Quand sera brisé l’infini ser­vage de la femme, quand elle vivra pour elle par elle, l’homme, jusqu’ici abom­inable, — lui ayant don­né son ren­voi, elle sera poète, elle aus­si ! La femme trou­vera de l’inconnu !

                                                                                         Arthur Rimbaud

                       

   Dans ses Mémoires, François Augiéras con­fie qu’il con­serve de Paris un sou­venir hor­ri­fié. Jusqu’à l’automne 1933, cette ville fut le théâtre des huit pre­mières années de sa vie, atro­ce­ment tristes, près de sa mère veuve. (Son père, pianiste de con­cert, est mort aux États-Unis, peu avant sa naissance.)

   L’évènement déter­mi­nant de ma petite enfance est le fait que mes yeux se sont ouverts sur une civil­i­sa­tion dégradée. 

   La seule image digne d’être con­servée est celle, fan­tas­tique, d’un énorme dirige­able : le Graf  Zep­pelin argen­té, irréel, tra­ver­sant, très bas, le fir­ma­ment. Il le con­tem­ple, d’un toit. Dans son imag­i­naire enfan­tin, ce mon­strueux astronef, étince­lant sous le soleil, est peut-être envoyé par une autre planète. En mai 1937, le dirige­able alle­mand Hin­den­burg, fierté des Alle­mands, s’enflammera en atter­ris­sant, près de New-York. Sur cent pas­sagers, trente-trois périront. Ce sera la fin du lux­ueux trans­port  de pas­sagers en paque­bot volant.

   Sa vie durant, Augiéras clam­era son aver­sion pour la cap­i­tale et pour le roman français con­tem­po­rain. Dès ses pre­mières con­tem­pla­tions noc­turnes du ciel, dans la cam­pagne du Périg­ord, le jeune garçon est ébran­lé par le car­ac­tère religieux et aphro­disi­aque de l’infini qui aspire son âme. Plus tard, il n’en par­lera jamais sans sus­citer ver­tiges et fris­sons. Au ciel sont liés les pre­miers émois. Sa semence tachera sou­vent ses draps ; ses rêves d’enfant sont des voy­ages peu­plés de feux d’artifices stel­laires. Des tour­bil­lons de plaisir l’entraînent vers les plus loin­taines nébuleuses, comme autant de prairies d’où jail­lis­sent des pluies de fleurs incon­nues. A qui con­fi­er cet insond­able mys­tère ? Cer­taine­ment pas à sa mère indif­férente, neurasthénique, ni à son adorable tante Ger­maine, châte­laine trop mondaine. Ses com­pagnons d’aventure, tournés vers le monde extérieur, ne le com­prendraient pas davan­tage. Chaque acmé est un nou­veau Big Bang. De plus en plus, fir­ma­ment, orgasme océanique et ‘âme éter­nelle’ sont liés, dans la pureté d’un opéra de l’espace. Avec un par­fait naturel, il dit aimer son âme. Il s’entretient avec elle.

   Secret dia­logue avec mon âme éter­nelle, immuable et soli­taire, comme Dieu, cachée der­rière les incar­na­tions et les masques…Le son infi­ni, tou­jours audi­ble dans mon cœur.

   Chargé de garder jusqu’à l’aube une voie fer­rée, pen­dant la guerre, il dia­logue avec la nuit. Il scrute sans fin le cristal des cieux, le plus ver­tig­ineux tem­ple du monde, dont la beauté le subjugue.

   Est-ce ma vraie patrie, le pays de mon âme ? Un invin­ci­ble appel auquel je me promets, ma vie entière, de répondre ! 

   Ain­si naquit le corps sub­til de François qui ne cessera de s’affiner, jusqu’à lui con­fér­er de puis­sants pou­voirs psy­chiques. Il refusera tou­jours de les cul­tiv­er. Pour­tant, au-delà des pré­dic­tions per­son­nelles, il nous laisse de brûlantes prophéties. Elles se réal­isèrent toutes. Citons, entre autres, le retour à une vie écologique, le défer­lement des pre­miers Tibé­tains au Périg­ord, après l’invasion de leur pays par les Chi­nois, le sanglant print­emps arabe, la guéril­la qui s’étend sur le monde, les révo­lu­tions infor­ma­tiques et quan­tiques, la con­quête spa­tiale, etc. On n’en fini­rait pas d’énumérer les phras­es du genre :

   France appau­vrie, future province de l’Asie ; Europe en ruines, plus envahie qu’on ne le croit. (Les bar­bares d’Occident).

   Je scrute sou­vent le ciel noc­turne, en évo­quant l’‘âme éter­nelle’ d’Augiéras qui scin­tille plus que les autres étoiles. Une âme pour laque­lle, depuis son ado­les­cence, tout est zone érogène : l’aura des êtres, les prés odor­ants, les falais­es, les sources, les ondes qui nous entourent et la voûte céleste, surtout. Peu importe pour ce pan­théiste si l’amour fou est humain, ani­mal ou divin, minéral, végé­tal ou galac­tique. C’est à cette force de la nature que sem­ble dédié Le sacre du print­emps d’Igor Stravin­sky, l’ami de feu son géni­teur musicien,

   Ma tra­jec­toire assez dés­in­volte dans le monde des let­tres relève, pour une bonne part d’une gai­eté très slave, sauvage, un peu dansante : un côté Parade et Bal­lets Russ­es. (Let­tre à Jean Chalon, 3 mars 1968. Le dia­ble ermite. Édi­tions de la Dif­férence, 2002.)

   L’œil can­dide, il déploie les filets de son éro­tisme en tous sens. Est-ce sci­em­ment ? Par­fois, des astéroïdes sem­blent tour­bil­lon­ner dans son sang. Ses amours  portés au parox­ysme ne font que refléter ses pro­grès spir­ituels. En 1960, dans Com­bat, Jacques de Ricau­mont célébra Le voy­age des Morts. «Étant, selon son expres­sion, ‘antérieur au chris­tian­isme’, Augiéras se sent cou­vert par une sorte d’im­mu­nité édénique, car il tient pour licite tout ce qui est naturel, et il ne suit en chaque occa­sion que son instinct. De là, l’idée que la per­ver­sion est étrangère à ce pan­sex­uel et que le mot ‘pur’ est l’un des leit­mo­tifs de son réc­it.  S’il pra­tique sans la moin­dre honte toutes les formes de volup­tés, et s’il les décrit sans la moin­dre gêne, c’est parce que non seule­ment il n’a pas con­science d’offenser Dieu, mais il est con­va­in­cu de ren­dre ain­si hom­mage au Créateur.»

   Augiéras vénère les sol­stices. Surtout la porte du sol­stice d’été, inau­gu­rant la phase d’obscurantisme du soleil qui va déclin­er. Il aime aus­si la lumière va croître à la som­bre porte d’hiver. Décem­bre est tou­jours très ancien. C’est le seuil de la voie des ancêtres, celle du Pays des Morts et de leur renais­sance. La lumière des cieux est l’élément pre­mier. Sub­mergé de lumière astrale, à l’âge d’Arthur, Augiéras en sera tou­jours boulever­sé, comme au pre­mier soir.

   Le chanoine qui fait tra­vailler le fugueur dans les champs le sur­prend chez lui, penché sur son man­u­scrit, à qua­tre heures du matin. Le brave homme en pyja­ma ne peut com­pren­dre que ce gar­ne­ment a déjà saisi, à dix-sept ans, ce pourquoi il vit. Le dis­cours hal­lu­ciné du fils de Pan l’épouvante. Il n’est ques­tion que des étoiles et de la méta­mor­phose de l’homme en Dieu, que l’ « illu­miné »voit. Il est mis­sion­né, affirmera-t-il dans ses Mémoires.

    -« Vous écrivez ! Et quoi donc, je voudrais le savoir ? »

   Je lui explique que je sors sou­vent la nuit pour regarder les astres, qu’une muta­tion de l’homme me sem­ble très prob­a­ble, que je veux aller vers l’avenir, que c’est le réc­it de mes cours­es nocturnes.

   Mis à la porte, l’écrivain en herbe tra­vaille à ses Noces avec l’Occident jusqu’à l’aube, dans une tour de château périgour­din ; c’est chez la sœur du colonel, dont il veut con­quérir le cœur. Noces d’un garçon pré­coce, gorgées de sucs amoureux. Un désir incar­nat irrigue puis­sam­ment les scènes très brèves, dans la nature trans­fig­urée. Les ado­les­cents défail­lent de plaisir, sous l’édifice des étoiles qui flambent. 

   Ils crurent rouler entre les astres incan­des­cents au plus noir du ciel, dans la nuit criblée de soleils tour­nant à une vitesse prodigieuse. Eux mêmes, changés en flammes, se tra­ver­saient dans leur course sans se bris­er, ani­més d’un mou­ve­ment cir­cu­laire qui forg­erait leur unité, trans­fig­urés de joie, éter­nels musi­ciens et danseurs. (Les noces avec l’Occident. Le texte ini­tial de 1943  envoyé aux Cahiers du Sud, à Mar­seille, s’égara. Éd. Fata Mor­gana, 1981).  Augiéras sait ce qu’est l’amour avec les filles et avec les garçons. Il   creuse les racines du désir qui fouail­lent les étoiles. Déposi­taire d’une mémoire tra­ver­sant les corps et les âges, il pose là les bases de son mythe fon­da­teur, celui du passeur entre l’homme et l’univers. Puis il oublie son man­u­scrit en par­tant en Afrique. En 1950, il en con­fie un dou­ble, com­plété, au pein­tre Mar­cel Loth ; il  sera retrou­vé dix ans après son départ vers d’autres cieux.

   Elle était prédes­tinée, la ren­con­tre avec un autre ado­ra­teur fou des étoiles. Oncle, père rêvé, amant, démon divin­isé, dieu. Le des­tin d’Augiéras prend corps d’une manière bru­tale, sur un toit saharien, avec les lamen­ta­tions hyp­no­tiques et tri­om­phales d’Abdallah Chaam­ba, son nou­v­el avatar.

   L’ébauche du réc­it, Le Vieil­lard et l’enfant rad­i­cal et foudroy­ant, éblouit André Gide.  « L’intense et bizarre joie que je prends à la lec­ture (et relec­ture) de ces pages remar­quables entre toutes. »

   Le Voy­age des Morts con­tient quelques lignes des Noces avec l’Occident. En mars 1950, seul dans sa cham­bre de Périgueux — comme le pré­cisent ses Mémoires — Augiéras com­mence à rédi­ger son jour­nal. Il a eu tout le temps de revivre ses deux pre­miers séjours chez le colonel, en 1947 et en 1948. Mais sa plume ne l’a pas encore vengé publique­ment du tyran. Il a déjà tra­vail­lé, armé, dans le chantier d’une route en con­struc­tion, près de l’oasis de Ghardaïa. Il décrit l’immense car­rière de pier­res, ain­si qu’une ren­con­tre amoureuse avec un berg­er de dix-huit ans. Sans doute Abd Allah — ou son dou­ble pas­sion­né­ment aimé. Là, nous sommes encore près de l’accent juvénile des Noces avec l’Occident.

   Rien n’est plus beau que l’amour ; rien ne s’élance plus loin, non pas l’amour de tous les hommes, mais celui des com­pagnons d’aventure, l’amour né près des feux. 

   Ce sont sans doute les pre­miers pas­sages du sin­guli­er Voy­age des âmes. Reprenant cinq vers du début de « l’hymne à l’amour » des Noces, ils com­por­tent une vari­ante, à la fin. « L’amour né dans les bois et dans les camps de tra­vail de ce siè­cle » devient « l’amour né près des feux ».

   À Agadir, épuisé par son tra­vail de pêcheur, le petit voy­ou des faubourgs s’abat sur le dos, à même le ciment, et il mange la lumière, pen­sant aux êtres qui se nour­ris­sent de lumière.

   Recher­chai-je le plaisir dans ces ren­dez-vous d’amour sur les rochers, au clair de lune ?… Cer­taine­ment pas, mais la ren­con­tre avec le Sacré, au péril de ma vie. (Let­tre du 14 mars 1969 à Pierre-Charles Nivière. Nou­velle NRF. 556. Jan­vi­er 2001.) Que de fois décrit-il, comme dans ses Mémoires, le « rit­uel de la mon­tée vers les astres »… Après s’être assou­vi chez les filles du quarti­er réservé, il retrou­ve un berg­er berbère de son âge. Il cherche un dernier assou­visse­ment, mais de l’âme…Cet amour-là sat­is­fait le meilleur de moi-même. Que faisons-nous ? Ça reste extérieur, manuel… C’est cela qui m’émeut ; ce dia­logue avec tous mes masques pos­si­bles… Je suis heureux seule­ment sur les dernières dalles éclairées par la lune, sur le seuil de mon tem­ple infi­ni bril­lant d’astre et des con­stel­la­tions, mes lèvres con­tre les siennes, au bord de ma mai­son du ciel. 

   Cet ani­miste appar­tient à la tra­di­tion solaire. Les rayons du soleil sont des mil­liers de caress­es sur sa peau nue, libérant d’infimes étin­celles de volup­té. Mais si l’astre des Hes­pérides, cher à Rim­baud, est son père désiré, la lune, divine Mère, est son « épouse » inces­tueuse. Ce grand lumi­naire blanc, cal­ciné par le brasi­er du soleil, est une divinité qu’il sied d’adorer à genoux en effec­tu­ant mille offran­des. Surtout lorsqu’elle est enceinte : encens, médi­ta­tions, feux de joie, thés bouil­lants, chants, dans­es, trans­es — sans jamais omet­tre le don de sa sève ou de son sang, à la fin du rit­uel. Le som­meil dans la nature éro­tisée lui est dédié, comme beau­coup de  songes, pages et pein­tures d’Augiéras. Rarement les phas­es lunaires jouèrent un rôle aus­si essen­tiel chez un artiste. 

   Les pluies d’étoiles filantes lui pro­curent un plaisir élec­trisant. Il les décrypte comme un mes­sage per­son­nel, en exul­tant ; des­tinées aux papilles sen­suelles de l’esprit, elles fig­urent l’éclatement d’un mil­li­er de gro­seilles dans un fir­ma­ment de gour­man­dise. Après s’être prosterné en pleu­rant de joie, il traduit comme per­son­ne les affres du plaisir, dis­sous avec lui dans l’immense féérie changeante du clair de lune.

   Il décrit ses sai­sisse­ments devant cette lune, déité de la volup­té, surtout lorsqu’elle appa­raît lente­ment dévêtue, ou se cache der­rière une émi­nence. L’antique culte païen est pieuse­ment préservé dans maintes con­trées retirées, en Ori­ent. On peut encore assis­ter, par exem­ple, à l’extinction de toutes les lumières et de tous les sons, le temps que la lune dis­paraisse der­rière une mon­tagne C’est le tri­om­phe de l’érotique sacrée, depuis des temps sans commencements.

   Il suf­fit de peu à cet être éveil­lé pour s’approcher du nir­vana, l’état naturel vers lequel il tend en per­ma­nence — un nir­vana qui n’est pas le vide, mais le plein, l’énergie à l’état brut. C’est l’homme le plus religieux qui soit, au sens pro­pre de reli­gare, con­stam­ment relié aux forces du cos­mos. Il vit dans la vénéra­tion de l’énergie divine, l’adoration per­pétuelle « de l’Univers qui est Dieu ». Par d’autres chemins, il rejoint Proust, qui avait l’intention d’intituler le dernier vol­ume de son œuvre L’adoration per­pétuelle. (Les sou­venirs de Jacques Benoist-Méchin con­ti­en­nent un extrait de let­tre de Mar­cel Proust, qu’il con­nut. « La Recherche du Temps per­du, comme son nom l’indique, est un long voy­age. Non point à tra­vers l’espace ou le temps, mais à tra­vers l’âme humaine, une plongée vers cette zone où tout serait com­mu­ni­ca­ble, où nous pour­rions voir non point un autre monde — car je ne suis pas cer­tain qu’il existe — mais ce monde-ci avec les yeux d’un autre, de cent autres, voir les cent univers qu’est cha­cun d’eux. Nous entre­ri­ons alors dans un état inef­fa­ble, sem­blable à celui que les Pères de l’Église appelaient « la Com­mu­nion des Saints »… J’ai pen­sé tout d’abord achev­er mon œuvre par un vol­ume qui se serait appelé L’Adoration per­pétuelle.»)    

    Au Sahara, le jeune Augiéras passe des heures, allongé sur le dos, sous un véri­ta­ble “ciel de lit”, le vis­age face au spec­ta­cle de l’u­nivers en expan­sion. Elle est prédes­tinée, la ren­con­tre avec un soli­taire, ado­ra­teur fou des étoiles. Oncle, père rêvé, amant, démon divin­isé, dieu. D’où le thème obsé­dant du lit de fer sous des marées d’astres, où jouis­sance et douleur sont indis­so­cia­bles des con­stel­la­tions de l’Afrique, dans Le Vieil­lard et l’enfant

   Je volais jusqu’à lui, accep­tant de voir face à face ma nuit éter­nelle que j’avais voulue dans les bras d’un vieil­lard…   

   Le Voy­age des Morts paru en 1959, deux ans après le lance­ment du pre­mier satel­lite arti­fi­ciel, per­met de com­pren­dre la rela­tion scan­daleuse entre Augiéras et son oncle explo­rateur, son père du désert : ils sont du même sang, et ils ont des con­stel­la­tions dans les veines.

    Qu’il eût été séduit, au sens sex­uel du mot, par le ciel étoilé, au point de ne pas souhaiter l’amour (et l’amour des garçons) ailleurs que sur un lit de fer, sur une ter­rasse, sig­nifi­ait beau­coup dans une époque qui allait être han­tée par les étoiles. (Le Voy­age des Mort. Éd. La Nef de Paris, 1959).

   Le cha­grin du jeune homme tombé en esclavage est abyssal. Mais il se soumet à la volon­té du mon­stre sacré qui lui dicte L’éternité et le cos­mos, fruit de quar­ante ans de soli­tude. Il main­tien­dra tou­jours sa ligne de con­duite : une abstrac­tion qui tienne face aux astres. « Mon équa­tion sous le ciel étoilé ».  Ce qui stupé­fie le neveu du sci­en­tifique n’est pas le viol, mais le fait que son  par­ent pra­tique aus­si la reli­gion des astres, océans de feu. Âgé de soix­ante-deux ans, le colonel Augiéras, retraité de l’armée française, règne en ermite de légende, en mage chaldéen sur le roy­aume intem­porel qu’il a fait bâtir, près de son mau­solée pyra­mi­dal. En sabots de bois, l’astronome qui perd la vue est sou­vent nu sous sa cape de sol­dat, écar­late comme la cour de son domaine. Pour la « mon­tée vers les astres », le mil­i­taire grav­it par­fois à genoux les march­es, jusqu’au lit de fer de sa terrasse.

   Qu’un Français eût bâti, cela n’avait rien d’étonnant ; que ce fût le pre­mier sanc­tu­aire au vingtième siè­cle l’était. Mon oncle, qui trou­va sa survie sur mes livres, comme si les étoiles m’eussent prié de m’aimer. (Le Voy­age des Morts.) En 1958, juste après la mort de son « oncle des sables », ce veilleur de nais­sance monte la garde d’un fort isolé, aux con­fins de l’Empire qui s’écroule. Il écrit Zirara.

Un véri­ta­ble amour, une véri­ta­ble reli­gion… J’aime la lune comme on aime une femme. Dès qu’elle brille sur les palmeraies, je file douce­ment vers les hautes herbes de la brousse, je m’avance jusqu’aux rives du lac ; à prox­im­ité du désert, un poignard au tra­vers de ma cein­ture, j’adore la lune, et sans vouloir m’expliquer, tu peux devin­er ce que je peux faire. Quelle fille con­nue dans un bal serait aus­si belle, aus­si douce que l’Astre des Nuits ! (Let­tre à Paul Placet, Zirara, 30 juil­let 1958. Ed. Fan­lac. 2000.)

   Les astres défunts, dont nous sommes venus, devraient con­fér­er un ton dra­ma­tique à sa voix, en ces temps où la mort joue sur tous les tableaux. Non. La tran­shu­mance des âmes n’est pas, pour François, une éter­nelle tragédie. Elle est joyeuse. Le ciel est beau comme l’orgasme d’une fée ou d’une nova, dans les abîmes de la vacuité. A l’instar d’Anaxagore, Augiéras aurait pu affirmer qu’il était « né pour con­tem­pler le soleil, la lune et les étoiles. » Son auda­cieuse moder­nité donne un sin­guli­er relief à des codes désuets, comme à sa délec­ta­tion d’étreindre en dansant de vieilles lunes aux bais­ers d’argent. Choré­gra­phie d’un plaisir aus­si ralen­ti que vio­lent. Divine lenteur de la foudre. Les extrêmes se touchent sou­vent chez cet être libre, sur tous les plans. Dans L’Apprenti sor­ci­er, il avoue ne plus savoir s’il est magi­ci­enne, ani­mal, divinité, Homme, Femme ou Nymphe.

    Que ses amours soient physiques, tel­luriques ou célestes, son com­porte­ment amoureux est tou­jours lié à la splen­deur du ciel. Avers­es d’étoiles ou inno­cence de l’azur. Cet azur, il l’aime tant qu’il parvient à en dis­cern­er l’éclat dans un braséro éteint, au fond de l’obscure cham­bre d’amour d’une berg­erie de mon­tagne algéri­enne. Dans Le Voy­age des Morts, cet azur est Dieu répan­du dans l’espace. Et si la nuit était l’azur des amants ? La lueur sur les tisons morts était bleue, un azur par­fait.

   Toute nuit est lumière. Ain­si se résume la pen­sée d’Héraclite, vingt-six siè­cles avant lui. Très tôt, il veut reli­er ses deux pas­sions dans ses toiles. 

   Mes amours et le ciel étoilé, je voudrais les pein­dre. Mais dans quel style ? Cela m’obsède aussi.

   Des cri­tiques ont fait remar­quer que la nature était le per­son­nage prin­ci­pal de ses livres. C’est plutôt le fir­ma­ment, en toile de fond, sur lequel règne la divinité de la Nuit. Omniprésente, surtout dans le silence prim­i­tif du désert. C’est là qu’Augiéras décou­vrit vrai­ment son ‘âme éter­nelle’, en médi­tant, jusqu’à en être drogué, sur les pous­sières vivantes d’étoiles dans le ven­tre céleste.

   Pour bien com­pren­dre ce migrant, il faudrait se situer à la même alti­tude men­tale que ce lui. Com­pren­dre aus­si qu’il pos­sède une fan­tas­tique vital­ité sur­pas­sant celle de son oncle, célèbre chas­seur de fauves. Fon­cière­ment libre, il est et demeur­era Homme debout par­mi les ham­pes de roseaux.

   Ten­ter de traduire l’amour, tel fut le pre­mier élan de François-Verge‑d’Or, sur la terre des Grands Ancêtres pri­mor­diaux qui entrete­naient une rela­tion religieuse avec l’univers. Pour lui, toute chose est d’essence divine ; une mul­ti­tude de let­tres en témoigne. Tout se passe comme s’il pressen­tait que l’éblouissante lumière de l’Éveil sur­gi­rait lors de la trans­mu­ta­tion de l’énergie. La clé de son œuvre, c’est qu’à par­tir de huit ans, il vit l’expérience de l’illumination. Sans le savoir, il réin­vente les tech­niques chamaniques de l’extase. Il con­tem­ple éper­du­ment les étoiles qui, elles aus­si l’observent, surtout les nébuleuses, qui sont des accoucheuses d’univers. Il entend la musique des sphères. Il fait l’amour avec le monde. Il le fera jusqu’à la fin de ses jours. Il fusionne avec l’espace, comme s’il étreignait tous les corps. Tel un yogi, il n’a pas besoin de sup­port physique. Dans son ascen­sion vers la voûte céleste, sa quête con­siste à saisir la nature de l’esprit, immuable comme le ciel.

     La vio­lente expéri­ence orgas­mique du corps et de l’esprit, loin de le dis­soudre, lui fait attein­dre des états supérieurs de con­science. Vénus veille sur lui, miroir de la déesse de l’amour et de la con­nais­sance par l’intelligence des sens et du cœur. Con­science cos­mique et sens aigu­isés. Il s’évapore dans l’espace. Mais plus il se dis­sout dans une autre dimen­sion, plus il se trou­ve. Très jeune, à l’op­posé de l’o­naniste, il fait jouir son parte­naire, le Monde, excel­lente école avant la décou­verte du désir démesuré pour l’Autre, pour l’Ailleurs.

   Plaisir extrême, sans sup­port, spon­tané­ment accordé au désir des étoiles — deux ter­mes, on le sait, déri­vant de sider.  Son désir est sidéral, sidérant. Désir provient du verbe latin desider­are, déri­vant de sidus, sideris, désig­nant l’étoile, et sig­nifi­ant « regret­ter une étoile dis­parue». Le désir est fon­cière­ment source de Con­nais­sance ; François est un « homme de désir », dans la mesure où ce désir ardent est quête d’amour, de créa­tion, de sacré, c’est-à-dire de ce qui relie à l’univers. Il plonge dans le sup­plice des « brais­es de satin » cher à Arthur Rim­baud, son poète préféré. Celui de L’Éternité :

           «Puisque de vous seules,
            Brais­es de satin,
            Le Devoir s’exhale
            Sans qu’on dise : enfin.

           Là, pas d’espérance,
           Nul orietur.
           Sci­ence avec patience,
           Le sup­plice est sûr.
           Elle est retrouvée.
           Quoi ?- L’éternité
           C’est la mer allée
           Avec le soleil. »

 

   François se ressource en puisant dans l’Énergie du Vide céleste. En cas de dan­ger, ses amies les étoiles le pro­tè­gent. Le rameur immo­bile, de crainte de chavir­er, regarde les étoiles. (Inédit cité par Paul Placet. Vézère, toi­son d’or. Ed. Des Pêchs. 2013.) Il ne cesse de renou­vel­er son pacte avec les forces élé­men­taires de la nature. Il recou­vre, d’instinct, les gestes des pre­miers âges. Ébloui par la splen­deur de la vie, aus­si dépouil­lée que la voûte céleste, il lui arrive sou­vent de tomber à genoux et de ten­dre les paumes vers le ciel criblé d’astres.

    Sur un toit, la nuit, rêver en paix était ma vraie vie. De grat­i­tude, j’ouvris mes mains vers les étoiles. (Le Voy­age des morts).

    Les dieux de la Grèce antique ne choisirent-ils pas sou­vent la Terre pour abrit­er leurs ébats sub­limes avec de sim­ples mortelles ? Avant le grand saut dans l’inconnu, Augiéras a déjà la sen­su­al­ité prim­i­tive d’un jeune berg­er nomade et le mys­ti­cisme d’un ana­chorète. Sachant que la bril­lance du monde se con­fond avec la divinité, il a le rare priv­ilège d’aimer pour l’amour de l’amour. Son ami et biographe, Paul Placet, bien placé pour en juger, a tou­jours dit que François Augiéras n’est pas homo­sex­uel ; il ne fut pas et ne sera jamais un sodomite. Dominique Fer­nan­dez s’en porte garant. Il écrit qu’Augiéras, « tout en prenant libre­ment son plaisir avec de jeunes garçons, a ressus­cité rien de moins que le céré­mo­ni­al et le faste de l’amour cour­tois.» (Une aris­to­cratie morale. Europe. N° 931–932. Novem­bre-décem­bre 2006.)

   Dans Augiéras, le pein­tre (Ed. de la Dif­férence. 2001), le pein­tre Jean-Joseph San­fourche, proche d’Augiéras, jadis, con­firme : « Il fut un amoureux de la beauté, de la jeunesse, de l’enfance qui porte en elle tous les espoirs, toutes les inter­ro­ga­tions. Je ne crois pas du tout à cette homo­sex­u­al­ité. Il était prob­a­ble­ment l’homme de tous les amours.» Pour ce fils de Pan, l’amour pour toutes les créa­tures, éma­na­tions divines, con­stitue un acte de purifi­ca­tion. Dédaig­nant les con­ven­tions de son pays, il est fier de sa viril­ité. Avec un tran­quille orgueil, il n’hésite pas à le faire savoir, dans ses let­tres, ses livres, de vive voix. A pro­pos des jou­ven­celles à séduire, il écrit à Paul Placet: J’ai essayé de cacher ma sauvagerie, de faire l’homme du monde aimable en dis­sim­u­lant mes oreilles et ma longue queue de loup.

    Dans Le Voy­age des Morts, il con­fie : Entre ses cuiss­es som­bres, je glis­sai ma belle queue pointue, après l’avoir grais­sée avec un beignet doré.

   Du Maroc, il arrive un soir à la mai­son sans prévenir, tel un orage de chaleur. Comme chaque fois, avec un naturel décon­cer­tant, il éprou­ve le besoin de d’évo­quer ses débor­de­ments dans les petits bor­dels d’Afrique du Nord. A table, il par­le cru­ment de son zob, « beau, long et dur », à la troisième per­son­ne. Il décrit sa jouis­sance vol­canique, qui l’électrocute, infail­li­ble­ment. Si vio­lem­ment que c’est tou­jours comme la pre­mière fois. Si bien qu’il ne songe qu’à recom­mencer. Ce qu’il fait — même en rêve, ajoute-t-il, où l’attend son âme immortelle, dans les galax­ies. Une impudeur mag­nifique, géante. Jean Genêt sur le divan, déchainé. Mais un Genêt angélique, céleste, qui tutoie aus­si bien la mort que les anges et les démons. La « Mère ter­ri­ble » — mère de mon com­pagnon de l’époque, chez laque­lle nous habitons, dans le Tarn — ne sort jamais de son antre, au rez-de-chaussée. Qual­i­fiée de « sor­cière préhis­torique » par François, elle se dit trau­ma­tisée d’héberger à l’étage « un sale type qui fait le trot­toir à Alger. Si les voisins savaient çà !» 

   Augiéras parvient par­fois à l’orgasme, sans le chercher, en se lais­sant flot­ter par­mi les fleurs aqua­tiques con­stel­lant la Vézère incendiée par le soleil. Pour lui, la riv­ière (ma seule épouse) est Femme. Elle ren­voie à son élé­ment aqua­tique, à la salive de son coquil­lage, à sa rosée voluptueuse. Sa par­tie fémi­nine, dit-il, a besoin d’être fécondée par la puis­sance infinie des cieux. Il prend avec les yeux. Il est capa­ble de provo­quer d’étranges phénomènes dans la moelle épinière d’autrui, par la grâce du regard et du mental.

   Les jouis­sances de François, peu­vent avoir lieu sans qu’il ait besoin du sens du touch­er, de la vue, de l’odorat ou des autres sens. Il lui suf­fit de s’abandonner à cer­taines visions, sans rela­tion appar­ente avec ce que l’on nomme les plaisirs des sens, mais qui les con­ti­en­nent tous. Des images de l’infini céleste, des explo­sions d’étoiles col­orées, des sen­sa­tions à l’état brut, de l’énergie à l’état pur.  Il s’identifie à une femme qui jouit, ou plutôt à un androg­y­ne, ce qui le relie au cos­mos. Il vit l’amour cos­mique au sens fort du terme. Si le plaisir est soli­taire, il ne cul­pa­bilise pas. Il le décu­ple en le partageant, religieuse­ment. « Celui qui jouit le plus est celui qui prie le plus » écrit Büch­n­er dans La mort de Dan­ton. François Augiéras est capa­ble de retenir sa semence à volon­té. Il est tantrique de nais­sance ; il n’a jamais reçu d’initiation à des tech­niques exigeant une longue ascèse. Une de ces ini­ti­a­tions per­met de pra­ti­quer le yab-yum, l’u­nion par­faite­ment immo­bile avec une parte­naire, aus­si bien de chair que de pur esprit. Chez cet exilé sur terre, il ne s’agit d’une ten­dance naturelle à trans­former l’én­ergie sex­uelle en énergie spir­ituelle. Et l’on sait que plus la pre­mière est puis­sante, plus la sec­onde en béné­fi­cie. Pour s’élever, dans le tantrisme, encore faut-il avoir une pas­sion à trans­muter. La jouis­sance d’Augiéras est par­fois com­pa­ra­ble à celle d’une femme fontaine, lorsque les éclus­es sont lâchées. Une de mes rela­tions, authen­tique her­maph­ro­dite, m’affirma en secret qu’elle pou­vait choisir de jouir, à volon­té, comme un homme, comme une femme ou, par­fois, comme les deux à la fois. L’honnêteté de la per­son­ne incite à le croire. 

    La soli­tude de François est de plus en plus fon­da­men­tale, jusqu’à son dernier souf­fle. Cette soli­tude est le prix de la lib­erté. Son œuvre n’émergera, bien après sa dis­pari­tion, que s’il va jusqu’au bout de son grandiose isole­ment. Cet exilé sur terre le sait.

    Je suis seul…Je suis quelqu’un qu’on ne peut jamais aider.

   Sa soli­tude con­stitue l’osti­na­to musi­cal de tous ses ouvrages

   L’édifice admirable des étoiles bril­lait sur les roseaux, sur les eaux : au loin, le musée de mon oncle… A l’écart des autres hommes, une pen­sée dont je com­pre­nais enfin la valeur ines­timable : la solitude.

   ( …) La fin du siè­cle ver­ra la vic­toire de l’opinion des soli­taires. (…) Rien ne se fait de grand que dans le silence et dans la solitude.

   Mais pour cet affec­tif, l’Autre est ce qui importe le plus au monde. L’autre devient lui. Il a besoin de se séduire, de se sur­pren­dre, de s’inventer tous les jours, non par nar­cis­sisme mais pour DONNER, à voir, à lire, à méditer, de la manière la plus intense qui soit.

    Quand vient le soir, la magie du cré­pus­cule, j’en­tends l’ap­pel vers la musique, vers la lit­téra­ture, vers les aven­tures … vers l’amour. Mais le matin ! Face au réel, j’éprou­ve ter­ri­ble­ment le besoin de fab­ri­quer, au cœur même du réel, des objets qui soient beaux. (Let­tre à Jean Boyé, 8 mars 1957. Augiéras le Pein­tre. Édi­tions de la Dif­férence, 2000.) 

   Un seul ciel ne lui suf­fit pas. Comme Gior­dano Bruno, il croit en la plu­ral­ité des mon­des. Dès le début des années 60, il a étudié Les Som­nam­bules d’Arthur Koestler,  analysant l’œuvre des astronomes dont le génial précurseur est Gior­dano Bruno. (Édi­tions Cal­mann-Lévy, 1960.) Il ne lira que des extraits de l’auteur des Fureurs héroïques, puis l’essai d’Émile Namer sur le philosophe napoli­tain de la Renais­sance (Bruno, Édi­tions Seghers, 1966). Il en fut pro­fondé­ment troublé.

    « Ain­si, il n’ex­iste pas seule­ment un monde, une terre, un soleil, mais autant de mon­des que nous pou­vons voir de lumières briller autour de nous, qui ne sont pas plus dans un seul ciel, un seul espace, un seul con­tenant sphérique que notre terre ne se trou­ve dans un seul univers, con­tenant un seul espace ou un seul ciel.» (Gior­dano Bruno. De l’infini, de l’univers et des mon­des. 1584).   Lui-même n’est-il pas inscrit dans le ciel ?

   Il me sem­ble être par­fois une loin­taine étoile (…) Dis­ons, si tu veux, un quasar, ces étoiles dif­fi­ciles à situer, aux sig­naux très énig­ma­tiques et sur le compte desquelles toutes les hypothès­es sont pos­si­bles. (Let­tre à Jean Chalon. 29 mars 1970. Le dia­ble ermite. Édi­tions de la Dif­férence, 2002). 

   Le nomade sait, depuis tou­jours, visu­alis­er les univers en cas­cades. Domme ou l’Essai d’occupation est, comme les précé­dents, un livre de survie du Grand Vivant. Son tes­ta­ment. Augiéras offre ici le secret de son androg­y­nie spir­ituelle, dans une nuit de fête et d’amour.

    Ce soir du sol­stice d’été, j’aime les astres plus qu’à l’accoutumée. C’est un appel amoureux, sex­uel, à un niveau de con­science ignoré des humains ; je ressens l’infini qui émane des astres. Ils sont la beauté même. Ils flam­bent. Ils sont l’Énergie Pri­mor­diale incar­née dans les espaces et les temps. Avec une joie sauvage, la part fémi­nine de mon âme se laisse pénétr­er par la force du ciel ; elle s’abandonne aux hasards et aux méta­mor­phoses ; elle accepte de vivre éter­nelle­ment dans un demi-som­meil, aimée, rêvée par les étoiles, tan­dis que le côté vir­il de mon car­ac­tère tend à voir l’Univers, à par­ticiper à son exis­tence dans un état de pur éveil, à l’aimer en toute lucidité. 

   Vers la fin de sa vie, dans le dénue­ment grandiose de sa grotte, il retrou­ve le temps d’avant la rup­ture entre les humains et les dieux. Il appelle de toutes ses forces la Femme et l’Homme futurs, tournés vers les grands Anciens. Cha­cun de ses tableaux, cha­cune de ses pages est un pont de verre entre les galax­ies. Sur la grande acro­p­ole de Domme, l’anachorète est devenu un yogi sauvage. Il quitte son corps à 46 ans. Cer­tains lecteurs ne par­lent de lui qu’au présent. Il nous livre une dis­crète clef :

    Ma fac­ulté de voir l’Énergie à l’état pur n’est pas humaine.

                                                                      

BIBLOGRAPHIE SOMMAIRE

Le Vieil­lard et l’en­fant. (Sous le nom d’Ab­dal­lah Chaan­ba, 1949 — Chaam­ba avec un « n » —  225 exem­plaires, « Imprimé en Bel­gique ». Édi­tions de Minu­it, 1954. 1963. Précédé de « Zirara », Minu­it, 1985).

Revue Struc­ture. Pierre Renaud, Paris. (Dans les cinq numéros, 1957–1958).

 Zirara. Réc­it. (Sous le nom d’Ab­dal­lah Chaam­ba, éd. Struc­ture, 1958).

Le Voy­age des morts, Jour­nal de bord. (Sous le nom d’Abdallah Chaam­ba, La Nef de Paris, Col­lec­tion Struc­ture, 1959. Sous celui de François Augiéras : Fata Mor­gana, 1979. Gras­set, « Les Cahiers rouges », 2000). 

L’Apprenti sor­ci­er, roman. (Sans nom d’auteur : Jul­liard, 1964 — sous celui de François Augiéras : Fata Mor­gana, 1976. Gras­set, « Les Cahiers rouges », 1995).

Une ado­les­cence au temps du maréchal.  Réc­it (Chris­t­ian Bour­go­is, 1968 ; Fata Mor­gana, 1980 ; sous le titre voulu par l’auteur,  La Tra­jec­toire, Fata Mor­gana, 1989 ; sous le titre Une ado­les­cence au temps du maréchal et de mul­ti­ples aven­tures, La Dif­férence, 2001). 

Un voy­age au mont Athos. (Flam­mar­i­on, 1970, 1988 ; Gras­set, « Les Cahiers rouges » 1996). 

Les noces avec l’Occident (Abdal­lah Chaam­ba. Fata Mor­gana, 1981). 

Domme ou l’Essai d’Occupation (Fata Mor­gana, 1982 ; édi­tion inté­grale, Le Rocher, 1990 ; Gras­set, « Les Cahiers rouges » 1997). 

Les Bar­bares d’Occident (Ed. Fata Mor­gana, 1990 ; La Dif­férence, 2002).

Let­tres à Paul Placet (Fan­lac, 2000). 

Le Dia­ble ermite. Let­tres à Jean Chalon, 1968–1971 (La Dif­férence, 2002). 

Paul Placet. François Augiéras, un bar­bare en Occi­dent (Fan­lac, 1988).

Serge Sanchez. François Augiéras, le dernier prim­i­tif (Gras­set. 2006).

Olivi­er Hou­bert. Butins. (La Part com­mune, 2014).

De nom­breuses  pein­tures de François Augiéras furent sou­vent exposées. En 2000, à la Mairie du 6°, à Paris ; au Fes­ti­val de Venise, en 2006, etc.

Film his­pano-suisse : Los pasos dobles. Isa­ki Lacues­ta, avec Miquel Barce­lo. 2011. (Prix de la Coquille d’or au fes­ti­val de Saint-Sébastien).

 

 

 

 

 

 

 

                                                          

 

 

 

 

          

 

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