Le trio gagnant des années cinquante (Seghers, Paulhan, Breton) révéla Marianne van Hirtum, qui adhéra officiellement au surréalisme.
Le titre du volume rend bien compte de la fulgurance des images de cette poète belge, que cette édition fait bien de mettre en valeur car on a eu le temps de l’oublier, elle est décédée en 1988.
Les titres des ouvrages parus chez Rougerie résonnent de l’écriture surréaliste, chère à Dumont, à Chavée : « La nuit mathématique », « Les balançoires d’Euclide » ou « Le trépied des algèbres ».
Le lecteur trouvera dans le présent volume, riche et fécond, l’écriture étonnante, avec ses inventives images qui donnent relief à une pensée, fantaisiste, mordante, intense.
L’univers est à la fois étrange (« On étrangle de jeunes enfants dans mon sommeil »), perclus d’interrogations fantasques et justes, fort d’une réflexion sur la vie :
Aller dans la vigueur de la nuit
s’accrochant aux hampes des enfants-navires :
le cerne des yeux s’agrandit d’ombre blanche
alors que sans mesure, sauvage,
la bête aveugle pose sa tête au nord du lit.
(p.43)
Marianne van Hirtum, La vie fulgurante, L’arbre de Diane, 2022, 92p., 12 euros.
L’enfance, en fragments oniriques, dévoile ici ses prestiges, ses préséances, « les épines de l’aube », « aux bancs de l’école », « à chaque poupée nouvelle il meurt un enfant » « vierge/ sous la pourriture aigüe des jardins ». « Les chambres de l’esprit » sont aussi au coeur de l’enfance, comme portée par « des épaules de granit » ou des « ailes de moulin barbare ».
Une science onirique et profonde instille en ces poèmes le mystère des « cygnes sauvages », des forêts profondes. Pas de logique ordinaire ici mais « mon petit crâne/ fermé à clé/ je fis mon chemin » : apologue d’une poésie qui désempare et nourrit son lecteur. Cette vie, transposée en poésie, puisque pour elle « le surréalisme est la vie même », mêle secrets, fantasmes, récits, rêves « à la recherche de la paix nomade » ; « les mots ont fait famille dans ma bouche ». Rempli d’animaux créés de toutes pièces, à l’image du « Cheval-arquebuse », ce beau livre nous plonge dans les rêveries d’une enfance revisitée, sensible à « la roue du temps » qui place sur la route de la poète « un grand animal de laine/ monté sur ses béquilles ».
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