Lorenzo Foltran, Naufragé dans la piscine
Ogni cinquanta metri, alla virata,
la giravolta mette sottosopra
la clessidra e resetta in una spinta
propositi anaerobici e subacquei.
La bracciata col ritmo cadenzato
segue il tempo deciso dalla testa
e si adatta, dal grave all’allegretto,
in base alla distanza della gara.
Ogni cinquanta metri, fino al bordo,
il metronomo oscilla e giunto al muro
il mosaico prende forma, lo si tocca,
ma con lo sguardo altrove: l'altro lato.
L’olimpica fatica di nuotare
nel fremito dell’acqua di cottura.
*
Tous les cinquante mètres, au virage,
la pirouette met à l’envers
le sablier et réinitialise d’une poussée
des propos anaérobiques et sous-marins.
La brassée avec un rythme cadencé
suit le temps décidé par la tête,
et elle s’adapte, du grave à l’allegretto,
en fonction de la distance de la course.
Tous les cinquante mètres, jusqu'au bord,
le métronome oscille et atteint le mur,
la mosaïque prend forme, on la touche,
mais le regard est ailleurs : de l’autre côté.
L’olympique fatigue de nager
dans le frémissement de l’eau de cuisson.
∗∗∗
Alla deriva, naufrago in piscina,
il cloro esala i fumi soporiferi,
narcotizzanti, droghe a poco prezzo,
che a bocca aperta inspiro quando emerge
in una smorfia dall’acqua la testa.
Fino a che posso libero i polmoni
per tenere lo sguardo sull’abisso.
Ma dal bordo di marmo si propaga
la luce fluorescente dei fanali
che impedisce alla fossa di salire.
Sotto, le orecchie piene di silenzio
e costante il gorgoglio in superficie.
Con le onde in alto, scelgo di affondare,
avvolto dalla massa, urlo di bolle.
*
À la dérive, naufragé dans la piscine,
le chlore exhale des vapeurs soporifiques,
stupéfiants, drogues bon marché,
que je respire la bouche ouverte quand
la tête sort de l’eau avec une grimace.
Tant que je peux, je libère mes poumons
pour garder les yeux sur l’abîme.
Mais du bord de marbre se propage
la lumière fluorescente des feux
qui empêche la fosse de monter.
En bas, les oreilles pleines de silence
et à la surface un gargouillement constant.
Avec les vagues en haut, je choisis de couler,
enveloppé dans la masse, cri de bulles.
∗∗∗
Chilometri passati in acqua, in vasca.
Il cloro anestetizza la fatica,
un velo opaco brina la vetrata.
Vago l’orario, presto, forse l’alba
o un tramonto d’inverno oppure entrambi.
Il giorno dura sessanta secondi.
Il bordo, la virata, un’altra vita
cambia la consistenza,
la sostanza dell’acqua.
Galleggio in una melma spessa e torbida.
Le braccia ai fianchi, i palmi chiusi a pugno.
D’un tratto luci fredde accese in vitro.
Come riapparso da un sogno mi volto
e il cronografo sullo sfondo segna
il tempo: fine dell’allenamento.
*
Des kilomètres passés dans l’eau, dans la piscine.
Le chlore anesthésie la fatigue,
un voile opaque givre la fenêtre.
L’horaire vague, tôt, peut-être l’aube
ou un coucher de soleil d’hiver ou les deux.
La journée dure soixante secondes.
Le bord, le virage, une autre vie:
la texture de l’eau,
sa substance change.
Je flotte dans une vase épaisse et trouble.
Bras aux hanches, paumes fermées en poings.
Soudain, des lumières froides allumées in vitro.
Comme réapparu d’un rêve, je me retourne
et le chronographe en arrière-plan marque
l’heure : fin de l’entraînement.