurseuse ? – du romantisme, elle a en outre écrit Les roses de Saâdi. Ces roses-là débordent de sa ceinture « étroite » et se déversent en un « odorant souvenir ».
Et nous, quand on ferme le recueil, on a le sentiment d’avoir respiré – avec un doux plaisir – la fleur des mots.
Note
- Ce poète a obtenu le second prix d’un concours de la maison de poésie Rhône-Alpes de Saint Martin d’Hères, poètes sans frontières : Dis-moi dix mots.