MAIS S’IL SURGIT ? COMME UN VOLEUR DANS NOTRE NUIT ?
L’univers fait parfait qui sera,
qui se sera parfait,
peut bien surgir à tout instant, voire à l’instant.
Mais s’il surgit ?
comme un voleur dans notre nuit ?
Il va falloir dès notre soir nous tenir prêts à l’accueillir.
Et si… nous ne sommes pas prêts ?
Nous ne le verrons pas.
Ou si nous le voyons, nous le malentendrons, ne le comprendrons pas, nous l’emprisonnerons, nous le pervertirons : sa perversion sera notre prison
à nous, les pas encore humains, les pas encore nous.
Alors il partira,
l’univers fait parfait qui sera : l’Un divers,
lui qui ne voulait pas nous forcer,
lui qui voulait coopérer
– opérer avec nous : son imminent avènement en nous.
Il partira.
Mais nous, nous le croirons demeuré là :
nous aurons maintenu sa grimace à sa place, nous croirons qu’elle est lui, et à sa place nous aurons sa grimace.
Pour fuir le pire, faire advenir l’ère à venir,
le seul choix est le bon :
Se tenir prêt, dès maintenant, à accueillir
l’univers fait parfait qui sera
part faite tout, part enfin faite tout,
qui peut surgir à cet instant, ici et maintenant,
se tenir prêt à son accueil,
à l’accueillir, pour que lui nous accueille,
et préparés à être prêts nous l’appelons, avec sa volonté nous le cogénérons.
Mais d’ici-là
j’ai dit ce que j’ai dit,
j’ai annoncé non ce qui est, qui est sans importance,
j’ai annoncé ce qui doit être, qui est conforme à notre essence.
Ce que j’avais à dire, je nous l’ai dit : je ne peux pas nous dire plus, sauf à redire.
Je nous l’ai dit ce que j’avais à dire : je n’ai plus rien à faire là.
Mais d’ici-là,
d’ici que nous hominidés quittions nos préhistoires de débâcles,
d’ici qu’humains nous entrions dans notre histoire de miracles,
d’ici-là : C’est tant pis pour les peu qui massacrent l’âcre masse
et c’est tant pis pour l’âcre masse qui se laisse massacrer ;
c’est tant mieux pour les peu qui espèrent l’avenir qui doit venir,
c’est tant mieux pour les uns rassemblés, l’Un pluriellé, la masse malheureuse qui enfin sera heureuse.
Honteux et lâches sont tous ceux
qui n’espèrent plus rien – ou qui espèrent sans agir, sans dire :
ceux-là peuvent s’évanouir, ils ne manqueront pas, au contraire.
Courageux et glorieux sont tous ceux
qui espèrent sans attendre – qui coopèrent par leur dire, leur agir, avec le Centre
pour qu’Il génère l’avenir qui doit venir :
ceux-ci peuvent grandir, ils nous apporteront le belvédère, le nouvel air.
Moi, je ne vivrai pas le début de l’histoire
mais je l’ai vu, en l’espérant, le sachant droit.
Et maintenant
débrouillez-vous sans moi débrouillez-vous avec mes mots
et bonne chance – et surtout bonne volonté !