Louis BERTHOLOM, Au milieu de tout
Strophes courtes, vers brefs le plus souvent, ces poèmes sont marqués par l’oralité, ils sont faits pour être dits, pour être chantés. Et ce n’est pas un hasard si Louis Bertholom est par ailleurs chanteur : il a publié une vingtaine de livres, deux CD et deux DVD.
Dès le début du recueil (quo comprend quatre parties respectivement intitulées Migrants, Ailleurs, Villes et En vrac, ce qui fait que ça a une allure un peu fourre-tout : je m’intéresserais surtout aux premiers poèmes, et, secondairement, à ceux de Villes), le ton est annoncé : « On ne revient jamais / en pays d’enfance, / la vie serait un exil / au plus profond de soi-même » (p 10). Propos renforcés par ce tercet : « Se réveiller / pour relever l’autre / dans la gratitude » (p 31). Dans ce livre de poèmes, Louis Bertholom interroge le phénomène migratoire, comme le dit la quatrième de couverture, il prend parti… Pour les migrants ! C’est écrit très simplement, sans recherches inutiles. La tonalité se fait volontiers volontariste : « S’ouvrir au divers / Pour mieux l’apprécier » (p 33). De fait, de nombreux textes ici regroupés, ont déjà été mis en musique et interprétés sur scène.
Louis Bertholom, Au milieu de tout, Editions Sauvages, collection Askell, 184 pages, 16 euros. En librairie ou sur commande : Marie-Josée CHRISTIEN 7 allée Nathalie-Lemel 29000 QUIMPER.
Le fonds est marqué par séparer le droit de circuler et envahir (la différence est de taille : les hordes nazies ont envahi la France !), revendication du droit de choisir de vivre son particularisme, présent et passé qui se mêlent… Louis Bertholom va jusqu’à proclamer (p 42) : « Qu’importe qu’on me traite de démago, / de gauchiste, de naïf, », l’essentiel est de se montrer solidaires de ceux qui manquent de tout ; solidarité contre les nantis, solidarité avec les misérables ! Je relève trop d’âmes, trop de bénédictions dans les poèmes de Louis Bertholom; mais je rachète le poème de la page 88 pour ce vers « Voyage de vie et de mort ». Le poète semble aimer tout particulièrement le terme voyage(s) qu’il reprend. Mais, page 99, il y a ce poème qui commence par ces vers : « Seul Dieu ne le sait pas / Qu’il n’existe pas ». Louis Bertholom est un citoyen du monde, il a beaucoup voyagé (Ottawa, Timisoara, Belgrade, Alençon où il ne connaît que déboires, Cordes-sur-Ciel où il participe au festival international de poésie, Krasnodar, Bruxelles ou petits villages provinciaux…
Si nous ne voulons pas être Ces obscurs qui refusent / De voir et d’admettre, il nous faut changer d’attitude : combattre aux côtés des migrants.