Alain Santacreu, L’ultime métaphore

 

poème scénique

 

Lumière.
Un drap blanc dressé à la verticale au milieu de la scène.
Le drap tombe brusquement.
Une femme nue apparaît debout.
Elle a la posture d’un joueur de boules qui pointe.
(La boule de sa main droite cache son visage,
celle de sa main gauche cache son sexe).
Elle déclame :
« Comme la lune efface
l’enfant et suce l’homme,
et avant que ne s’efface l’ultime métaphore,
j’enlève mon masque dans la nuit.»
Obscurité. Silence.
Chocs répétés de deux boules que l’on frappe l’une contre l’autre.
Silence.
Lumière.
Il n’y a plus que le drap blanc sur le sol.
On entend la voix de la femme :
« Maître Mokurai dit un jour à son disciple Toyo :
"Tu peux entendre le bruit que font deux mains qui applaudissent
mais dis-moi le bruit d’une main qui applaudit". »

Présentation de l’auteur

Alain Santacreu

La quête d’Alain Santacreu se joue depuis des années autour d’un mot : contrelittérature. Dans une postface remarquable à un recueil de ses essais, Au cœur de la talvera, Matthieu Baumier a dit de lui : « Le sait-il seulement ? Alain Santacreu est un poète. Je le sais bien moi qui ai reconnu la poésie en l’écriture née du dedans de lui » ; et, plus loin, il ajoute : « Alors, si l’écriture visible de Santacreu s’exprime apparemment en forme d’essai, l’état d’esprit qui anime mots et lettres tracés est cependant celui de la poésie. » La contrelittérature est une poétique, cela est si profondément vrai que la démarche singulière d’Alain Santacreu a parfois recours au poème… 

À lire : Alain Santacreu, Au cœur de la talvera,  (postface de Matthieu Baumier), Arma Artis, 2010.

Site de l’auteur : contrelitterature.com

Alain Santacreu

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