La première livraison de cette série de chroniques que nous devons à Michel Host a été publiée dans le tout premier numéro de Recours au poème, le numéro 1 de en mai 2012.
∗∗∗
Le Scalp en feu est une chronique irrégulière et intermittente, dont le seul sujet, en raison du manque et de l’urgence, est la poésie. Elle ouvre six fenêtres de tir sur le poète et son poème. Selon le temps, l’humeur, les nécessités de l’instant ou du jour, son auteur, un cynique sans scrupules, s’engage à ouvrir à chaque fois toutes ces fenêtres ou quelques-unes seulement.
UNE PENSEE
« La poésie n’est jamais fictive ». (Frédérick Tristan)
Même négative, cette tentative de définition de la poésie est une des plus profondes parmi toutes celles que j’ai rencontrées. On la relira dans Le retournement du gant — (Entretiens avec Jean-Luc Moreau, p. 73, Fayard, 2000).
Il me faut faire un ou deux pas de plus.
Oui, bien entendu, la Poésie de l’un ou l’autre, tel ou tel de ses poèmes, avant que d’être écrits, puis figés dans les pages d’un recueil, ont d’abord tissé un lien profond avec son existence, sa temporalité sur terre, ses amours, ses goûts et ses dégoûts, ses révoltes… En somme, ce que l’on résumerait par l’expérience, la part non-fictive de l’homme, de la femme qui se sont déclarés poètes.
Mais s’ouvrent aussitôt un champ de mines et le jeu de vie ou de mort. De ce lien, de cette expérience, le poète peut n’avoir fait que le théâtre de ses opérations intimes, le lieu où, habile stratège, avec plus ou moins de discrétion il sollicite l’admiration de ses généraux et celle des généraux qu’il aura vaincus. On résume cette position, d’ordinaire, par poésie nombriliste. À moins qu’il ne s’agisse de poésie imitative, car il n’est pas exclu que le militaire des Lettres s’inspire d’autres stratèges des temps anciens, les Gengis Khan, les Alexandre, les Scipion, les Napoléon du verbe poétique… Que n’est-on capable de faire, en effet, pour être encensé ! Souvent, cette poésie-là perd ses bras, ses jambes et sa vie sur les terrains où elle fait mine de combattre. Elle périt car elle est périssable.
L’autre cas, plus rare il me semble, est celui du stratège qui n’entre en lutte, en poésie donc, que pour sauver les siens, je veux dire les hommes. On ne sauve qu’en ralliant les peines de tous, les enthousiasmes de tous : en partageant, en somme. C’est dire que cette « expérience », cette part non-fictive, est hautement transmissible et clairement à transmettre. Partagée, elle n’est plus fiction de soi. Qu’elle s’appuie sur la beauté ou l’horreur, l’amour ou la détestation, la colère ou la célébration, qu’importe… les combattants, et derrière eux la foule, passeront à travers le champ miné et tout le monde restera en vie.
LE POÈME
C’est « La chanson des cheveux dénattés » de Jaroslav Seifert, poète praguois, tchèque et universel, parue dans le recueil Le concert en l’île et autres poèmes, publié en traduction[1] chez Belfond, en 1986, avec une préface d’Hubert Juin. Seifert reçut le prix Nobel de Littérature en 1984. Ce n’est pas pour cette raison que Le Scalp en feu le met en exergue, mais parce que son engagement ne fut pas de façade et que la vie est au cœur de sa poésie.
Hubert Juin nous en dit ceci : « Pas de tumulte, ici. Pas de rhétorique éclatante ou indue. Pas d’éclat, justement. Cette mesure partout appliquée est plus terrible que les cris. C’est ainsi, je crois, que chemine la poésie de Seifert, s’avançant dans la profondeur. Elle a partie liée avec le quotidien, avec l’homme de tous les jours… »
- Donc, pourquoi Seifert ?
— Eh bien… « la profondeur »… « le quotidien »… « l’homme de tous les jours »… Nous tous.
— Et pourquoi ce poème et non un autre ?
— Pour la Femme, qui se trouve en son centre. Pour la beauté Femme intime, sa beauté cosmique.
La chanson des cheveux dénattés
Sans talons, dans des pantoufles de vair doux
bougent des jambes de femme.
Mes yeux refusent le sommeil.
Quand elle a rejoint la fenêtre, elle s’est assise
dans ses pantoufles de vair doux.
Elle cache son foulard de soie, plus lourd de quelques larmes,
là où il fut auparavant.
Combien pèse une larme ? Cela fait rire !
Comme est pesante cependant la solitude d’une nuit plus lourde de quelques larmes.
Il pleut en silence, le cheveu de son parfum
vers les rondeurs de ses épaules de colombe,
et le peigne soulevé par la main
regagne en descendant la tresse
des cheveux de ce parfum.
Elle couvrira la tempe de sa beauté,
Sous la cambrure d’un bras. Légèrement,
pour la nuit, elle refait ses tresses défaites il y a un instant,
sur la tempe de sa beauté.
Jaroslav Seifert
LE POÈTE
Gaston Marty est le Poète.
Non parce que je l’avais rencontré, il y a des années aujourd’hui, sans m’être douté de rien. Il ne m’avait pas donné alors l’occasion de deviner quoi que ce fût. Il fut mon professeur de pédagogie de l’espagnol, langue et culture que je m’apprêtais à enseigner pendant des dizaines d’années. Il pratiquait, ô combien ! son métier, j’apprenais le mien. C’est une autre rencontre, celle que je fis des Éditions de l’Atlantique, sises à Saintes, en Charente-Maritime, qui me permit de le retrouver : il y publiait des recueils de poèmes. Nous refîmes connaissance sur cet autre terrain, comme dans une « autre vie » qui s’ouvrait.
En premier lieu, je reprends ici des notes que la revue en ligne La Vie littéraire avait accueillies lorsque ne lui avait pas succédé encore La Cause Littéraire. Et aussi j’y détaille un peu plus les circonstances de ces retrouvailles inattendues.
En second lieu, je citerai quelques poèmes de Gaston Marty, qui nous parlent de l’ici et du maintenant, mais aussi de l’hier et de l’ailleurs.
I – QUATRE SAISONS UN DÉSIR de Gaston MARTY
Aux Editions de l’Atlantique, Collection Phoïbos, 2009
Gaston Marty fut mon guide lors de la préparation de concours destinés à faire de moi un professeur d’espagnol, il y a de cela quelque temps ! C’était à Orléans. Un heureux hasard — ma rencontre avec les éditions de l’Atlantique, précisément – a permis que nous nous retrouvions. La France est petite et grande à la fois : ce maître excellent était donc aussi poète ! J’aurais bien dû savoir que, pour beau et exaltant qu’il soit, le métier de professeur (c’était ainsi qu’il était alors, et j’espère qu’il l’est resté en dépit des bruits sinistres qui courent ici et là !), s’il fait dans bien des cas la totalité d’un homme, lui ouvre cependant assez de portes pour qu’il puisse, s’il en a la force et le désir, se réaliser dans une vie plus ample, à d’autres mesures. Je suis donc reparti sur la piste de Gaston Marty, elle me conduisit vers le sud, là où il vit désormais, occupé d’une revue de création littéraire — Souffles -, et de sa propre poésie. Son recueil des Quatre saisons n’a rien d’horticole et tout de ce plus vaste désir. Son éditrice présente ainsi sa poésie : « [Elle] est pleine de compassion et d’humanité… celle qui s’interroge et interroge le souvenir. Il faut y ajouter une langue parfaitement originale et des images qui nous enchantent, faisant vibrer en nous la mémoire perdue. » (Silvaine Arabo).
Une langue, oui, et qui sonne, claire, sur ce temps du souvenir, parfois d’une nostalgie vite rappelée à la tenue, à la noblesse discrète de l’allure et du dire… Genio y figura ! – quelque chose d’espagnol peut-être, de simple et d’essentiel :
La vieille femme se tient buste droit
…………………………………………………
Je savais en sa cuisine trouver salon
Aux reflets de feu sur mosaïque gauchement réparée.
Table aussi que l’on touche à regret
Par peur de blesser la nappe et défleurir le temps.
Accourez maison inachevée mémoire fidèle
La femme étiole les fleurs changées de vase faux cristal.
On le pressent, plus que les quatre temps de l’année, c’est le temps tout entier qu’emportent avec eux ces vers d’autant plus libres qu’ils se vêtent de rigueur et fuient toute emphase. La force en est telle qu’ils nous emportent aussi dans ce temps élargi, même ceux d’entre nous qui n’en auront respiré que de lointains effluves, ou même n’en auront rien respiré. Sa poésie me semble avoir été de longtemps densité, cristallisations, prises secrètes dans et sur un réel sans cesse à saisir, énigme de nous-mêmes que l’énigme d’un tour inattendu tente d’ouvrir pour nous le révéler. En témoignent ces distiques bleutés et suspendus, dans l’attente des lectures révélatrices :
Il n’était plus ici rumeur de ville
mais pierre bleue un extrait de jour et nuit
Cassant comme une falaise dussent y foisonner les nuages
je m’essayais à ce bleu brusqué ou sans trouble
Parfois enfoui bleu de la plus belle eau
et en sa qualité la remontée des oiseaux
Haut nouage (2001)
Dans l’attente du miracle d’adolescence, de ce que le jour déraille enfin, de ce que nous nous appropriions un autre monde, celui du partage, son visage et notre autre visage… Ainsi dans les proses brèves de « L’onde et la braise » (1988) : « On nous dit de partager mais quelles miettes si par escapade nous découvrons de quelle rivière sourdent les verdures aux visages de feuilles. Il suffirait j’imagine de supplier le monde d’entrer en poésie ou suivre au matin délié la bruine alliant prairies pelouses cœur des sarments pour qu’entre nuit et jour réverbère et soleil émergé le train de l’aube brise ses aiguillages. »
Faisons retour à ces « Quatre saisons un désir » que viennent de publier les Éditions de l’Atlantique. Ce pourrait être notre livre d’heures, celui des heures condensées, rassemblées, d ‘une existence qui suit son tracé aventureux quoique posé, méditatif et songeur. Non livre de prière — encore que la vie demande qu’on la prie de nous laisser la goûter pleinement -, mais livre célébratoire, sous sa tenue de travail et de parade intime. En témoigne l’exergue, emprunté à Alain Fournier : « Au vent de cet hiver qui était si tragique et si beau ». J’y devine tout un siècle qu’on ne se résignera pas à jeter aux chiens en dépit qu’il fut si difficile. On y prit le meilleur dans sa soudaineté :
Nos danseurs jour et nuit de la Saint-Jean
n’avaient envisagé les mépris de plus tard
les horizons se couchant leur suffisaient.
Adolescence telle une rafale
et la pierre jetée dans l’eau sous forme de galet
repart de la surface qu’il caresse.
On y avança, en ce siècle-là, de cent façons, toujours en quête d’une forme nouvelle du destin, d’une espérance dans les mots mêmes des livres :
L’errance fut celle d’un piéton du sable
au rendez-vous de la voile conquise.
Sous la poudre volante crissaient rues platanes
parquets rues en beau désordre.
………………………………………………………..
Il nous revenait de rallier quelques livres suprêmes
avenues et appartements d’un exil tourné en résidence.
Pâques se complaît à intervertir pages et murmures
dormeuse buée regard fixe des mots.
L’exil est résidence. Brève et provisoire sans doute. Gaston Marty s’arrête et repart aussitôt. « Le parcours levé tôt apprivoise le lointain / une journée si longue nous verra ailleurs. » Le secret est dans cette perpétuelle mobilité, qui aide à comprendre et accepter :
Il est jours tellement grenus que même
la chanson de plainte s’y perdra
jours étouffés dans la nuit.
Commandeur de la mer et la mort
le temps à dos d’homme se déshabille peu à peu
le temps se mêle à nos foules croisées
d’un air de léger compagnon.
Et si pèse l’inéluctable hiver, s’il convient de le regarder en face : « La suite va être un hiver sans échappée / imposant la pierre sous forme de pierre / ou d’eau gelée jusqu’à la profondeur des maisons.’, si « Le papillon perd dans nos mains la poudre de ses ailes »…, reste à se dépouiller de l’inutile « en un regard infini », à trouver « un verger aventuré aux frontières possibles », car « Arrive l’heure des temps pacifiés / s’épanche le suc de l’arbre qui craint la gelée / notre marche nous mène à des faubourgs orangés. »
Livre d’heures de Gaston Marty, oui, ou « Saisonnier », image d’une vie exprimée en ses quatre étapes symboliques, haute pensée, stoïque et espagnole quant à la profondeur, sensible et lumineuse tel un grand ciel variable, émouvante en son dire fluide et mesuré, au plus près du phénomène de notre existence prise dans ses frontières d’espace et de temps, mais libre celle-ci parce qu’elle se dit et s’écrit infiniment, heureusement :
Au milieu d’une puissante immobilité des choses
S’élèvent les feux tressés du bonheur.
*
II — QUATRE POÈMES
(Extraits de L’ombre de partage)
Même sans signet l’œuvre s’épanouit à la juste page
puis deviendra un vaisseau d’oubli.
Une feuille emporte la feuille précédente
Il en est qui fuient devant l’auteur muet
poursuivi par les soleils.
Aidons les yeux très neufs à déchiffrer
les livres capables d’être suprêmes.
Pour qui choisit cet esseulement d’écrire
le libre texte se mire dans l’illimité
de l’après-midi.
*
Nous voici désertés
Nous avons eu l’insigne noblesse d’échouer
à flanc de gare et balcons à l’entour.
Une houle de trains ralentis enlace de loin
les maisons émergeant de brumes ensoleillées.
Simple passage ou arrêt durable le récit de branche
craque en sève glacée d’un printemps sans merci.
Bifurcation des rails essaimant à cette approche
ou débordant au-delà de la marquise.
Les trains immobiles boivent les saisons.
*
Nous souhaitons à ce ciel volutes pour oiseaux
s’envolant des terrasses à l’envers des nuits.
L’espace se lève entre toits
et arrières de demeures
que la mer a violacées et défroisse.
Carrefour invisible entre les toitures
Divers élans s’y croisent
le temps d’une corolle.
Délectation de ne pas savoir où point le jour
tant la cour possède de façades vitrées.
*
Cette distance nuage à nuage occupe
une belle part de l’après-midi
suscite village d’embarquement et abordages terriens
présence fragile de la voix.
Tellement le souvenir regroupe les visages
le temps reste en retrait
de part et d’autre de nos vies.
_________________________.
Gaston Marty a aussi écrit et publié: L’onde et la braise (La Nouvelle Proue, 1988) ; En cet azur de grises cavalières (Académie européenne du livre, 1991) ; Conteuse d’orage (Poésie sauvée, collection, 1995) ; Vers des faubourgs orangés (Ed. du Panthéon, 1995) ; Jusqu’au dernier soleil (Collection Lucarne sur, 1988) ; Comme un affût endormi (Collection Lucarne sur, 2001) ; Haut nouage (Cahiers Froissart, Valenciennes, 2001) ; Quelques demeures inquiètes (Collection Lucarne sur, 2002) ; Une brassée au plus près du feu (Ed. Encre & Lumière, 2003) ; Visage de source (Littérales, 2006) L’ombre de partage (Souffles, 2008). Il a été couronné à de nombreuses reprises, entre autres du Grand Prix de la Compagnie des Ecrivains méditerranéens de Montpellier (1986) ; du Prix Comtesse de Mauléon Narbonne (1987) ; du Grand Prix de la ville de Béziers (2003)…
Toujours aux Éd. de l’Atlantique, prochainement, sera publié de Gaston Marty le recueil : À cette ville qui sut boire ses amants, sable et vent.
AUTRE(s) CHOSE(s)
Il m’a toujours semblé que la poésie, pour « tenir », doit tenir à ma vie, à mon être caché, puis visible, celui de mes songes et de mes actes. Elle tisse le lien de cohérence.
Bien qu’elle puisse y donner de belles images, de jolies musiques, sa demeure n’est pas la rhétorique.
*
« Un grand corbeau traverse le ciel du XIIIe arrondissement. Il se dirige vers le Panthéon et les tours lointaines de La Défense. Il ne laisse derrière lui aucune trace, aucun sillage. Il ne le sait pas et le saurait-il qu’il n’en aurait cure. » ( Faits & Gestes, carnets, 2012 )
C’est en mars de cette année 2012. L’hiver va finir. Le ciel est dégagé. Je vois le corbeau et l’inscris en ma mémoire. Il s’éloigne, point se minusculisant dans l’espace blanc. Où va-t-il ? Où va-t-il si loin, si sûr de son cap ? Cherche-t-il l’introuvable vie ? Sait-il, là-bas, un port d’arrivée, un peuplier que seuls connaissent les grands corbeaux ? L’émotion me saisit de cette solitude infinie. De cette force aussi l’image me poursuit et me peuple.
* *
À propos des mauvais poètes : « […] évidemment, personne n’a jamais eu le courage de suggérer ce que l’on devrait faire aux petits oiseaux qui ne savent pas chanter et qui chantent quand même. Il semble ne pas y avoir de suggestion possible, à part leur tirer dessus. »
G. K. Chesterton, De la mauvaise poésie
Extraits d’un « Petit Vocabulaire de survie, contre les agélastes et la timidité dans la pensée et le dire » — par Michel Host (à paraître aux éd. Hermann) :
POÉSIE
Selon la Mère Michel, c’est « le roc fertile. »
L’idée n’est pas son amie : « La poésie cesse à l’idée. Toute idée la tue. » (Jean Cocteau)
Ne pas la confondre avec ses succédanés : la pôôésie… la poézzzzzzie… la pwèzie… etc.
POÈTE
Platon contesta son utilité. Il s’est donc fait d’une grande discrétion, au point d’apparaître, dans nos paysages, sans plus d’importance que celle d’un bœuf ou d’un mouton : « Si un poète demandait à l’État le droit d’avoir quelques bourgeois dans son écurie, on serait fort étonné, tandis que si un bourgeois demandait du poète rôti, on le trouverait tout naturel. » Baudelaire.
Si, selon Balzac, « madame de Bargeton s’était éprise du Byron d’Angoulême », c’est qu’il y eut bien plus de faux Byron que de vrais. Cette reproductivité du médiocre se reflète aussi dans bien des œuvres dites poétiques : « Ignorerais-tu, du reste, que les vers de nos jeunes rimeurs ont la faculté de se reproduire comme des lézards dont la queue repousse allègrement même si elle a été tranchée à la base ? » Ernst Theodor Amadeus Hoffmann.
FEU(x) SUR DAME POÉSIE
LE POÈTE AVEC OU SANS RECUEIL
Il est plusieurs façon de faire feu : sur qui l’on attache au poteau : il y faudra tout un peloton d’exécution, d’ailleurs difficile à réunir ; et sur qui l’on allume les flambeaux pour voir briller ses joues, son front, ses yeux. Nous préférons user de cette manière. De la première, beaucoup moins, et s’il se peut jamais, quoiqu’il faille bien, parfois, que justice soit faite.
« Dame Poésie » — ne signifie nullement que Le Scalp en feu ne traitera que de la poésie des poétesses.
« Le Poète avec ou sans recueil » — signifie que des débutants, voire des inconnus pourraient se voir ici scalpés sans plus de façons !
Poèmes de Charo Rojo
Charo Rojo est madrilène, spécialiste de l’art et de l’esthétique, élevée dans la magnifique université Complutense. Elle a étudié l’avant-garde littéraire espagnole des années 1927–1932, le surréalisme, et que sais-je encore… Elle peint et sculpte, et son esprit s’est naturellement tourné vers la spiritualité, la méditation. Nous aurons l’occasion de reparler d’elle. Voici, en attendant, quelques-uns de ses poèmes récents.
EL NUEVO SER
No es momento de destapar recuerdos
ni de recoger la arenas dormidas
que se perdieron en el camino.
No es tiempo de mirar hacia atrás
porque la lluvia ya no cae
sobre los campos del ayer
ni el sol riega con su luz
los templos que quedaron dormidos.
Pero sí es el momento de recibir letras
como luces entre dos manos,
luces como la verdad y el perdón,
compañeros silenciosos en nuestro caminar
huéspedes necesarios del corazón.
Es el momento de levantar los ojos,
de escalar las montañas más altas
y desplegar nuestras alas.
Es tiempo de abrirnos a otro espacio,
de recibir al planeta Tierra,
de mecerlo
y cantarle
y velar en nosotros sus sueños de primavera.
Porque acaba de nacer
en el despertar de los tiempos
lo diferente, el nuevo ser.
Charo Rojo
EN LOS DOMINIOS DEL CORAZÓN
Allí donde anida la música más clara
todas las palabras que aún duermen
el sueño de los hechos por nacer
me devuelven al camino de la infancia
al inicio remoto de mi Ser.
Estás en mí
y te llamo Verdad
Silencio lleno
Espíritu asistente y Guía
Espacio celestial en mi cuerpo.
Y te pregunto qué tengo que decir
qué palabras debe escribir esta pluma
qué silencio he de romper
para que los sonidos necesarios
para todos nosotros se pronuncien.
Aún mi voz se aloja en tu hueco
sin obtener respuesta
pero tu presencia me augura
capullos recién florecidos
en este infinito invierno.
Todo es diferente en los dominios del corazón.
Los silencios son velas, pequeñas chispas de paz
calor puro, colores entre las sombras
verdades aún mudas o tal vez dormidas…
Y con solo tu presencia anuncias el despertar.
La Libertad lucirá su blanca mirada
y nos dirá el porqué de los cuadrados unidos
rejas soldadas a nuestro ser
como si fuéramos tan solo ventana
ojo prisionero buscando el azul.
Nos dirá que somos más que un buscar
porque somos sobre todo acción
microcosmos divino
espacio donde luchan los contrarios
enfrentamiento inmemorial.
Nos dirá que somos además un fluir
un comienzo a cada nuevo instante
ese fluir que por encima de la lucha
reclama su alma de río
agua siempre nueva saciando nuestra sed de paz.
La inmensa bondad nos envuelve
su calor atraviesa nuestra piel.
Solo al despertar llenos de luz
comprendemos el gran secreto
ése que solo anida en los dominios del corazón.
Somos vuelo
potencialidad
lámpara incandescente
la mano de Dios en la Tierra
aroma sagrado de eternidad.
Charo Rojo
____________.
N.B.
La volonté “internationaliste” du Scalp et du magazine dans lequel il s’insère fait que l’on ne traduira pas systématiquement les poèmes et textes ici publiés.
LIEUX DE POÉSIE
Lieu 1
La flaque sur le trottoir après la pluie
les moineaux y viennent boire
leur splendide étang
Lieu 2
Les Éditions de l’Atlantique – BP. 70041 – 17 102 SAINTES CEDEX
http://mirra.pagesperso-orange.fr/EditionsAtlantique.html
Les Éditions de l’Atlantique publient aussi la superbe et abondante revue : SARASWATI
Lieu 3
La revue
NOUVEAUX DÉLITS est régulièrement publiée par Cathy Garcia, qui est une poétesse que je considère comme l’une des plus grandes et lumineuses de notre époque. D’elle LE SCALP EN FEU sera amené à parler plus longuement dans quelque temps. Vient de paraître le n° 42 de sa revue (avril, mai, juin 2012) : on y lit l’aujourd’hui, l’urgence, le rire, les larmes, les charmes…
Aller sur le site :
et sur : http://www.arpo-poesie.org/
Fin de Scalp 1
[1] Traducteur : Igor Polach, en collaboration avec Hélène Angliviel de La Beaumelle.
- Marc Kober, L’ours des mers - 5 juillet 2021
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- Michel Host, LES JARDINS D’ATALANTE - 4 juillet 2021
- Le scalp en feu (1) - 3 juillet 2021
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