L’Atelier de Cézanne
traduction Marilyne Bertoncini
L'ATELIER DE CÉZANNE
Cézanne ceci. Cézanne cela. Rue Cézanne est
la rue que Cézanne a gravie chaque fois
qu'il pouvait vers sa vue favorite : La Montagne
Sainte Victoire. 60 fois! 60 fois
il a enduit sa toile de colle de peau
de lapin, de chaux, de blanc de titane.
Il a sablé, couvert de gesso, versé les huiles,
construit des formes géométriques si précises...
Il ne faut pas perdre un seul coup de pinceau,
60 fois (60!) Cézanne était Cézanne,
le même, et pourtant pas le même, quand couleur,
ligne, forme, transformaient l'atmosphère de la Sainte
Victoire. Le pinceau de l'artiste et son esprit ordonnaient
au paysage de se dresser ou se coucher, engendrer
ou cacher, se rendre ou conquérir.
L'atelier de Cézanne, du grès ocre,
des volets rouges et un quatrième mur absent...
un simple vide à travers lequel les tensions,
presque théâtral, entièrement vitré,
orienté nord pour la lumière naturelle – presque
irréelle pour installer un modèle, un
nu, dans ce sanctuaire de ciel bleu
son amour était une montagne qui lui enseignait
à peindre, à être, avant tout, fidèle à la forme,
à ses caractèristiques naturelles, et puis, avec
le temps, à estomper ce que c'était, comme si d'abord....
la lumière, la vérité peuvent échapper... L'oeil
que l'amour soit l'amour, puis jamais assez,doit
être vu selon les humeurs, fardé de rouge, estompé,
rêche, devenu profond avec des pans de bleu
et vert, orange et brun, relevés de
pigments au pinceau ou au couteau.
Par-dessus tout, selon sa véritable perspective,
les temps superposés, tandis que la vision intérieure
dominait et que cette adorable Sainte Victoire...
n'est pas assez; il faut qu'elle pense aussi.
*
CEZANNE’S ATELIER
(Aix-en-Provence, France)
Cezanne this. Cezanne that. Rue Cezanne's
the rue Cezanne mounted every day
he could for his coveted view: Mont
Sainte Victoire. 60 times! 60 times
he washed his canvas in rabbit-skin
glue, lime dust, titanium white.
He sanded, gessoed, spread the oils,
built shapes so geometrically precise...
There must not be a single loose strand,
60 times (60!) Cezanne was Cezanne,
the same, yet not the same, as color,
line, form transformed the mood of Sainte
Victoire. The artist’s brush and mind made
landscape sit up or lie down, beget
or withhold, surrender or conquer.
Cezanne's atelier, sandstone ochre,
red shuttered, with a missing fourth wall…
a single gap through which the tension,
almost theatrical, all windows,
facing north for natural light – almost
unnatural to let a model,
a
nude, into this bethel of blue sky –
his love was a mountain that taught him
to paint, to be, first, faithful to shape,
its natural features, and then, over
years, to blur what it was, as if first…
the light, the truth can escape… The eye
love were love, then never enough, must
be viewed in many moods, rouged, smoothed,
roughened, deepened with panels of blue
and green, orange and brown, heightened with
pigments from oil-brush or palette-knife.
Above all, given its true perspective,
time on time, as the vision within
took over and that lovely Sainte Victoire…
is not enough; it needs to think as well.
*