Leandro Calle, Le noyé, et autres poèmes

Par |2025-01-06T16:31:36+01:00 6 janvier 2025|Catégories : Leandro Calle, Poèmes|

Tra­duc­ción al francés por Bernar­do Schiavetta

Le ser­pent de bronze

Moïse éle­va le Ser­pent d’airain dans le désert
et tous ceux qui avaient été piqués
ont été guéris rien qu’en le regardant.
Et moi, transper­cé par l’amour, que puis-je faire ?
Ciblé adroite­ment par le poi­son de tes yeux,
où dois-je regarder pour trou­ver mon salut ?

La ser­pi­ente de bronce

Moisés alzó la ser­pi­ente de bronce en el desierto
y todo aquel que había sido picado,
la mira­ba y qued­a­ba curado.
Y qué puedo hac­er yo, atrav­es­a­do por el amor
inoc­u­la­do por el pre­ciso veneno de tus ojos
¿A dónde debo mirar para salvarme?

∗∗

 

Attaché au fond de la maison

Ma parole est liée
comme un chien
à l’ar­rière-cour de la maison.
Au fil du temps
elle est dev­enue enragée
et a com­mencé à ne plus me reconnaître,
Je ne peux plus la laiss­er en liberté
car elle mordrait les proches et les inconnus.
J’approche avec un bâton
sa nour­ri­t­ure et son eau.
Elle aboie toute la nuit.
mais je ne saurais pas la laiss­er mourir
et je la nour­ris ain­si tous les jours.
J’y suis très attaché.
J’au­rais préféré une parole
qui m’ac­cueillerait par des bonds et des léchouilles
en remuant la queue
mais, en notre pays
nous atta­chons les paroles au fond de nos maisons
et avec le temps, elles devi­en­nent hardies
puissantes
et il arrive un moment où l’on ne sait pas
qui des deux aboie le plus fort.

Ata­do al fondo

Ten­go la pal­abra atada
como un perro
en el fon­do de la casa.
Con el tiempo
se ha vuel­to agresiva.
Comen­zó a desconocerme
y no con­viene soltarla
porque muerde a pro­pios y a extraños.
La comi­da y el agua
se la acer­co con un palo.
Ladra toda la noche.
No la puedo dejar morir
así que todos los días la alimento.
Estoy ata­do a ella.
Hubiera preferi­do una palabra
que moviera la cola
que me reci­biera con saltos y lamidos
pero, en este país
ata­mos las pal­abras en el fon­do de la casa
y con el tiem­po se vuel­ven bravas
poderosas
y lle­ga un momen­to en el que uno no sabe
quién de los dos ladra más fuerte.

∗∗

Les chevaux qui vien­nent boire

à Hugo Fran­cis­co Rivella

Il y a des chevaux en liberté
qui vien­nent boire
de l’eau dans mes yeux.
Je sens les muse­aux et les narines
le brouil­lard de leurs souffles
et je ne sais pas d’où ils viennent
ni pourquoi ils s’approchent de moi
pour coller à mon visage
pour m’in­suf­fler une inquiétude
que je n’arrive pas à nommer .
Il y a des chevaux qui arrivent
de loin, très loin,
ils foulent ma mémoire avec leurs sabots
ils agi­tent l’eau de mon fleuve.
Puis ils s’en vont
en lais­sant des nuages de poussière
vibrant dans l’air.
Après tout cela se dissipe
et la soif survient,
elle m’enfourche tristement
les flancs de l’âme.
Ces choses m’arrivent
quand les chevaux vien­nent boire
de l’eau dans mes yeux.

Bajan cabal­los

a Hugo Fran­cis­co Rivella

Hay cabal­los sueltos
que bajan a beber
del agua de mis ojos.
Sien­to el mor­ro y los ollares
el vaho de su aliento
y ya no sé de dónde llegan
para qué vienen has­ta mí
a pegarse a mi cara
a res­pi­rarme una inquietud
que no adivino.
Hay cabal­los que llegan
de muy lejos
me pisan la memo­ria con sus cascos
alborotan el agua de mi río.
Luego se van
y dejan nubes de polvo
que parpadean por el aire.
Cuan­do todo aque­l­lo se disipa
viene la sed
y me galopa triste
los ijares del alma.
Estas cosas me pasan
cuan­do bajan caballos
al agua de mis ojos.

∗∗

 

Le kimono rouge de Miahru

Et main­tenant, dans mes nuits d’in­som­nie, comme la lune se reflète dans le 
lac, ton kimono rouge trem­ble dans les eaux de ma mémoire. Et une voix 
loin­taine, mur­mure comme le vent entre les feuilles, me fait dire 
douce­ment : Miahru, Miahru. Notre pau­vre français était si pau­vre qu’il ne 
nous suff­i­sait pas et nous avons donc adop­té le silence.
Un matin, tu es arrivée en por­tant le dés­espoir sur l’épaule. La carte bleue
per­due, la dame de la pen­sion à l’affût quelque part et ton besoin d’une 
oreille, d’un mur solide où tes insécu­rités pour­raient rebondir. Il ne me 
restait plus un seul franc. Nous étions pau­vres et nous avions tout Paris à 
parcourir.
Et peut-être, Miahru, le plus impor­tant, c’est que nous étions jeunes. Jeunes 
comme le dit la chan­son de Charles Aznavour : hier encore, j’avais vingt 
ans, je gaspillais le temps en croy­ant l’ar­rêter
…et c’est ain­si que me 
revi­en­nent ton kimono rouge, ces yeux bridés et ce sourire qui réus­sit à 
tra­vers­er le temps.
Nous sommes vieux main­tenant, Miahru, et j’au­rais aimé te dire que je 
t’aimais. Te deman­der si tu avais regardé le mont Fuji autant de fois 
qu’Hoku­sai. Te dire que je viens des plaines, d’un endroit où le ciel fond 
quand arrive le soir. Rêver de marcher main dans la main sous les cerisiers 
en fleurs et mur­mur­er en silence le poème de Bâsho : la nuit s’en va, mais à 
l’aube, les cerisiers en fleurs renais­sent
.
Quand le som­meil se refuse, tu viens, souri­ante, tes mains por­tent une fleur 
sur le point de s’effeuiller. Je reste muet et les mots chan­cel­lent dans ma 
bouche aux lèvres ver­rouil­lés. J’au­rais dû te dire que je t’aimais Miahru, 
mais je n’ai rien dit.
J’imag­ine des cerisiers en fleurs tan­dis que je cherche des poèmes d’Is­sa et 
d’Onit­sura. Je par­cours les estam­pes japon­ais­es avec minu­tie jusqu’au 
moment où le som­meil com­mence me léch­er les genoux. Il arrive avec sa 
car­gai­son de sable et je laisse tomber dans l’ou­bli ce morceau rouil­lé de 
mémoire que je croque chaque soir.
La fleur que tu tiens dans tes mains com­mence à se fan­er. Le sommeil 
arrive.
Miahru, pourquoi reviens-tu, pourquoi les étoiles dis­ent et me redis­ent que 
j’au­rais pu t’aimer mais que je ne l’ai pas fait ?

El rojo kimono de Miahru

Y aho­ra, en mis noches de insom­nio, así como la luna se refle­ja en el lago, 
tu kimono rojo tiem­bla en las aguas de mi memo­ria. Y una voz muy lejana, 
un mur­mul­lo de vien­to entre las hojas, me hace decir en voz baja: Miharu, 
Miahru.
Nue­stro pobre francés era tan pobre que no alcan­z­a­ba y entonces usábamos 
el silencio.
Una mañana lle­gaste con la deses­peración col­gan­do de tu espal­da. La carte
bleu
per­di­da, la seño­ra de la pen­sión al ace­cho y la necesi­dad de un oído, 
una pared segu­ra en donde pudier­an reb­o­tar tus inse­guri­dades. Ni un solo 
fran­co me qued­a­ba. Éramos pobres y teníamos todo París para andar.
Y tal vez, Miharu, lo más impor­tante es que éramos jóvenes. Jóvenes como 
dice la can­ción de Charles Aznavour: hier encore, j’avais vingt ans, je 
gaspillais le temps en croy­ant l’arrêter
…y así vuelve a mí, tu kimono rojo, 
los ojos ras­ga­dos y esa son­risa que supo atrav­es­ar el tiempo.
Aho­ra somos viejos, Miahru y a mí me hubiese gus­ta­do decirte que te 
ama­ba. Pre­gun­tarte si habías mira­do el monte Fuji tan­tas veces como lo 
miró Hoku­sai. Decirte que soy de la lla­nu­ra, un lugar donde el cielo se 
deshace por las tardes. Soñar con cam­i­nar de la mano bajo los cere­zos en 
flor y susurrar en silen­cio el poe­ma de Bâsho: ter­mi­na la noche, pero 
cuan­do lle­ga la auro­ra, rena­cen las flo­res del cere­zo
.
Cuan­do el sueño no lle­ga, venís vos, son­ri­ente con una flor entre las manos 
que está a pun­to de desho­jarse. Per­manez­co mudo y las pal­abras se 
atolon­dran en la boca sin ningún resul­ta­do ante el cer­ro­jo de mis labios. 
Ten­dría que haberte dicho que te ama­ba Miahru, pero no dije nada.
Imag­i­no cere­zos en flor mien­tras bus­co poe­mas de Issa y de Onitsura. 
Revi­so al detalle las estam­pas japone­sas has­ta que sien­to al sueño lamiendo 
mis rodil­las. Lle­ga con su car­ga de are­na y hun­do en el olvi­do el oxidado 
tro­zo de memo­ria que muer­do cada noche.
La flor entre tus manos comien­za a desho­jarse. Lle­ga el sueño.
Miharu, ¿por qué volvés, por qué las estrel­las me recuer­dan que podría 
haberte ama­do y no te amé?

∗∗

Fed­eri­co à New York

Il est là, le pédé,
il regarde les grat­te-ciel et mâche des solitudes :
la soli­tude des foules
les rues bondées
(des bruits et des bruits et des bruits)
le cœur sous le soleil de la décrépitude.
Tout le monde danse au rythme des bil­lets de banque
le roi de Harlem
–– por­tant une cuil­lère en bois ––
n’at­teint même plus les croc­o­diles de ses coups
ni les singes,
il est le chef d’orchestre de la musique du monde
boum, boum, boum,
les bruits de votre cœur
boum, boum, boum,
et le bâton de la cuillère
se par­fume des bais­ers de flics
la riv­ière se soûle d’huile d’usine
et ton cœur
reprend le rythme effréné
de cette ville qui sans être la tienne
est la tienne.
Il ne reste
qu’à ramen­er la lune
et l’ac­crocher sur le plus haut grat­te-ciel du monde.
La lune, ta lune gitane
avec sa crino­line de fleurs blanches
l’enfant, la regarde, la regarde
l’enfant ne cesse de la regarder
Tu réalis­es aussitôt
que rien ne peut briller
sauf les dollars
et que ta lune
la lune de ton cœur
ne tient que dans ta poche
où elle est bien gardée.
Tu te places au milieu de l’av­enue et tu cries
de toutes tes forces :
Oh Cap­i­taine, mon capitaine
et alors il arrive
bar­bu et beau
avec une crinière pleine d’algues et de fleurs
il te serre dans ses bras et te dit :
c’est l’Amérique
et tu sens qu’il te palpe le sexe
et peu après tu découvres
que la lune, la lune de ton cœur
n’est plus dans ta poche
elle a été volée par ton capitaine.
Il court déjà par la Cinquième Avenue
en chan­tant la Mar­seil­laise en anglais
pars vite lune, lune, lune
si les gitans te voyaient
ils feraient avec ton cœur
des bagues et des col­liers blancs
Le pédé danse au milieu de la rue
et une larme verte tache la riv­ière des ombres.
Dans la ruelle
par­mi les poubelles et les jour­naux empilés
une vieille femme mon­tre du doigt le danseur
et le pédé imagine
le goût de la poudre à canon.
Le soir
en regar­dant la rivière
le Cap­i­taine s’approche
et sus­pend la lune
au-dessus du Bronx entre des poulies bleu clair.
Sa barbe est transparente.
Cap­i­taine, tu lui dis, quel son font les balles
quand elles pénètrent un corps ?
Le cap­i­taine ferme les yeux
(il imagine)
boum, boum, boum, dit-il,
ça bat gai­ment fort, comme bat ton cœur.

Fed­eri­co en Nue­va York

Y ahí está la marica
miran­do ras­ca­cie­los  y mas­ti­can­do soledades
soledad de las multitudes
calles repletas
sonidos y sonidos y sonidos
corazón al sol de la decrepitud.
Todos bailan al com­pás de los billetes
el rey de Harlem
‑con una cuchara de palo-
no gol­pea ya ni a los cocodrilos
ni a los monos
aho­ra va direc­to a mar­car la músi­ca del mundo
bum, bum, bum
sue­na tu corazón
bum, bum, bum
y el palo de la cuchara
huele a besos policiales
el río se embor­racha con aceite de fábrica
y tu corazón
asume el rit­mo frenético
de esta ciu­dad que sin ser tuya
es tuya.
Te fal­ta solamente
traer la luna
y col­gar­la en el más alto rascacielos
la luna, tu  luna gitana
con polisón de nardos
el niño, la mira, mira
el niño la está miran­do
De inmedi­a­to te das cuenta
que nada puede brillar
sino el dinero
y que tu luna
la luna de tu corazón
cabe sola­mente en el bolsillo
y la guardás ahí
te parás en medio de la aveni­da y gritás
con toda tu fuerza:
Oh Capitán, mi capitán
y él viene
bar­ba­do y hermoso
con la mele­na llena de algas y de flores
te abraza y te dice:
esto es América
y vos te das cuen­ta de que su mano te toca los testículos
y cuan­do querés darte cuenta
la luna, la luna de tu corazón
que esta­ba en el bolsillo
fue roba­da por tu capitán
que corre por la quin­ta avenida
mien­tras can­ta en inglés la marsellesa
huye luna, luna, luna
si te vier­an los gitanos
harían con tu corazón
col­lares y anil­los blan­cos
La mar­i­ca baila en medio de la calle
y una lágri­ma verde man­cha el río de sombras.
En el callejón
entre tachos de basura y diar­ios apilados
una anciana lo señala con un dedo
y la mar­i­ca imagina
el sabor de la pólvora.
Por la noche
mien­tras mirás el río
se acer­ca el capitán
y cuel­ga la luna
por arri­ba del Bronx entre poleas de col­or celeste.
Su bar­ba es transparente
Capitán, le decís, ¿cómo sue­nan las balas
cuan­do entran en un cuerpo?
El capitán cier­ra los ojos
imagina
bum, bum, bum, le dice,
sue­nan como tu puto corazón.

∗∗

Lean­dro Calle, Fed­eri­co en Nue­va York, Edi­ciones del Callejón.

Ger­mán

Ger­mán
est peintre.
Il m’a dit
qu’il ne s’est jamais ennuyé
qu’il peint toujours
qu’il aime voyager
qu’on lui fait une dialyse
3 fois par semaine.
Il m’a offert un tableau
Je l’ai rac­croché directement
à ma langue
pour ne plus jamais me plaindre.

Ger­mán

Ger­mán
es pintor.
Me dijo
que nun­ca se aburrió
que siem­pre pinta
que le gus­ta viajar
que se hace diálisis
3 veces por semana.
Me regaló un cuadro
que col­gué directamente
de mi lengua
para no que­jarme más.

∗∗

Un noyé

La vio­lence de l’eau est passée sur l’île
elle a tout transporté
jusqu’au dernier souffle
elle a pris aussi
la vie de ce garçon.
Après,
nous avons regardé l’eau brune de l’inondation
sachant que dans son estom­ac boueux
il y avait un corps.
Mais où ? Où chercher dans cette masse d’eau ?

Une femme a apporté un pain.
Elle a con­seil­lé de le jeter à l’eau
car, là où il s’arrêterait
on trou­verait le corps.
Quelqu’un a jeté le pain dans l’eau.
Il a d’abord coulé
sans laiss­er la moin­dre trace
et ensuite il est remonté.
Plusieurs nageurs
ont com­mencé à chercher dans cet endroit
J’ai touché quelque chose, a déclaré l’un d’eux.
Ils ont plongé plusieurs fois.
Il y a beau­coup de courant, a déclaré un autre.
Une corde est apparue
et ils ont plongé de nouveau.

Le garçon était boursouflé
et l’eau sur le rivage
lui léchait les ongles
comme pour dire ne m’ou­blie pas,
comme pour dire, mer­ci pour le pain.

El ahoga­do

La vio­len­cia del agua llegó a la isla
para lle­var­lo todo
has­ta el últi­mo suspiro
y así también
se llevó la vida de aquel chico.
Entonces
miramos el agua mar­rón de la inundación
y supi­mos que en su estó­ma­go de barro
había un cuerpo.
Pero dónde, dónde bus­car en esa masa de agua.

Una mujer tra­jo un pan
dijo que había que tirar­lo al agua
que allí donde flotara
estaría el cuerpo.
Alguien arro­jó el pan al agua
primero se hundió
desapareció
y luego sal­ió a flote.
Entonces algunos se lan­zaron al agua
y comen­zaron a buscar.
Toqué algo, dijo uno de los hombres.
Se sumergieron varias veces.
Hay mucha cor­ri­ente, dijo otro.
Apare­ció una soga
y otra vez se sumergieron.

El chico esta­ba hinchado
y el agua de la orilla
le besa­ba las uñas
como dicien­do no me olvides
como dicien­do, gra­cias por el pan.

∗∗

Le fils

Il y a deux ans
mon fils est entré avec nous
à la librairie
Le miroir
et il a pris un livre de Lénine
que nous avons ensuite
remis à sa place sur l’étagère.
Après
il a saisi l’un des tomes du Capital
et enfin
il est sor­ti en courant
vers la rue piétonnière
avec un livre de Hegel.
Je crois qu’il ne sait rien
encore
de la méth­ode dialectique
ni du matéri­al­isme historique,
mais cependant
j’ai presque la conviction
que pour la CIA
mon fils serait déjà
presque un terroriste.

El hijo

Tiene dos años
y ape­nas entró
a la librería
El Espe­jo
sacó un libro de Lenin
que luego
devolvi­mos a su estante.
Después
agar­ró un tomo de El cap­i­tal
y por último
sal­ió corriendo
hacia la calle
con un libro de Hegel.
Intuyo que todavía
no sabe nada
del pen­samien­to dialéctico
ni del mate­ri­al­is­mo histórico,
pero sospecho,
sin embargo,
que para la CIA
mi hijo
es casi un terrorista.

∗∗

Ils émas­cu­lent le mot

Ils émas­cu­lent le mot
et que peut-on faire d’un mot mutilé ?
Un mot qui n’a aucun moyen
de s’ac­crocher à la terre
mot sans sperme
vide comme une coquille vide,
sans le blanc et le jaune de l’œuf.
Rien ne peut être fait
avec le mot châtré
mais un autre mot peut être conçu
une parole féconde et pleine
comme le mot arbre
que nous enracinerons au cen­tre de la vie.

Ellos cas­tran la palabra

Ellos cas­tran la palabra
y qué vamos hac­er con una pal­abra mutilada.
Una pal­abra que no tiene
man­era de agar­rarse a la tierra
pal­abra sin esperma
vacía como un hue­vo vacío
cáscara.
No se puede hac­er nada
con la pal­abra castrada
pero se puede crear otra palabra
una pal­abra fecun­da y plena
como la pal­abra árbol
y plan­tar­la en el cen­tro de la vida.

Présentation de l’auteur

Leandro Calle

Lean­dro Calle (Zárate, 1969) est poète et tra­duc­teur. Il réside à Cor­doue, en Argentine. 

En 2020, l’Université nationale de Cor­doue (UNC) a pub­lié une antholo­gie qui rassem­ble vingt ans de poésie : Algo que arde. Antholo­gie poé­tique 1999–2020. En français, il a fait paraître Pass­er et autres poèmes (L’Éclat édi­tions, poésie/poche, Pré­face de Patri­cia Farazzi et Intro­duc­tion d’Yves Roul­lière, Paris, 2022.) 

© Crédits pho­tos lean­dro 100 años de Ham­let archivo.

Bibliographie

En prose, il a pub­lié deux romans, El pun­to débil (col­lec­tion Marea Negra, Edi­ciones Ilía­da, Berlin, 2022) ain­si que La muti­lado­ra, (Babel edi­ciones, Cór­do­ba, 2023.) En tant que tra­duc­teur, il a traduit Guy de Mau­pas­sant et les poètes maro­cains Abdel­latif Laâbi, Siham Bouh­lal et Miloud Ghar­rafi, de même que les poètes fran­coph­o­nes Anis­sa Mohamme­di d’Algérie, Véronique Tad­jo de Côte d’Ivoire, Jean-Paul Daoust du Cana­da et Gabriel Okound­ji du Con­go (Brazav­ille). 

Il dirige la Bib­lio­thèque d’auteurs et de thèmes maro­cains pour Alción Edi­to­ra et la col­lec­tion Maru­la de poésie africaine pour Edu­vim. Il est Mem­bre du Cen­tre PEN (Argen­tine).

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