Marie Allègre, Le Nom-Dit et autres poèmes

Le Nom-Dit

Quand cela ne s’appelle pas
Ne s’appelle rien

 Tiny tender shells of a look, of a touch,
Of a kiss
Glittering nuts of a possibility
Sparkles of a shivering hope1

Tes flèches
Cercles d’azur glacé
Rieur pourtant
Ces deux puits de ciel froid
Comme un orage brûlant grondant
Dessous le front
Voilà qui m’arrête le cœur

Ton cou est un poème
Tu me fais comme du velours couleur blé
Au fond du ventre

Insoutenable pointe de la plus belle des teintes
Déferlement de bleu floutant tous tes contours
Tu me perces les yeux
Ta chaleur me dissout

Tu me fais craindre
Ce que je connaissais
Et l’ordinaire n’est plus

L’empreinte de toi dans l’air
Ombre à portée de nez
Cruelle messagère
Avant coureuse acmé

Mais quand tu cèdes enfin tout contre moi tremblant
Tout est encore possible

 

 

Éden

L’Éden de tes bras et de tes mains
Ton corps est mon jardin

Je m’abreuve à ta voix
Me nourris de ta peau

Et jamais rien n’égale
Un instant de tes yeux

Il me faut te le dire
Je m’y noie à loisir
A dessein

Le dessin de ta bouche
Miracle de douceur
Quand tu la poses
Sur le brasier de mon ventre

Je n’ai jamais ou presque
Lu deux fois le même livre
Mais je pourrais
Te méditer
Jusqu’à l’épuisement

Le goût de ta présence 
Le parfum de tes mots
En t’attendant mon cœur
Ô ma jolie crevure
Je me régalerai
Du son de ton absence

 

 

Tempête

Il y a de la pluie et de l’orage dans tes yeux quand tu m’embrasses.

Deux iris de lumière grise
Nectar de nuage guerrier
Éclair abrasif et dardé
Tombent
Sur la terre mouillée des miennes
Qui te boivent et s’abîment

Je sens que je vais aimer tes tempêtes.

 

Croissant de toi

Couchée contre ton dos
Je passe ma main sur toi

Chaque élan de mes doigts
Te dit je t’aime

Je fais couler ma langue entre tes deux épaules
Au creux de la colonne
Au gré de ma folie

Tu es vaste
Mon miracle
Et je t’explore

Ma forêt de peau tendre
Ma montagne bénie
Fleuve d’amour
Courant de force
Tu tiens de l’infini

 

 

Voile Acté

Attends que le sommeil te recouvre de son voile sombre
Qu’il t’enveloppe de son étreinte rassurante et calme
Que la nuit t’isole de la terre où les soucis t’accablent
Qu’elle t’emporte vers mille et un ciels
Que des rêves veloutés t’entourent de leur ronde joyeuse
Que le doux réveil lève la cape foncée du sommeil
Et que le jour écarte la robe mystérieuse de la nuit
Pour envahir tes yeux de la beauté du monde

 

 

Note

1 - Minuscules coquilles tendres
     Regards, gestes, baisers
     Coquillages scintillants de possibles
     Eclats d’espoir tremblants

 

Présentation de l’auteur

Marie Allègre

Marie Allègre est docteure en littérature anglophone et vie à Portsmouth, au Royaume-Uni. Elle travaille actuellement sur plusieurs articles et chapitres tirés de sa thèse sur les réceptions psychanalytiques de l’autrice et penseuse britannique Virginia Woolf, des années 1980 à nos jours. Elle écrit des poèmes ainsi que des textes autobiographiques proches de l’auto-théorie, en français et en anglais, dont certains sont partagés sur sa page Instagram.

Autres lectures