Laisse-moi te parler
Comme on parle à un chien battu ou à un frère,
Laisse-moi te parler
D’un temps que je n’ai pas vraiment connu,
De ce temps
Où on creusait jusqu’à ne plus savoir ce qu’était
Le fond de la misère ou la honte,
Où on mangeait son peu de pain noir
Avec la mort et l’étoile jaune,
Où vivre
N’était même plus une mince affaire,
Où vivre était tout simplement un mot de trop.
Laisse-moi te parler de tout ça mon ami,
Même si tout ce que je te dis maintenant n’est encore réponse à rien.
À Gaspard Hons
© La Tristesse du figuier, Lettres Vives, 2012