Laurent ALBARRACIN : Explication de la lumière
Un poète déplie au-dehors la lumière, et cherche asymptotiquement à l’épuiser. Laurent Albarracin nous livre un livre comme un chant contemporain, annexe aux 33 Chants du Paradis d’Alighieri. Un chant annexe séculaire, exilé hors et loin du jardin, mais essayant de le remémorer à notre oreille, notre œil, d’exilés.
la lumière sort le monde du monde, la lumière éclaire et ramène, et désensable, balai de signes, eau d’élection, la lumière éclabousse, éclabousse sans rien éclabousser, sans salir, sans toucher ce qu’elle touche,
Le poème procède en paquets parolés de lumière, paquets de quelques lignes, parfois une, de longs vers plus ou moins amplifiés, des paquets de parole, qui déplient au dehors la lumière, un à un, des paquets de parole qui sont des photons de parole.
ce qu’on voit briller dans la lumière est un hachoir qui hache si fin la lumière et si finement qu’il hache jusqu’au hachoir dans la lumière et jusqu’au hachement dans le hachement qui n’est plus que lumière,
Entre chaque paquet, on inspire, et puis on y retourne – en voyage, dans le paquet qui suit, expiré d’un seul souffle.
la lumière chante, chante un chant où le chant chante la lumière, où le chant chante le chant et l’illumine,
la lumière est le roulement du dé et de ses faces, la septième et seule face une du dé lorsqu’il roule, une somme qui serait la rivière de cette somme
Explication de la lumière, c’est l’humble Paradis d’Albarracin, lequel est obligé à la diction d’insaisissables pour chanter l’insaisissable.
car la lumière ne donne que l’idée de la vraie lumière, la lumière n’est qu’une ombre devant ce que serait la lumière de la lumière, la lumière de la lumière étant une lumière tellement lumineuse que la lumière en serait l’ombre pâle et que seule la lumière pourrait figurer son contraire