Mari Kashiwagi : Papillon (extrait)
Le manuscrit de Mari Kashiwagi m’est arrivé par la traductrice italienne de la poète, qui avait travaillé en lien étroit avec elle à partir de la version anglaise, établie par Mari et son traducteur, Takato Lento, et incluse dans la publication originale.
J’ai suivi d’abord la leçon de la version anglaise, puis me suis confrontée à celle de Lucilla Trapazzo, avec qui j’ai échangé en cours de travail – Mari Kashiwagi laissant carte blanche pour cette traduction, qui est une adaptation d’une langue que je ne parle pas. Les poèmes choisis pour son livre l’ont été parmi plusieurs centaines – l’autrice est passionnée de nature et de papillons en particulier. Le recueil retrace le cycle de la vie éphémère du lépidoptère, avec légéreté, « mine de rien » et cette touche « métaphysique » qui caractérise la poésie japonaise telle qu’on la connaît en Europe à travers les haïkus et ces poèmes aimés de Claudel, qu’on peignait sur les éventails – objet aérien lui aussi. Ici, ce sont de très brefs poèmes également, aux teintes délicates et fragiles comme les ailes transparentes de ces êtres aériens qui sont un pont entre la matière et le ciel…
Marilyne Bertoncini
un papillon
aube
prête à glisser hors de la nuit
Beauté impondérable
un papillon
Quand un papillon
donne au matin
son équilibre
ses ailes
débordent
Ce matin-là
Papillon fut simplement
offerte
à ce qui n’est pas papillon
surgissement
Ailes
s’ouvrant à l’aurore
l’air libre est
musique
Papillon
comme la musique
il faut encore
découvrir
ce qui
suivra
La joie de Papillon
l’accompagne
palpitante
Drapée de ses ailes
pour la première fois
elle rêve
en papillon
Epanouie
saisie de sa délicatesse
Papillon est