Marc Patin, L’oeil à la vitre

2018-01-21T19:14:23+01:00

 

L’œil à la vit­re comme l’oiseau du passé
Je n’ai de secret que celui des pierres
Secret des femmes muettes
Je ressem­ble aux arbres du ciel
Un tur­ban de cen­dres autour de la tête
Les mains seules vivantes et fermées
Sur un tré­sor brouillé

Un peu plus tard le jour et ses couteaux d’or froids mêlent
L’herbe des forêts découpent le pain frais des pavés
Dans les cam­pagnes et dans les villes
L’homme sort d’un long désir
L’œil à la vit­re con­tre l’œil fermé
De l’été oublié.

Présentation de l’auteur

Marc Patin

Textes

Une seule pla­que­tte de poèmes a vu le jour du vivant de l’auteur : Femme mag­ique (1942). Marc Patin (1919–1944), qui a été qual­i­fié de « Rim­baud du sur­réal­isme » par Sarane Alexan­dri­an, est mort trop jeune. Son des­tin foudroyé est aus­si poignant que l’est son œuvre. Marc Patin fut mem­bre du groupe néo-dadaïste des Réver­bères, qui pub­lia une revue éponyme (cinq numéros en 1938 et 1939), des pla­que­ttes indi­vidu­elles, col­lec­tives, et organ­isa des man­i­fes­ta­tions artis­tiques. Il fut par la suite l’un des fon­da­teurs et des prin­ci­paux ani­ma­teurs du groupe de La Main à Plume (1940 à 1944). Durant l’Occupation, ce groupe (qui emprunte son titre à Rim­baud) réus­sira à per­pétuer avec intran­sigeance, résis­tance et courage, la pen­sée et les activ­ités sur­réal­istes. Marc Patin s’y affirme comme le poète le plus doué et le plus bril­lant de sa généra­tion. Son œuvre, mar­quée par la soli­tude et le malaise exis­ten­tiel, atteint des som­mets dans la quête du désir et du mer­veilleux. Son lyrisme amoureux, flu­ide et sen­suel, atteint et dépasse sou­vent celui de Paul Élu­ard (poète et ami qu’il admire). Marc Patin trou­ve la mort (d’une embolie pul­monaire) dans un hôpi­tal alle­mand, le 13 mars 1944. Le poète som­bre dans l’oubli, jusqu’à ce que Guy Cham­bel­land le réédite en 1991, et que Christophe Dauphin entre­prenne en 2003 de faire con­naître sa vie et son œuvre. Il nous laisse plus de 800 poèmes, dont les ¾ sont inédits.

Marc Patin

     Œuvres :

  • Femme Mag­ique (La Main à Plumes, 1942),
  • Quelques poèmes (Imprimerie nationale, 1945),
  • Antholo­gie (Le Pont sous l’eau, 1991),
  • Van­i­na ou l’Étrangère (Le Pont sous l’eau, 1992),
  • Les Vivants sont dehors (Les Hommes sans Epaules n°17/18, 2004),
  • Le Temps du rêve (Supérieur Incon­nu, 2008).

À con­sul­ter :

  • Guy Cham­bel­land, Le cas Patin (Le Pont sous l’eau, 1991),
  • Marc Patin et le sur­réal­isme (Les Hommes sans Epaules n°17/18, 2004),
  • Christophe Dauphin, Marc Patin, le poète de la Femme Mag­ique (Poésie 1/Vagabondages n°40, 2004),
  • Christophe Dauphin : Marc Patin, le sur­réal­isme donne tou­jours rai­son à l’Amour, essai suivi d’un large choix de poèmes (éd. Librairie-Galerie Racine, 2006, www.leshommessansepaules.com).

 

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