Marie-Clotilde Roose, En minuscules
Il s'est passé quelque chose, de l'ordre de la louange ou de la prière, ou du poème, bien sûr. Quelque chose qui déborde de l'ordinaire, le temps d'un confinement, quand le coeur se pose et se parle à voix murmurante, dans le silence imposé aux autres, recueilli en soi. Le temps, minuscule, pour un être humble, s'est ouvert, et la parole poétique a pu naître, pure, caresse, hommage et transparence.
S'adressant à l'Autre, au Dieu, le poème tend à la simplicité d'un acte de vie ; s'abstenant "de grands mots", la poète frôle la grâce dans une acceptation où "la clé est le oui".
Les louanges qu'ose le poème circonscrivent un "long chemin", tissé de "morts", de "peines" et un désir de transparence :
"que ta force tranquille m'abrite, me pose" (p.32)
Les 52 poèmes, en distiques maîtrisés, le plus souvent (quelques tercets aussi), signent un parcours vivifiant d'une parole que les circonstances ont aggravée, comme on le dit d'une voix.
Un beau livre de patience et d'empathie, que la juste postface de Lucien Noullez éclaire des rayons de la spiritualité.

Marie-Clotilde Roose, En minuscules, Taillis pré, 2023, 84 p., postface de Lucien Noullez. 14 euros.