Marie-Claire Bancquart, De l’improbable précédé de MO®T
Un livre ultime, rendu possible par la fidélité de son entourage à son œuvre. Marie-Claire Bancquart nous livre une belle méditation poétique sur le « somptueux mystère de la mort » et sur son « afflux d’interrogations ». Textes écrits dans « l’enclos de la maladie », dans la « violente solitude » et dans l’expérience d’une souffrance qui fut pour elle fondatrice. « Et toi douleur/tu t’obstines/dans les côtes, les poignets/qui seront inertes après notre mort ».
Marie-Claire Bancquart est décédée en février 2019 à l’âge de 87 ans. De l’improbable réunit des textes inédits de l’auteure, pour la plupart écrits dans la période de rémission partielle de sa maladie et recueillis par le musicien Alain Bancquart, le compagnon de toute sa vie. Marie-Claire Bancquart, qui a connu la maladie dès son plus jeune âge, a néanmoins pu mener une vie de professeur de littérature française et entamer une vie d’écrivain en commençant par le roman puis en le poursuivant par la poésie. Son œuvre est entrée dans la collection Poésie-Gallimard sous la forme d’une anthologie intitulée Terre énergumène.
Claire Bancquart, De l’improbable précédé de MO(R)T, Arfuyen, 98 pages, 12 euros.
Dans ses derniers textes, publiés aujourd’hui, elle nous dit : « Oui, belle la vie ». Et s’empresse d’ajouter que cette vie « exige d’être calcinée, bercée, tournée vers la plus petite des herbes, comme vers une existence immense, embellie ». Ah ! Les herbes dont elle vante la « musique imperceptible ». Elles parcourent son livre. Marie-Claire Bancquart se penche vers elles comme si elle y trouvait un ultime secours. A moins qu’à travers les herbes elle ne nous parle, d’abord, de notre fragilité foncière. « D’ossature en ossements, se creuse toute une vie, jusqu’à l’herbe qu’on partage avec l’oiseau mort ». Ailleurs elle s’interroge : « Pourquoi est-ce que je vous aime/particulièrement/racines et mauvaises herbes »… Sans doute, comme l’a dit le poète Richard Rognet, « l’herbe a la grâce du temps qui passe avec/l’innocence du silence ou la patience/de l’espoir » (Poésie-Gallimard)
Marie-Claire Bancquart ne nous parle pas d’un au-delà de la mort. Elle attend sa réunion avec la terre « dans l’indistinction » pour se reconnaître « comme éléments du presque rien/désormais complices ». Quant à Dieu, « cet inconnu », il « pourrait être l’arbre du jardin/ou tel nuage/traversé d’oiseaux ». Elle en donne une autre définition qui ne manque pas de force. « N’est-il pas le nom le plus connu, le plus probable, donné à nos désirs ? »