Leçon
J’écris poèmes dérisoires
Pour être sûr d’avoir ouvrage
À mon actif non pas notable
Mais existant pour une heure ou
Des siècles tels Claude Guichard
Pierre Mathieu Nicolas Favre
Poètes privés d’illusions
Ciseleurs sans avenir autre
Que fils ou fille à qui apprendre
Bonne leçon de vanité
Lecteur improbable des temps
Futurs se bâtissant morale
Pour soi seul connaissance au gré
Des vers lentement agencés
J’écris poèmes dérisoires
Car je préfère être oublié
Poète que père ou amant
Un jour mes mots sortiront d’un
Tiroir pour l’ennui ou la joie
Postérité de jeunes filles
Hâves d’érudits rétrogrades
Ithaque
Dans un colloque discourant
Sur de locales écritures
Je pense à l’étudiante grecque
Incapable de suivre mon
Verbiage non loin du dernier
Rang et de l’assoupissement
Elle seule au fond est vivante
Avec le bon sommeil qui gagne
Ses paupières alanguit sa
Poitrine sous le chemisier
Un sursaut est venu peut-être
Au nom d’Ithaque prononcé
Ithaque sur Haine et sur Trouille
Styx coulant dans ce noir pays
Sombre bouillon d’heure quelconque
Fatal potage des ratés
Au nom d’Ithaque elle s’éveille
Ni aveugle ni grec Homère
S’appelle Franz Moreau poète
Un tantinet découragé
Toute lumière toute vie
Elle n’entend ni ne voit goutte
Elle ne ressent pas Hypnos
Lui toucher doucement l’épaule