Marc Patin, La mémoire

2018-01-21T19:16:14+01:00

 

La nuit je pense à vous votre vis­age est devant moi au niveau des miroirs et des sables
Mère des bou­quets et des arbres mère aux mains palpables
Je vous vois vous avez des rires entre les doigts
Et dans les yeux du sang véritable

Aux épines des routes l’orage laisse des lam­pes rouges
Le ciel est une roue dans les herbes brisées
Le chemin bor­dé d’aubes pend
Comme un linge à la corde des toits patients

Dans les paniers de la riv­ière une fille nue et blanche
Glisse ses seins et ses hanches
Face à l’absence face au vide qui la tente
Une fille nue et ten­dre frise distraitement

La ver­dure de ses jambes.

 

 

                                   29 décem­bre 1943

Présentation de l’auteur

Marc Patin

Textes

Une seule pla­que­tte de poèmes a vu le jour du vivant de l’auteur : Femme mag­ique (1942). Marc Patin (1919–1944), qui a été qual­i­fié de « Rim­baud du sur­réal­isme » par Sarane Alexan­dri­an, est mort trop jeune. Son des­tin foudroyé est aus­si poignant que l’est son œuvre. Marc Patin fut mem­bre du groupe néo-dadaïste des Réver­bères, qui pub­lia une revue éponyme (cinq numéros en 1938 et 1939), des pla­que­ttes indi­vidu­elles, col­lec­tives, et organ­isa des man­i­fes­ta­tions artis­tiques. Il fut par la suite l’un des fon­da­teurs et des prin­ci­paux ani­ma­teurs du groupe de La Main à Plume (1940 à 1944). Durant l’Occupation, ce groupe (qui emprunte son titre à Rim­baud) réus­sira à per­pétuer avec intran­sigeance, résis­tance et courage, la pen­sée et les activ­ités sur­réal­istes. Marc Patin s’y affirme comme le poète le plus doué et le plus bril­lant de sa généra­tion. Son œuvre, mar­quée par la soli­tude et le malaise exis­ten­tiel, atteint des som­mets dans la quête du désir et du mer­veilleux. Son lyrisme amoureux, flu­ide et sen­suel, atteint et dépasse sou­vent celui de Paul Élu­ard (poète et ami qu’il admire). Marc Patin trou­ve la mort (d’une embolie pul­monaire) dans un hôpi­tal alle­mand, le 13 mars 1944. Le poète som­bre dans l’oubli, jusqu’à ce que Guy Cham­bel­land le réédite en 1991, et que Christophe Dauphin entre­prenne en 2003 de faire con­naître sa vie et son œuvre. Il nous laisse plus de 800 poèmes, dont les ¾ sont inédits.

Marc Patin

     Œuvres :

  • Femme Mag­ique (La Main à Plumes, 1942),
  • Quelques poèmes (Imprimerie nationale, 1945),
  • Antholo­gie (Le Pont sous l’eau, 1991),
  • Van­i­na ou l’Étrangère (Le Pont sous l’eau, 1992),
  • Les Vivants sont dehors (Les Hommes sans Epaules n°17/18, 2004),
  • Le Temps du rêve (Supérieur Incon­nu, 2008).

À con­sul­ter :

  • Guy Cham­bel­land, Le cas Patin (Le Pont sous l’eau, 1991),
  • Marc Patin et le sur­réal­isme (Les Hommes sans Epaules n°17/18, 2004),
  • Christophe Dauphin, Marc Patin, le poète de la Femme Mag­ique (Poésie 1/Vagabondages n°40, 2004),
  • Christophe Dauphin : Marc Patin, le sur­réal­isme donne tou­jours rai­son à l’Amour, essai suivi d’un large choix de poèmes (éd. Librairie-Galerie Racine, 2006, www.leshommessansepaules.com).

 

image_pdfimage_print

Sommaires

Aller en haut