À Michel BAGLIN
Tes poèmes sont ces vagues qui continuent de remuer nos plages d’existence
nos laisses d’errances notre soif inextinguible de partances
dans le creux de nos fatigues passagères
sur la crête de nos espoirs insatiables
nos immobiles voyages
portés par L’Alcool des vents*
inépuisable, inaltérable
intarissable
Des chevelures se soulèvent au souffle de tes mots ‑épis fertiles sur nos champs d’inculture,
hennissements sauvages surgis de nos crinières rebelles, alezans rétifs à suivre les circulaires de
manège…
enfants bâtards de nos chiennes d’enfances en quête encore ou nostalgiques de caresses offertes paume tendrement tendue
‑jamais main menaçante au-dessus
de nos fronts ouverts sur la tendresse intérieure ne saurait nous donner la confiance
d’un regard doux comme celui que l’on pose museau fidèle sur les frères et sœurs de lait reconnus
d’instinct, au flair, à vie-
“Les feux de naufrageurs” allumés par l’enfance, Michel, sont sentinelles ardentes des frères poètes
recouvrant de leur chaleur vacillante mais vibrante
le désespoir agité par “nos croisières d’adultes”
Aucun pavillon de complaisance ni pavois de possessions triomphantes
n’auront guidé tes convois
‑plutôt ta roulotte-cheminote
brinqueballant sur les rails du soleil
‑éclisses roues ô lueurs du voyage-
sous nos carcasses sur nos amitiés solidaires en route par la voie minoritaire
avec
pour solde de tout compte l’aventure
cette hune hissée
vers nos ciels de cocagne
essieu huilé à la force
de nos poignets francs
de nos espoirs soudés / partagés
“Je rends grâce à ma naissance qui m’a fait Noir, même si
ça ne se voit pas”, écrivais-tu. “Arabe aussi. Et Juif(…) Indien
(…)et dissident pour m’inventer des frères”
Sitting Bull écrivit dans une formule-sagesse
cette Nature que l’Homme oublie encore
ces peuples que l’Homme a décimés,
ce que l’Homme a su abîmer :
“Quand ils auront coupé
le dernier arbre
pollué le dernier ruisseau
pêché le dernier poisson
Alors ils s’apercevront que l’argent
ne se mange pas”
Écoutons, Michel, la symphonie
du Nouveau Monde
Tandis que Dvoràk
transcende les frontières de l’espace
Un poète interroge la lune
Mission Apollo 11
Neil Armstrong écoute la symphonie
du Nouveau Monde d’Antonin
Dvoràk – Y voyait-il un Indien
sur la lune ?
Entamons le Voyage Grand Tournesol,
Michel — Je fais aussi peau neuve
Je suis peau noire
Rose des vents fleur de terre
Source vive et sans frontières
Tu écris encore
intimant doucement à la rose
‑remuant le feuillage
de nos pensées rétives
de nos rêves inachevés-
de continuer
d’éclairer
nos chemins d’aube claire
nos sentes d’aubépine
Tu écris tenant tête au silence établi
écartant le rideau de l’oubli
sur nos fenêtres
de l’éternel aujourd’hui
pour qu’advienne/revienne à qui le désirera
le poème ardent
enfoui
dans le ciel ébouriffé de nos têtes
levé sous l’encre
par les oiseaux de la nuit
les oiseaux de la vie
par nos oiseaux de ligne
-Regarde, la voix de ton poème
Michel,
nous dessine déjà un arc-en-ciel…
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