La revue Mot à Maux
Daniel Brochard convoque, pour sa 15e livraison, sept auteurs et non des moindres. Y figurent ainsi Jean Chatard, poète chevronné, l'excellent Cathalo, et de nouvelles voix.
Quarante-huit pages de beaux poèmes très divers.
À son habitude, le poète Georges Cathalo consigne dans un long poème, réparti en quatrains, la « peur » contemporaine, saisissante, incontrôlée, incontrôlable.
Ils ont peur de la jeunesse
de la vitesse et des couleurs
de ce qui s'élance et sourit
au-delà des mondes que l'on s'invente
Revue Mot à maux, n°15, décembre 2020, 4 euros.
Avec son acuité foncière et une dose d'humour, il joue à « qu'est-ce que la poésie ? » et « qui suis-je ? » Plus lyrique, Chatard raconte entre « effroi » et « coursives du ciel » l'approche de la mort et l' « émoi » qui va avec.
On ouvrira les tombes et le grain sera lourd devant
l'outil hospitalier devant la main frileuse
qui repeint la clarté
Eric Chassefière, en un très long poème de dix pages, dévide une chronique du « vent », entre caresse, souffle, « qui touche à peine », « ce vent-là tout près des mots » ou « page de la mer gonflée de vent ». Beaucoup de souffle, d'intense créativité.
Un pessimisme assez aigu traverse les poèmes de Victor Malzac, qui « attend que les jours passent ».
Alexandra Bouge rend à la mère un hommage contenu, tentant de préserver dans les mots « l'esprit de ma mère bâti dans ce qui m'entoure ».
La revue s'honore encore des textes de Lise Debelroute et Daniel Hartmann. Revue à suivre, bien sûr.