Marie Allègre, Le Nom-Dit et autres poèmes

Par |2020-03-06T11:52:50+01:00 6 mars 2020|Catégories : Marie Allègre, Poèmes|

Le Nom-Dit

Quand cela ne s’appelle pas
Ne s’appelle rien

 Tiny ten­der shells of a look, of a touch,
Of a kiss
Glit­ter­ing nuts of a possibility
Sparkles of a shiv­er­ing hope1

Tes flèch­es
Cer­cles d’azur glacé
Rieur pourtant
Ces deux puits de ciel froid
Comme un orage brûlant grondant
Dessous le front
Voilà qui m’arrête le cœur

Ton cou est un poème
Tu me fais comme du velours couleur blé
Au fond du ventre

Insouten­able pointe de la plus belle des teintes
Défer­lement de bleu floutant tous tes contours
Tu me perces les yeux
Ta chaleur me dissout

Tu me fais craindre
Ce que je connaissais
Et l’ordinaire n’est plus

L’empreinte de toi dans l’air
Ombre à portée de nez
Cru­elle messagère
Avant coureuse acmé

Mais quand tu cèdes enfin tout con­tre moi tremblant
Tout est encore possible

 

 

Éden

L’Éden de tes bras et de tes mains
Ton corps est mon jardin

Je m’abreuve à ta voix
Me nour­ris de ta peau

Et jamais rien n’égale
Un instant de tes yeux

Il me faut te le dire
Je m’y noie à loisir
A dessein

Le dessin de ta bouche
Mir­a­cle de douceur
Quand tu la poses
Sur le brasi­er de mon ventre

Je n’ai jamais ou presque
Lu deux fois le même livre
Mais je pourrais
Te méditer
Jusqu’à l’épuisement

Le goût de ta présence 
Le par­fum de tes mots
En t’attendant mon cœur
Ô ma jolie crevure
Je me régalerai
Du son de ton absence

 

 

Tem­pête

Il y a de la pluie et de l’orage dans tes yeux quand tu m’embrasses.

Deux iris de lumière grise
Nec­tar de nuage guerrier
Éclair abrasif et dardé
Tombent
Sur la terre mouil­lée des miennes
Qui te boivent et s’abîment

Je sens que je vais aimer tes tempêtes.

 

Crois­sant de toi

Couchée con­tre ton dos
Je passe ma main sur toi

Chaque élan de mes doigts
Te dit je t’aime

Je fais couler ma langue entre tes deux épaules
Au creux de la colonne
Au gré de ma folie

Tu es vaste
Mon miracle
Et je t’explore

Ma forêt de peau tendre
Ma mon­tagne bénie
Fleuve d’amour
Courant de force
Tu tiens de l’infini

 

 

Voile Acté

Attends que le som­meil te recou­vre de son voile sombre
Qu’il t’enveloppe de son étreinte ras­sur­ante et calme
Que la nuit t’isole de la terre où les soucis t’accablent
Qu’elle t’emporte vers mille et un ciels
Que des rêves veloutés t’entourent de leur ronde joyeuse
Que le doux réveil lève la cape fon­cée du sommeil
Et que le jour écarte la robe mys­térieuse de la nuit
Pour envahir tes yeux de la beauté du monde

 

 

Note

1 — Minus­cules coquilles tendres
     Regards, gestes, baisers
     Coquil­lages scin­til­lants de possibles
     Eclats d’espoir tremblants

 

Présentation de l’auteur

Marie Allègre

Marie Allè­gre est doc­teure en lit­téra­ture anglo­phone et vie à Portsmouth, au Roy­aume-Uni. Elle tra­vaille actuelle­ment sur plusieurs arti­cles et chapitres tirés de sa thèse sur les récep­tions psy­ch­an­a­ly­tiques de l’autrice et penseuse bri­tan­nique Vir­ginia Woolf, des années 1980 à nos jours. Elle écrit des poèmes ain­si que des textes auto­bi­ographiques proches de l’auto-théorie, en français et en anglais, dont cer­tains sont partagés sur sa page Instagram.

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