MAIS J’AI FRERES ET SŒURS
Môman tu mangeais l'herbe
des talus entre Achères et Paris
parce que j'étais dans ton ventre
et que tu avais peur de me perdre
n’ayant pas assez de lait dans tes seins de fillette
— toi qui pourtant n'avais pas désiré ma naissance—
Môman ton père t’avait chassée
parce que tu étais enceinte
—Salope ! — mais de qui Môman ?
et je gigotais : le mot est terrible gigot
quand à l'époque tu crevais de faim
Et donc tu ne savais rien Môman
que mon futur prénom donné
un prénom posé comme une couronne de roi mage
sur l'enfant de ton viol consenti par obéissance
Tout cela je ne l'ai su ou plutôt deviné
qu’après tous ces faux évangiles
dont les familles ont le secret
— ô Môman quel blues d'être né…—