Comme une procession de lents taureaux de bronze
L’obstination de la terre aux semelles
J’irai jusqu’au chemin des veines cristallines
Au souffle minuscule dans le brouillard lointain
Presque invisible et ta seule mémoire
Derrière les murs du jardin de Jouarre les arbres
étaient portés par une grâce légère
Les feuilles silencieuses ouvraient un chemin dans la pierre
au loin sur de profonds portiques
Mon ombre très loin
suivait le mouvement souterrain des feuilles
Et c’était là
une douce vision de la mort
C’est dans ton pas que mon pas se fait
Il n’est pas le tien il n’est pas le mien
Ensemble pourtant ils s’unissent
Il n’est plus permis de prendre les chemins de terre
Où le souffle se change en cristal
Plus une seule trace pour les yeux
Comme mes yeux sur ton visage
Ne voyaient plus de marques
Et comme
Je n’entendais plus de plaintes
Je ne vois plus n’entends plus que je t’appelle
Nos pas se font pas à pas ensemble
Il ne cherche pas de l’amour
(ce serait se nier lui-même)
Cet amour qui est de la terre de la lumière et de l’eau !
Nuit boréale dans le milieu du jour
Toute chose usée par une ardeur blanche
Dont aucune n’est déchiffrable
En glissant rien ne marque
Ni la trame aiguisée des pensées les plus pures
Mais après le silence de craie
On entend une musique
Prisonnière d’une chair invisible
Mes mots sont des pierres de sable et l’invisible coursier du silence
les accompagne
Nulle part le tamis n’est si fin que le silence ne puisse l’emplir
Les mots s’arrêtent à toi seul à toi pour jamais
Il n’est de silence plus insaisissable que la pierre où toute chose se replie et s’absorbe
Sans atteindre le plus petit atome
où le saisir minuscule là où ton absence dure
Toujours semblable et jamais la même
Mais je t’aime sans nulle limite et quand je te parle le monde me répond
Par ton absence de parole