La revue M U S C L E
M U S C L E , une revue de poésie « posée sur une feuille de papier »
Contrairement à ce que les capitales du titre semblent indiquer, M U S C L E est une revue minuscule : une longue feuille pliée 4 fois, imprimée recto/verso, soit un petit objet de 16 x10 qui tient dans une banale enveloppe de correspondance.
M U S C L E s’amuse et joue des couleurs – un arc-en-ciel de publications (33 à ce jour, disponibles sur le site, au numéro ou par abonnement) offrant un riche mesclun de 66 auteurs (2 par numéro) du monde entier.
Chaque numéro associe les textes de deux auteurs, qui s’enchaînent avec (paraît-il) une infime différence de typographie. Parmi les derniers numéros, Sofia Elhilllo (traduction de Roxana Hashemi ) et Philippe Rahmy, sous couverture lilas, Claudine Galea et Yang Xiao en gris souris, Jean d’Amérique et Maud Veilleux sous le feu d’un orange, et sous une couverture jaune moutarde, le numéro 33, pour Olivia Tapiero, écrivaine et traductrice québecoise, en regard avec Nadia Anjuman - poétesse et journaliste afghane, née le 27 décembre 1981 et morte le 4 novembre 2005 sous les coups de son mari ( dans la traduction de Franck Merger).
M U S C L E est composée, pliée et éditée par Laura Vazquez et Roxana Hashemi qui décident des associations de poètes, et définissent un fil de lecture variable selon les humeurs et les récepteurs – je perçois la révolte dans les univers urbains et rythmés de Jean d’Amérique et Maud Veilleux, la vie absurde et la solitude dans l’échange des mots de Sofia Elhillo et Philippe Rahmy ; « Je vais bien. Et bien sûr que non / mais j’exécute les mouvements. Je me réveille/ au hurlement du réveil (…) écrit l’une – et l’autre « (…) la gesticulation atroce des individus, et la fatigue de bête qui emboite une génération dans l’autre, ne ressemblent à rien de ce que j’endure (…) » - la dépossession dans l’échange virtuel entre la « fille d’Afghanistan » et les vers matériels d’Olivia Tapiero , évoquant justement « la gélatine comme expérience de la dépossession » dans un poème intitulé « Asmr slime. »
Laura Vasquez, créatrice de M U S C L E avec Arno Calleja, en septembre 2014 à Marseille, déclare, dans un entretien donné à la maison de la poésie de Nantes que le nom singulier de la revue provient d’un rêve… Les Muses visitent les poètes dans leur sommeil, et leur inspirent aussi des titres prophétiques :
M U S C L E, enfin, ne rime avec rien – c’est sans doute ce qui souligne son originalité d’objet poétique non identifiable… c'est un pari gonflé, et c’est aussi sa force.
M U S C L E existe dans quelques librairies, sur Internet et publie des vidéos sur sa chaine Youtube, souvent dans d'autres langues que le français.
Safia Elhillo, lecture pour Muscle
Lecture diffusée à Montévidéo, à Marseille, dans le cadre d'une soirée autour de la revue muscle.
Dernière minute : la revue M U S C L E s'étoffe, le nouveau numéro est un petit livre qui sort en même temps que cet article : il s'agit d'un échange épistolaire entre Maggie Nelson et Björk, traduit par Céline Leroy.
Il sera présenté le mardi 8 février, à 19h00, à L'Hydre aux mille têtes, 96 Rue Saint-Savournin, 13001 Marseille, et peut s'acheter sur le site de la revue.