Lorenzo Foltran, Naufragé dans la piscine

Par |2024-09-06T06:10:39+02:00 6 septembre 2024|Catégories : Lorenzo Foltran, Poèmes|

 

Ogni cinquan­ta metri, alla virata,
la gira­vol­ta mette sottosopra
la clessidra e reset­ta in una spinta
proposi­ti anaer­o­bi­ci e subacquei.
La brac­cia­ta col rit­mo cadenzato
segue il tem­po deciso dal­la testa
e si adat­ta, dal grave all’allegretto,
in base alla dis­tan­za del­la gara.
Ogni cinquan­ta metri, fino al bordo,
il metronomo oscil­la e giun­to al muro
il mosaico prende for­ma, lo si tocca,
ma con lo sguar­do altrove: l’al­tro lato.
L’olimpica fat­i­ca di nuotare
nel fremi­to dell’acqua di cottura.

*

Tous les cinquante mètres, au virage,
la pirou­ette met à l’envers
le sabli­er et réini­tialise d’une poussée
des pro­pos anaéro­biques et sous-marins.
La brassée avec un rythme cadencé
suit le temps décidé par la tête,
et elle s’adapte, du grave à l’allegretto,
en fonc­tion de la dis­tance de la course.
Tous les cinquante mètres, jusqu’au bord,
le métronome oscille et atteint le mur,
la mosaïque prend forme, on la touche,
mais le regard est ailleurs : de l’autre côté.
L’olympique fatigue de nager
dans le frémisse­ment de l’eau de cuisson.

 

∗∗∗

Alla deri­va, naufra­go in piscina,
il cloro esala i fumi soporiferi,
nar­co­tiz­zan­ti, droghe a poco prezzo,
che a boc­ca aper­ta inspiro quan­do emerge
in una smor­fia dall’acqua la testa.
Fino a che pos­so libero i polmoni
per tenere lo sguar­do sull’abisso.
Ma dal bor­do di mar­mo si propaga
la luce flu­o­res­cente dei fanali
che impedisce alla fos­sa di salire.
Sot­to, le orec­chie piene di silenzio
e costante il gor­goglio in superficie.
Con le onde in alto, scel­go di affondare,
avvolto dal­la mas­sa, urlo di bolle.

*

À la dérive, naufragé dans la piscine,
le chlore exhale des vapeurs soporifiques,
stupé­fi­ants, drogues bon marché,
que je respire la bouche ouverte quand
la tête sort de l’eau avec une grimace.
Tant que je peux, je libère mes poumons
pour garder les yeux sur l’abîme.
Mais du bord de mar­bre se propage
la lumière flu­o­res­cente des feux
qui empêche la fos­se de monter.
En bas, les oreilles pleines de silence
et à la sur­face un gar­gouille­ment constant.
Avec les vagues en haut, je choi­sis de couler,
envelop­pé dans la masse, cri de bulles.

∗∗∗

 

Chilometri pas­sati in acqua, in vasca.
Il cloro aneste­tiz­za la fatica,
un velo opa­co brina la vetrata.
Vago l’orario, presto, forse l’alba
o un tra­mon­to d’inverno oppure entrambi.
Il giorno dura ses­san­ta secondi.

Il bor­do, la vira­ta, un’altra vita
cam­bia la consistenza,
la sostan­za dell’acqua.

Gal­leg­gio in una mel­ma spes­sa e torbida.
Le brac­cia ai fianchi, i pal­mi chiusi a pugno.
D’un trat­to luci fred­de accese in vitro.
Come riap­par­so da un sog­no mi volto
e il crono­grafo sul­lo sfon­do segna
il tem­po: fine dell’allenamento.

*

Des kilo­mètres passés dans l’eau, dans la piscine.
Le chlore anesthésie la fatigue,
un voile opaque givre la fenêtre.
L’horaire vague, tôt, peut-être l’aube
ou un couch­er de soleil d’hiver ou les deux.
La journée dure soix­ante secondes.

Le bord, le virage, une autre vie:
la tex­ture de l’eau,
sa sub­stance change.

Je flotte dans une vase épaisse et trouble.
Bras aux hanch­es, paumes fer­mées en poings.
Soudain, des lumières froides allumées in vitro.
Comme réap­paru d’un rêve, je me retourne
et le chrono­graphe en arrière-plan marque
l’heure : fin de l’entraînement.

Présentation de l’auteur

Lorenzo Foltran

Après avoir obtenu un mas­ter 2 en langue et lit­téra­ture ital­i­enne à l’Université Roma Tre, Loren­zo Foltran s’est spé­cial­isé en man­age­ment des biens et activ­ités cul­turelles (Mas­tère spé­cial­isé — École Supérieure de Com­merce de Paris). Il a tra­vail­lé pour des impor­tantes insti­tu­tions cul­turelles comme la Mai­son des Lit­téra­tures (Fes­ti­val des Lit­téra­tures) et l’Institut français (Fes­ti­val de la fic­tion française) à Rome, et la Fête de la Gas­tronomie et le Pavil­lon de l’Eau à Paris, où actuelle­ment il habite. 

Bibliographie 

Il a pub­lié à compte d’éditeur deux recueils poé­tiques : In tas­ca la pau­ra di volare (Oèdi­pus, 2018) et Il tem­po per­so in aero­por­to (Graphe, 2021. Pré­face de Jean Por­tante). En Ital­ie et en France (auto-tra­­duc­­tion), ses poèmes ont été pub­liés dans plusieurs revues littéraires.

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