« Poésie Ô lapsus » Robert Desnos
Le Scalp en feu est une chronique irrégulière et intermittente dont le seul sujet, en raison du manque et de l’urgence, est la poésie. Elle ouvre un nombre indéterminé de fenêtres de tir sur le poète et son poème. Selon le temps, l’humeur, les nécessités de l’instant ou du jour, ces fenêtres changeront de forme et de format, mais leur auteur, un cynique sans scrupules, s’engage à ne pas dépasser les dix à douze pages pour l’ensemble de l’édifice.
Lecteur, ne sois sûr de rien, sinon de ce que le petit bonhomme, là-haut, ne lèvera jamais son chapeau à ton passage car, fraîchement scalpé, il craint les courants d’air.
Enfin, Le Scalp en feu est désormais publié simultanément, ou successivement, le hasard décidant de ces choses, sur les sites de RECOURS AU POÈME et de LA CAUSE LITTÉRAIRE. décembre 2013 / janvier 2014 – Michel Host
SOMMAIRE
- 1 – En plein champ - Pierre GABRIEL – Mots sans cesse surgis - p. 2
— 2 — Le Poétique – IV — Yves BONNEFOY – Les mots encore — p. 3
— 3 – L’expérience poétique ‑V- Un entretien de la revue SARASWATI – p. 4
— 4 – Le poète par lui-même : Maggy DE COSTER - p. 6
* POÈMES de Maggy De Coster — p. 7
* POÉSIE BILINGUE — p. 9
- 5 – L’œuvre poétique de Maggy De Coster (Bibliographie) [**] — p. 11
- 6 — La poétesse a été distinguée — p. 11
_________________________________________________________.
1 – EN PLEIN CHAMP : PIERRE GABRIEL
Mots sans cesse surgis
Mots sans cesse surgis Mots sous les mots
D’un refus, d’une attente, À quelle énigme dérobés,
Toujours prêts à vous taire Par quels songes flétris ?
Ou à en dire trop, Mots masqués d’une voix,
Prompts à fuir dès l’instant Nus jusqu’à l’os,
Qu’il faut tenir promesse, Sosies méconnaissables,
Mots trop vains pour l’espoir, Mots d’hier, de demain,
Trop frémissants pour le malheur, Vieux mots sans souvenirs
Mots qui n’apaiseront jamais Surpris à notre insu
La blessure des lèvres, En flagrant délit d’innocence,
Mots à demi rêvés, retrouvés, Mots à donner la mort, à trahir
reperdus, Un amour, une enfance, à répéter
Mots à vivre et à nier la vie, Sans fin qu’il n’est pas de réponse,
Mots-carapaces, coques vides, Et tous ces mots qui n’ont plus rien
Bien refermés sur vos secrets À dire et qui nous collent à la peau,
Et dans vos poings de neige dure Suçant la vie à même notre sang,
La pierre pour tuer, Tous ceux qui ont glissé de nous
Mots à hurler brûlants dans l’oreille Pour mieux couler à pic dans le lit du
des sourds, silence,
Mots figés sous le cri, appels Galets qu’une autre lumière fait luire
Par leur écho même engloutis, Sans jamais déranger le sommeil
Mots sans paroles, souffles d’ombre, des étoiles.
Que nulle syllabe n’étreint,
Pierre Gabriel
La Nuit venue, Rougerie, 1992
2 — LE POÉTIQUE – IV - Yves BONNEFOY / Les mots encore (Entretien)
Amaury da Cunha. — Y a – t –il une limite entre votre œuvre poétique et ce que vous en dites dans les nombreux textes (essais, entretiens) publiés ? Quel est statut de ces échappées du champ poétique ?
Y. Bonnefoy – Une limite, vous voulez dire un cloisonnement ? J’espère bien que non, ce serait trahir la poésie. Car son travail se doit d’être écriture et pensée dans le même élan. L’écriture déborde l’approche conceptuelle des choses mais tout aussitôt la pensée observe la situation, pour dégager des voies dans cet espace entre représentations transgressées et présences jamais pleinement vécues. Et cela dans ce que les poèmes ont de tout à fait personnel, puisque c’est toujours dans le rapport à soi le plus singulier que l’universel a le plus de chance de se réinventer, de se ressaisir.
La poésie est une pensée. Non par des formules qu’elle offrirait dans des textes, mais par sa réflexion, au moment même où elle prend forme. Et il faut entendre cette pensée là où elle est, dans les œuvres. Écrire sur Giacometti, sur Goya, sur bien d’autres, je ne l’ai voulu, pour ma part, qu’afin de retrouver posés peut-être autrement, par ces poètes, les problèmes que la poésie nous demande de décider. // Non, pas d’échappées du champ poétique ! Plutôt suggérer que toutes les pensées d’une société devraient prendre place dans celui-ci, même les conseils de la science, même le débat politique. Ce que cherche la poésie, c’est à déconstruire les idéologies, et celles-ci sont actives, autant qu’elles sont nocives dans toutes les relations humaines.
Amaury da Cunha. — Contrairement à une modernité pour qui le réel fut du côté de « l’impossible » (Georges Bataille) ou a fuit en toute urgence (le surréalisme), vous défendez une poésie accessible au monde. Comment en êtes-vous arrivé là ?
Y. Bonnefoy — En passant par ceux mêmes que vous citez ! J’ai grande sympathie, en effet, pour l’âpre intensité avec laquelle Bataille a perçu — comme déjà Goya l’avait fait dans ce qu’on a nommé ses « peintures noires » — le dehors du lieu humain, cette nuit des vies qui s’entre-dévorent pour rien, dans l’abîme de la matière, ce néant. Mais s’effrayer de ce dehors, et aussi bien dans la personne qu’on est, ou que l’on croit être, n’est-ce pas que la conséquence de cet emploi des mots qui, cherchant à connaître les choses par leurs aspects quantifiables, en fait aussitôt autant d’énigmes ? Mieux vaut reconnaître dans la parole cet événement qui l’institua, le besoin d’établir avec d’autres êtres, ainsi reconnu des proches, un champ de projets et de partages. […]
Entretien d’Yves Bonnefoy (lors de la parution de son recueil « Raturer outre » (Ed. Galilée), avec Amaury da Cunha
Paru dans Le Monde / Littérature – le 12 / XI / 2010
Cet entretien, les réponses d’un poète solidement établi dans le panorama littéraire de notre temps, m’ont semblé pouvoir susciter la réflexion personnelle chez chacune et chacun d’entre nous. Notamment le rapport de la poésie à la pensée (rappelons que Paul Valéry voyait « l’idée », et non la pensée, comme antinomique de la poésie) ; le lien établi entre le rapport à soi et la captation de l’universel; le dépassement, l’anéantissement peut-être, des idéologies dans le poétique… N’est-ce pas le moindre des pouvoirs de la poésie ? Le champ poétique enfin, s’instaurant dans une utilisation particulière des mots, et dans lequel on rencontrera « d’autres êtres » et la possibilité des partages… Mes obsessions me portent à douter que la poésie puisse être « trahie » si elle vit dans l’être, et moins encore par l’inutile commentaire qu’on pourrait en faire, y compris par le poète lui-même. À croire aussi que la pensée exacte du poème s’y établit à l’instant même de sa formulation plutôt qu’à un autre moment ; à croire encore que les mots du poème ne peuvent se muer en énigmes absolues, mais seulement, parfois, en outils propres à travailler la matière énigmatique du monde où nous existons ; à être dans la certitude que sur la première marche de toute rencontre, c’est-à-dire celle de l’empathie minimale, s’ouvre le chemin de l’autre à soi et de soi à l’autre : le même, en fait, que jusqu’à l’entrée du chemin, on avait cru un autre. Il est arrivé que je l’appelle l’autre-soi. Peut-être l’infime trace d’idéalisme qui reste en moi. — M. H.
3 — L’EXPÉRIENCE POÉTIQUE — V — Extraits d’un entretien
La très remarquable revue Saraswati, dirigée par Silvaine Arabo, à Saintes, a interrogé quelque cinquante poètes contemporains — cinquante et un exactement — au sujet de « l’expérience poétique » d’une manière générale, et de la leur en particulier. J’ai déjà cité ce dixième numéro de la revue, daté de décembre 2009.
La dernière question posée à tous était la suivante : « Si quelqu’un n’avait jamais entendu parler de poésie et vous demande de la lui définir, que diriez-vous ? »
Certes, je suis pour ma part en quête du poétique, qui n’est pas tout entier dans la poésie, qui parfois même n’est pas la poésie. Je vais jusqu’à penser que certaine poésie n’est que fort peu ou pas du tout poétique, peut même être apoétique, mais cela ne peut s’affirmer que sur un plan uniquement subjectif, donc dans la détermination du « selon moi ». Cela dit, il me paraît plus qu’utile, indispensable, de faire écho à certaines des réponses apportées.
Ainsi, celle de Jacques Ancet me paraît entrer dans le cœur du sujet avec des airs, de faux airs, de vouloir s’en échapper : « Je ne définirais rien. Je lui lirais des poèmes. Car la poésie, je ne l’ai jamais rencontrée. Je n’ai toujours rencontré que des poèmes. Qui, quand ils étaient de vrais poèmes, ne correspondaient pas à l’idée que je pouvais me faire de la poésie. Le moine-poète zen Ryokan disait : “Mes poèmes ne sont pas des poèmes. Quand vous aurez compris que mes poèmes ne sont pas des poèmes, alors nous pourrons parler de poésie.” » L’argument est parfaitement centré et légitime : de la poésie écrite et dite (récitée, chantée) nous avons fait la rencontre par le poème, autrement dit par une mise en scène de la langue dans une utilisation surprenante parce qu’outrepassant les besoins de la seule communication. Le témoignage du moine renverse les meubles du salon : la poésie n’est plus seulement dans le mobilier Louis XVI auquel vous vous étiez accoutumé, vous la trouverez aussi bien dans ce tatami troué où je vois passer les nuages, ou au jardin près de l’étang sur lequel demain se posera le héron. C’est l’entrée d’Arthur Rimbaud quand vous attendiez Sully Prudhomme.
« La poésie est pour moi impossible à définir. Mais s’il m’était imposé de répondre, je dirais : “tenter d’écrire le silence.” » nous dit Jean-Louis Bernard. Dès lors je ne sais plus comment faire… La page blanche mallarméenne ? Après tout, Jean-Louis Bernard nous parle d’une tentative, et il avoue que pour lui la définition de la poésie est « impossible ». Faudra-t-il renoncer ?
Marie-Josée Chrétien revient à la nécessité première, corporelle, vitale : « C’est un besoin fondamental, comme manger, dormir, respirer. La poésie aide à vivre, tout simplement, parce que son sens ne s’épuise pas à la première lecture, qu’elle peut être lue et relue, et que chaque nouvelle lecture permet d’y trouver encore et toujours de quoi ensemencer son émotion et féconder son esprit. » La poésie est donc une nécessité élémentaire, et elle est sans fond, inépuisable. Ce qui frappe, dans cette tentative d’éclairement, c’est la conjonction des nécessités du corporel premier (vie du corps) et de celles de l’esprit stimulé par l’émotion. Cela me paraît tout simplement vrai.
Pour Louis Delorme, « définir c’est limiter, c’est amputer, c’est atrophier. […] On peut faire un traité de poétique mais pas de poésie.» Mais s’agit-il, dans ce que nous cherchons ici, de définir exclusivement ? Mon souhait est de re/connaître, soit de naître en poésie une fois de plus. Quant au traité de poétique, j’en ai un sous les yeux : il est évidemment illisible dans sa presque totalité.[1]
Colette Gibelin s’avance à pas prudents : « Je dirais peut-être que la poésie, c’est un effort pour traduire avec des mots et des rythmes ce que la vie a de plus intense et de plus profond. » C’est une notion qui est proche de la mienne : la poésie est traduite de la langue des émotions et des intuitions. En parlant de « L’écriture des émotions », Jean-François Hérouard nage dans les mêmes eaux. Et aussi, il me semble, Hervé Martin : « … il y a une diversité d’éléments qui peuvent la susciter. Quand elle surgit, elle nous dépasse dans ce désir d’écrire qui nous vient et par cette volonté d’inscrire sur une feuille ou un carnet, ce qui nous paraît dans l’instant des plus précieux, avec le sentiment que cela jamais ne reviendra. » « Elle tente au plus près du tangible de circonscrire les attributs de l’émotion. » Ressouvenir, quête de la durabilité de l’émotion (?), de l’instant précieux. Probablement aussi tentative de rendre réitérable la même précieuse instantanéité émotionnelle par le poème qui en fut le traducteur, le témoin et le vecteur ou dispositif mémoriel.
Sur l’indifférence à la poésie, voire sur la haine de la poésie, Dany Vinet n’a sans doute pas tort d’évoquer ces difficiles moments scolaires, heureusement limités à quelques exemples : « La connaissance de la poésie se résume aux souvenirs des mauvaises notes venues sanctionner le manque de mémoire lors de la récitation à l’école, d’où le blocage. » L’envers du décor. Mon avis est que tout professeur en quelque matière que ce soit, se trouvant incapable d’allier l’exigence de connaissance à celle de plaisir, ne mérite pas son titre de professeur. C’est un assassin de l’esprit. Il ferait mieux d’aller vendre des chaussures ou des choux.
4 — LE POÈTE PAR LUI-MÊME : MAGGY DE COSTER
Maggy De Coster est une jeune poétesse de notre temps, c’est-à-dire qu’elle est souvent entre ciel et terre, en vol pour quelque congrès, quelque assemblée poétique se tenant sur tel ou tel continent lointain, ce qui ne laisse pas de me surprendre, moi qui n’aime rien tant que mes quatre murs, mon « atelier », le silence… Les lois du hasard étant impénétrables, je l’ai tout de même rencontrée, à Paris, lors d’une soirée où se discutaient des particularités de la traduction à quatre mains ! Nous avons donc sympathisé et j’ai appris que, née en Haïti, ayant passé une grande partie de son enfance à Cuba, elle manie l’espagnol et le français aussi naturellement qu’il est possible, qu’elle traduit volontiers d’une langue dans l’autre, que ses études l’ont conduite vers la sociologie du Droit, le journalisme, et différentes tâches de caractère international. Cela ne l’empêche pas d’être membre délégué de la Société des Gens de Lettres, Sociétaire et membre du Comité directeur de La Société des Poètes Français, et membre de l’Association des Femmes Journalistes (AFJ)… Ses liens avec l’Amérique latine sont constants et étroits : elle y fait entendre le verbe français et nous en rapporte le verbe hispano-brésilien. La vie de Maggy De Coster c’est l’ouverture et l’échange, la mise en relation, la découverte et, en somme, la poursuite d’une mission de la parole et de l’écrit…
Mais, ne l’oublions pas,
elle est poétesse avant tout. Elle dirige la revue qu’elle fonda il y a dix ans : LE MANOIR DES POÈTES [*] : tenir à bout de bras, sur une telle durée, une revue sur papier n’est pas à la portée de n’importe qui. Les difficultés s’accumulent d’ailleurs ces temps-ci, les quelques subventions nécessaires ayant tendance à se tarir en ces temps difficiles : c’est pourquoi je fournis d’emblée tous les renseignements permettant que l’on soutienne (abonnement : 20 €) cette revue généreuse, accueillante à nombre de poètes, et aussi de prosateurs :
LE MANOIR DES POÈTES
23, allée des Myosotis — 95 360 — MONTMAGNY
< redaction@lemanoirdespoetes.fr> / http://www.lemanoirdespoetes.fr
Il ne s’agit pas ici, on l’aura compris, de publicité commerciale mais de publicité (ne craignons pas le mot) POÉTIQUE et de soutien à la poésie, qui est sans aucun doute ce qui nous manque le plus en ce monde des objets nécessaires ou inutiles, mis en vente, achetés ou non… ce monde qui me paraît pornographique à bien des égards.
Sa poésie (je donnerai la liste de ses publications [**] en fin de document) est d’abord ouverte aux quatre vents de la planète, d’une inspiration totalement diverse, libre au point d’être aussi à l’aise dans le registre léger que dans le grave, et libérée des entraves du « politiquement correct » quoique ne tentant jamais cette forme d’incorrection qu’est la diatribe animée par la violence ou le ressentiment. Nous savons que l’humanisme, dans les plus atroces circonstances de l’histoire récente, n’a pas toujours su — et ne sait toujours pas — tenir ses engagements tacites, ni ses promesses, ni même son rôle de garde-fous. Nous savons aussi que c’est notre seule arme pour combattre la bêtise, la cruauté où bien des hommes montrent des talents inouïs ! Maggy de Coster le sait aussi. Dans sa poésie, je lis l’espoir sans fin, le tremblement parfois, ou la pointe d’amertume ; l’attente, l’amour des êtres, l’hymne à la vie ; la déconvenue, le plaisir ; la nostalgie, l’humour ; la douleur, la jouissance et la réjouissance ; la lucidité, la quête de la lumière.
5 / POÈMES de Maggy De Coster, extraits de deux de ses recueils récents :
AXIOME
Dans mon cahier de brouillon / J’ai brouillé la piste des étoiles / hachuré la courbe des ans / dessiné les contours du futur / schématisé la forme des saisons / tracé le diagramme des tropiques / souligné les paramètres de la vie / illustré les arcanes de l’amour / décalqué les lunaisons des sentiments / Reste à boucler le cycle de ma jeunesse — (Comme une aubade)
ADVENTUM
Nous avançons à pas lents / dans l’abîme des temps / Chaque coucher de soleil / est un cachet de fin dernière
Je déballe mes trésors d’humanité / aux naufragés de la solitude / en escale sur le ponton / de l’errance
La surchauffe des moments / donne le vertige aux artisans / de paix / et la colombe divine / tombe en pâmoison / dans le couloir de la mort — (Comme une aubade)
SUR UN AIR DE PIANO (À ma fille Chloé jouant du piano)
Ta musique divinise mon âme / Et longtemps ton chant courra / dans mon champ abandonné / à la rose des vents
J’ai écouté les sanglots de l’univers / sur mon lit de feuilles mortes / où j’ai dessiné : l’ombre de la lumière / J’ai parlé aux oiseaux au lever du jour / et j’ai compris que le monde était / encore à ses balbutiements
J’ai dansé dans les vagues du soir / et j’ai senti le souffle des sirènes / comme un frisson d’espoir / qui me portait aux nues
J’ai rêvé de lumière dans la transe des mots / j’J’ai volé de joie en grattant / la paroi de ma vie qui me révèle / les couleurs de l’éternité
Je tends ma main dans le vide / pour attraper les pages d’espoir /qui s’échappent de la soupape / de la réalité
Un nuage en gestation me rappelle / l’inventaire de mes songes / aux couleurs du passé
- 4 novembre 2004 — (Comme une aubade)
LES EFFLUVES PICTURAUX
Dans la transe du crépuscule /Émergent les ombres crénelées / De la ville en oriflamme / Lorgnant le ciel émaillé / De confettis de nuages pourpres
Nul soupçon n’effleure les arbres / Se faisant discrets / Dans la montée du soir
Juste un instant d’ivresse / À verses dans le Graal des cœurs
Le vent chante dans les buissons / de mon cœur qui palpite de joie / à la réfraction du soleil / dans les cascades du silence […] — (Comme une aubade)
TERCETS
Les roses de Saadi sont fanées / depuis que Marcelline Desbordes-Valmore / dort pour toujours
La glossolalie est la transe / des primates / en état de grâce
Le soir tombe à pic / sur l’esplanade de mon passé / qui rallume la braise des souvenirs
Le corbeau se fait ténor / avant le retour / de l’hirondelle au printemps
Tercets, extraits de Bouquet de tercets (in Comme une aubade)
DEUX PETITES PROSES
1 — Le vent court à travers les champs de ta vie bercée par la rivière enchantée, une raie de lumière inonde le détroit de ta conscience qui se déploie dans la montée du verbe sublimé de tes rêves formulés sans trêve et tu rames dans la trame des vagues crachant sans relâche à ta face, rude tâche qui s’impose à ton courage qui grandit dans les rouages de tes jours s’avançant en transe et te dictant la sagesse qui t’épargne de la démence et tu espères sans cesse la fin non annoncée de ta souffrance perpétuelle qui garnit les pages inachevées d’un dossier inclassable
2 — Des mots en Partage, un Rêve de Paix dans le confiteor de l’Amour qu’engrange l’Humanisme à l’heure de la Fraternité quand la Nature se pare des liesses de l’Enfance dans les Villes en Fête.
Extraits de Cocktail de mots (in Comme une aubade)
Poésie bilingue
(extraits de « Antes que despunte el alba / Avant l’aube)
Si pudiera entender el lenguaje de los pájaros / Me iría a vivir con ellos entre los árboles / Para acercarme al firmamento / Así formaríamos entidades iguales / Con gran complicidad / Me alejaría de los seres malos de la tierra / Para captar las ondas positivas
Los pájaros me enseñarían el secreto / Para volar e ir más allá de la tierra / Para captar el mensaje des universo
Si je pouvais comprendre le langage des oiseaux / Je m’en irais vivre avec eux entre les arbres / Pour me rapprocher du firmament / Ainsi nous formerions des entités égales / Nourris de tant de complicités / Je m’éloignerais des méchants de la terre / Pour capter los ondes positives
Les oiseaux me confieraient le secret / Pour voler et m’éloigner de la terre / Et capter le message de l’univers
*
Falta en mi vida una rama / Que nunca encontraré /en mis sueños voy buscando / Por las calles de Santiago de Cuba / Las sombras de mi abuelo y de mi abuela desconocidos
¿ Dime Fidel qué hiciste de mis antepasados ?
Il manque à ma vie une branche / Que jamais je ne retrouverai / Je vais chercher dans mes rêves / Et dans les rues de Santiago de Cuba / Les ombres de mon grand-père et de ma grand-mère méconnus
Dis-moi Fidel ce que tu as fait de mes ancêtres ?
*
Sopla el viento del terror / Desaparece la cosecha del amor / Y se quiebra la vida
Los lazos del horror / Encadenan al mendigo de la esperanza / Y caen del cielo lágrimas en vez de lluvia
Se mueren los árboles en el temor / Del olvido y la cosecha está comprometida / Así pasa el tiempo
Le vent de la terreur souffle / La récolte de l’amour disparaît / Et le vie se brise
Les liens de l’horreur / Enchaînent le mendiant de l’espérance / Et du ciel tombe la rosée en guise de larmes
Les arbres se meurent dans la crainte / De l’oubli et la récolte est compromise / Ainsi passe le temps
*
Pintar los aires / Conjugar la belleza de las estaciones / Escribir tu nombre / En la madrugada en el cielo / Como un fresco / O un guión / En la Ciudad Luz / Cuando el oro de las noches / Evoca mil y una torres
Entonces me recuerdo las rosas del verano / Como la chispa naciendo / De las auroras boreales
Peindre les airs / Conjuguer la beauté des saisons / Écrire ton nom / À l’aube dans le ciel / Telle une fresque / Ou un trait d’union / Dans la Ville lumière / Quand l’or des nuits / Évoque mille et une tours
Alors je me souveins des roses d’été / Comme l’étincelle naissant / Des aurores boréales
*
5 / L’œuvre poétique de Maggy de Coster (Bibliographie) [**]
· Nuit d’assaut, poésie, (Ed. Choucoune, 1981)
· Ondes Vives, poésie, (Ed. Choucoune, 1987)
· Rêves et Folie, poésie, (Ed. Saint-Germain-des-Prés, 1994)
· Analyse du discours de presse, essai, (Ed. Choucoune, 1996)
· Mémoires inachevés d’une île moribonde, poésie, (Ed. Nouvelle Pléiade, 1998)
· Itinéraire interrompu d’une jeune femme journaliste, autobiographie, (Ed. des Écrivains, 1998)
· La Tramontane des Soupirs ou le siège des marées, poésie, (Ed. New Legend, 2002)
· Un élan d’innocence, poésie pour enfants, (Ed. Le Manoir des poètes, 2004)
· Petites histoires pour des nuits merveilleuses, contes pour enfants, (Ed. Le Manoir des poètes, 2004)
· Les Vendanges Vespérales, poésie, (Ed. Silex / Nouvelles du Sud, 2005)
· Le chant des villes, anthologie de poésie, (Ed. Dianoïa, 2006)
· Comme une aubade, poésie, (Editions du Cygne, 2007)
· Le Chant de Soledad, roman, (Editions du Cygne, 2007)
· Le Journalisme expliqué aux non-initiés, essai pédagogique, (Ed. L’Harmattan, 2007)[1]
· Germaine Loisy-Lafaille ou la vie incroyable d’une comédienne, (Editions du Cygne, 2008)
· Au gué des souvenirs, nouvelles, (Editions du Cygne, 2008)
· Antes que despunte el alba / Avant l’aube, (Le Scribe‑L’Harmattan, 2010)
6 / La poétesse a été distinguée
· Premier Prix de Poésie de L’Académie Internationale “Il Convivio”, Sicile, 2003 pour « Mémoires inachevés d’une île moribonde »
· Diplôme et Médaille de Vermeil de L’Académie Internationale de Lutèce, Paris, 2006 pour » Itinéraire interrompu d’une jeune femme journaliste »
· Diplôme avec mention et Médaille de Vermeil de L’Académie Internationale de Lutèce, Paris, 2004 pour « La Tramontane des Soupirs ou le siège des marées »
· Diplôme et Médaille d’Argent de L’Académie Internationale de Lutèce, Paris, 2005 pour « Le Chant de Soledad »
· 2e Prix de la Ville de Nice, 2006 pour « Les Vendanges Vespérales »
Elle a été traduite en roumain (revue Poezia), et aussi en espagnol, italien, catalan, anglais et arabe. Elle a collaboré à différents journaux : The Financial Times, Caribbean Contact, La Gruyère (Suisse)… Haïti en marche…
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Michel Host — le 23 mai 2014
Fin du Scalp en Feu — VII
[1] Franc Ducros, Le Poétique, le Réel, (préface de Mikel Dufrenne), Éd. Meridiens Klincksieck, collection « Esthétique », 1987.