La revue Le Ortique accueille Marceline Desbordes-Valmore
La très belle revue italienne Le Ortique explore la littérature féminine internationale, et propose des articles en version bilingue Italien Français. La direction artistique n'a rien à envier aux contenus, diversifiés et riches tant en matière scripturale que pour l'iconographie, le tout accompagné par la rubrique Podcast qui offre de nombreux liens sonores faisant vivre cet ensemble déjà remarquable.
Après un entretien accordé à la revue, accessible à l'adresse https://leortique.wordpress.com/2021/03/24/la-voce-fissa-le-immagini-unintervista-a-marilyne-bertoncini-poeta-bilingue-e-traduttrice/ Marilyne Bertoncini, accueillie au conseil de rédaction, inaugure sa propre rubrique, MUSARDER, consacrée à la redécouverte d'écrivaines et artistes oubliées, et signe un article sur Marceline Desbordes-Valmore. Il semble que mettre à l'honneur cette pionnière de la poésie romantique soit une juste mesure. Elle invente le vers de 11 syllabes, impair, impose un lyrisme intime. Verlaine dira qu’elle est « La seule femme de génie et de talent de ce siècle et de tous les siècles ». Marceline Desbordes-Valmore est peu connue par ses contemporains pour ses recueils, un peu plus connue dans la presse où paraissent ses « romances » et parce que ses textes sont chantés.
Elle écrit donc une poésie qui prend de l’essor hors du livre. Elle est entendue. Mais tard. Et aujourd'hui il semble nécessaire de rappeler ce parcours, et ce que lui doit la poésie.
C'est chose faite avec cet article, Marceline Desbordes Valmore (1786-1859) eroina romantica e poeta precursore del romanticismo, richement illustré et accompagné de nombreux poèmes et liens YouTube.
Une synthèse, entre des éléments biographiques et une poétique inédite dont Marilyne Bertoncini rend compte, permettent de découvrir des aspects souvent occultés de la vie et de l'œuvre de la poète. Nous découvrons aussi que ses vers ont beaucoup circulé, car ils sont proches de la romance, genre en vogue au XIXème, et genre populaire qui offre l’opportunité de permettre des innovations poétiques, des variations métriques et propose une certaine souplesse. Elle invente des formes libres, forge une nouvelles parole poétique, et loin de toutes les conventions classiques elle invente une poésie qui a la puissance de cette liberté. Elle est portée par le désir de dire juste (elle introduit même du patois dans ses textes). Marilyne Bertoncini nous rappelle les nombreuses adaptations musicales auxquelles ses poèmes ont donné lieu, et accompagne cet article de nombreux poèmes.
Cet article est fidèle à la ligne éditoriale de la revue, Le Ortique, car il offre un panorama synthétique sur cette grande poétesse qu'était Marceline Desbordes-Valmore, mais il ouvre également des voies, des questionnements. A l'heure où la poésie, sa pensée critique comme la production de la majorité des discours théoriques littéraires sont majoritairement le fait des hommes, il est bon de rappeler que des femmes ont jalonné la route de l'histoire littéraire de joyaux qui ont éclairé des générations, car malgré cet état de fait, et la puissance de sa poésie, malgré son œuvre d’une grande richesse, l’histoire littéraire a préféré attribuer la découverte et l’énonciation d’une pensée et d’un art romantique à des hommes. Les femmes qui ont non seulement contribué à l’édification du mouvement mais qui en sont, pour Madame de Staël pour la théorie et Marceline Desbordes-Valmore pour l’élaboration de formes et de tonalités novatrices, à l’origine, ont totalement disparu des instances retenues comme fondatrices de cette modernité littéraire, dont le masculin a récupéré les lauriers.