L’écho de l’écho, le carnet de haïku de l’AFAH N°12 – Novembre-Décembre 2023
En écho décuplé à l’écriture contemporaine du haïku, ce douzième numéro dirigé Danièle Duteil s’avère le point final d’une entreprise commencée par sa directrice de publication au cœur de la crise Covid, fin 2020, pour perpétuer un lien aux livres, aux poètes, aux éditeurs en ces temps critiques…
Mais comme le rappelait son éditorial en cette période de fin d’année 2023 : « [C]omme je l’ai annoncé dans L’écho de l’étroit chemin N° 45, septembre 2023, l’AFAH, Association Francophone pour les Auteurs de Haïbun, va être, faute de relève, dissoute – à moins que quelqu’un se décide en dernière instance ! – le 9 décembre 2023, au cours de l’assemblée générale extraordinaire. Avec elle, cessera la parution de L’écho de l’étroit chemin, le journal du haïbun et la présente publication. Deux pages se tournent donc, mais je n’éprouve pas de regret, c’est ainsi. En tant que responsable de l’une et l’autre revue, j’ai accompli la tâche que je m’étais fixée avec passion et du mieux que j’ai pu. »
Saluons alors, comme il se doit, cet exemplaire exceptionnel, qui offre une image fidèle du travail de collecte, de lecture et d’écriture mené à la fois avec patience et ferveur et qui donne un éclairage sur la profonde unité comme sur l’étonnante diversité de cette pratique de rédaction, ce mode d’écrit de tradition d’abord asiatique, fragmentaire, concentré à l’essentiel, qui s’est généralisé, par-delà les frontières entre Orient et Occident, exprimant au plus près, par son économie de moyens, un rapport au monde dont le grand critique et théoricien structuraliste Roland Barthes livra déjà une analyse personnelle de cette façon délicate, sensible, éphémère, de suggérer le plus par le moins : un minimum de signes pour un maximum de sens…
Signes d’une saisie du présent, d’une évocation du passé, d’une méditation sur le temps qui passe, la mémoire, l’oubli, les absents et les présents, les courts vers traduisant cette pensée à la fois d’un art de vivre ancien et d’une contemporanéité plus large où le partage de sa pratique dit quelque chose de notre présence au monde, jusque dans le détail insaisissable, le passage imperceptible, l’épiphanie de l’instant saisi au vol, sa beauté, son éclat, sa saveur, les recensions de ces brefs poèmes se dégustent comme des quintessences de vie dans cette troublante relation entre finalité et finitude qui vient nourrir l’écriture sur le bord de l’effacement, dues au travail minutieux de Danièle Duteil et de son équipe : Janick Belleau, Marie Noëlle Hôpital, Pascale Senk, Monique Merabet, et ceux qui ont joint leurs contributions : Georges Chapouthier, Jean-Paul Gallmann, Philippe Macé, Philippe Quinta…
Relevons notamment l’analyse si justement développée dans ce dernier opus de Scatti di Luce / Instantanés de lumière de Marilyne Bertoncini, Alma Saporito et Francesco Gallieri qui met en exergue le travail de traduction des poèmes de l’italien au français comme du français à l’italien, double épure de la poésie à la fois italienne et française, dans le jeu de miroirs, de miroitements même où les mots en échos aux photographies de Francesco Gallien sondent tant le mystère de la création que l’énigme de la nature, à travers l’image décisive du reflet dans l’eau abolissant encore les limites de nos représentations.