Machinations pour un dernier opus : FPM hors série

Jean-Claude Goiri l'a annoncé, voici le dernier numéro de FPM, revue littéraire exclusivement réservée à la création contemporaine, dont la première publication  date de 2014.

FPM, Festival Permanent des mots, est une revue de création littéraire dans laquelle les auteurs jouent avec les cadres, les tabous et les normes afin de convoquer un monde où le mot est une arme d'insurrection pour la connaissance de l'autre et de soi.

La poésie, l'art et la philosophie nous permettent une révolution intérieure radicale, une trans-formation, qui nous fait accepter ou refuser nos aliénations intimes et collectives, sans notion de bien ou de mal, simplement pour s'affirmer ou s'effacer devant l'inévitable "autrui".

Alors : Nous topographions nos territoires afin d’en abolir les frontières. Parce que rencontrer l’autre, c’est se soulever tout à fait.

Le sommaire de ce hors série papier, le dernier, propose des voix très différentes : Olivier Bastide, Tom Buron , Luigi Carotenuto, Sébastien Cochelin, Sandrine Davin, Brigitte Giraud, Alain Henri, Jacques Cauda, Jacques Sicard, Muriel Modély, Myriam OH, Pierre Rosin, Fabrice Schurmans, Jérémy Semet, Perle Vallens, Corrine Le Lepvier pour les images et les collages...

Habituellement publiée en format numérique sur Calameo, nous avions oublié l'allure incroyable de cette revue lorsqu'elle s'habille de papier, ici en noir et blanc,  format A5, imprimée sur de l'ivoire 90g. Ce dernier  numéro montre ce dont Jean-Claude Goiri est capable, lorsqu'il s'agit de créer des livres. Car les livres, chaque livre, tous les livres, toutes les publications qui portent le sceau Tarmac, sont beaux. Mais il ne s'agit pas de beauté consensuelle, mais d'une singularité remarquable.   Ils font sens, allient l'image aux pluralités sémantiques jamais figées de toutes les acceptions possibles des textes publiés. Ici, donc, comme ailleurs, cette dernière éditions de la revue FPM, Machinations, est belle de tout ceci.

"Beaux" également les nombreux textes qu'elle propose, parce que chacun, poème, prose, ou tout ceci en même temps, se distingue des autres, s'y rallie par cette seule qualité : former épaisseur, soustraire toute littéralité du substrat de la langue, et comme de petites entités uniques et ouvertes aux autres, constituer cette globalité rarement façonnée d'un fascicule où rien ne manque, et d'où rien ne pourrait être soustrait. Sans autre paratexte que la table des matières, et la page de titre de la revue, toute latitude leur est offerte pour déplier leurs univers, ponctués par les collages de Corinne Le Lepvrier.

Machinations, FPM Hors série Papier, novembre 2022, 112 pp., 12 euros.

Dispositif qui nous permet sans heurts de passer d'un imaginaire à l'autre, d'un parole à l'image, et de laisser grandir notre étonnement, voire émerveillement, face à certaines voix proposées !

Zelda Bourquin, La Nonne :

Alors chaque dimanche, moi, je fête le jour de la 
Seigneure

Au nom de la mère
De la fille
Et de la Sainte Esprit

Sous mon voile
Mes cheveux brûlent de dire
La prison verbale
Des vœux de silence
Pas seulement dans le couvent
Mais partout à l'extérieur, pour les femmes, le couvent est généralisé, partout
Et le voile, on le porte toutes
Voile poudré de chez Guerlain, pour une peau de bébé,
Voile anticellulite de chez Garnier pour une peau lisse à l'endroit des cuisses
Voile de mariée pour enfanter à coup sûr
Et dire je l'ai réussite cette vie finalement

Sébastion Cochelin, HARD NEWS 2020, L'interview (en direct !) (en duplex !) (en exclu !)

HARD NEWS...

 

[ le ministre de la cohésion du territoire et des remontées structurelles dénonce une tentative insidieuse de faire de lui un bouquet missaire ] ça ne nous gêne pas du tout non en fait le gouvernement se met juste à la page c'est le sens de l'histoire il n'y a pas de ligne rouge de franchie on est en retard c'est l'heure de la météo dans quelques instants nous reviendrons sur cette GROGNE des fonctionnaires maintenant c'est la météo avec les pompes à chaleur Loborées

JINGLE 1 / BILBOARD IN 1 / JINGLE 1 OUT / BILBOARD OUT DU IN 1 JINGLE OUT / METEO 1 AM 2 FAI 

Brigitte Giraud :

On ne sait pas dire le soleil tombé n'importe où.
Le soie a failli, petite fille !
                       Que faire de nos mots de guingois ? De nos cheveux écorchés
comme des chevaux ?

On voudrait courir.   On ne court pas.
On voudrait crier.      On ne crie pas.
Et qui viendrait,
quand l'esprit dit au corps : "Parle en mon nom. Parle haut."

 

Tom Buron, Lait de panthère (Suds) :

 

Entre l'écume et la griffe,
il s'immole l'estomac d'admettre
à cette meute de grands migrants du sablier
n'avoir pu prendre la vie de la monture agonisante
Que c'est une drôle de varappe jusqu'à l'arachnoïde 
Que chaque croix dans la nuit est universelle
et que le vautour aussi
aime le lait de panthère.

Amel Zmerli :

L'ennui, c'est un art. L'ennui n'est pas un acte. L'ennui, c'est mon beau frère avec son hamburger, plus facile à manipuler qu'une console de jeu. Ma patiente innocente aime le lait de riz et le lait de soja. Les parapluies sont de retour pour que tout ça reste au sec. Les cailloux ne sont plus ce qu'ils étaient.

Rien d'autre que le texte pour témoigner du texte, que les extraits pour rendre compte de l'ensemble.

Grande revue à laquelle il faut rendre hommage, grand Monsieur auquel il faut témoigner de notre gratitude pour ouvrir des chemins vifs et neufs à la Littérature. Machinations, FPM Hors série !